PortalConnexion
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27990
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionRépondre aux invocations (Saerys) (Abandonné) EmptyRépondre aux invocations (Saerys) (Abandonné)

more_horiz
(Essence rouge, rang Or 1)

Il était en vérité extrêmement rare qu’il prenne le temps de converser, et plus encore avec des civils. Avant même de se trouver déporté sur la surface indigne de ce monde, il avait toujours nourri pour ceux qui refusaient l’appel des armes une méfiance profonde. Des manipulateurs de pièces, pensait-il. Des couards qui refusaient l’appel des divins, qui se satisfaisaient de voir leurs noms oubliés des pages glorieuses des épopées. Certes, les ressortissants de Portalia avaient une excuse, au moins concernant leur relation avec les divins. Ce monde ne profitait pas de leur radieuse présence. Mais il avait fait une exception devant l’insistance de la jeune femme. Cette dernière, malgré l’évidente crainte que lui inspirait son visage parcouru de cicatrices, tout comme les parties de son corps que sa toge dévoilait, s’était décidée à l’approcher. Contenant les tremblements de ses mains, discrets mais évidents pour l’œil intérieur d’Hypanatoi, elle avait entamé la conversation, la voix hésitante et mal assurée. Elle s’était présentée, et devant son manque de réaction était restée silencieuse quelques instants, attendant d’abord une réponse de sa part, puis cherchant ses mots lorsqu’elle comprit que cette dernière ne viendrait pas. Elle lui avait parlé de son frère, et il avait failli l’interrompre en lui expliquant que c’était un sujet dont il n’avait cure, jusqu’à ce qu’elle lui demande si ce dernier allait comme le combattant finir le corps couvert de cicatrices.

Hypanatoi, malgré son assurance habituelle, était d’abord à son tour resté silencieux. C’était sans doute bien la première fois qu’on lui posait cette question, et il comprenait maintenant la cause réelle du trouble de sa nouvelle interlocutrice. Il savait aussi que la plupart des gens qui hantaient cette ville avaient un rapport au corps bien différent du sien, et qu’ils considéraient pour la plupart les marques que laissaient sur sa peau la vie d’un combattant comme quelque chose de négatif et de laid. Lui-même, malgré tous ses efforts, ne parvenaient pas à comprendre pourquoi, et il avait rapidement décidé qu’il avait mieux à faire que de se pencher sur le sujet désorientant de leurs curieuses coutumes. Se reprenant, il finit par trouver le moyen de lui formuler une réponse. Cette dernière, plus monosyllabique que laconique, jaillit de sa bouche comme le claquement d’une lanière de cuir :

« Oui. »

Il était sur le point de reprendre son chemin, quand cette dernière continua à le fatiguer, reprenant la conversation. La gêne de la jeune femme se traduisit en une logorrhée rapide et pesante, et elle lui parla de son frère et de sa quête et de son épée. Le combattant l’écouta d’un air distrait, trouvant ses propos bien étranges. Si elle lui semblait sincère, il n’était d’un part pas certain de l’intérêt que tout cela pouvait revêtir pour lui, et d’autre part trouvait excessivement curieux qu’une lignée capable de produire une femme aussi dissipée et mal assurée que celle-ci puisse dans le temps engendrer un être aussi vertueux que celui dont on était en train de lui faire la description. Il ne doutait aucunement que le tableau bénéficie de quelques coups hyperboliques de pinceaux, l’affection familiale colorant sans nul doute le regard de la peintre de teintes flatteuses, mais tout de même. S’il existait dans son discours ne serait-ce que la première once de vérité, alors l’homme dont elle parlait était sans le moindre doute un paragon plus que respectable. Que l’on puisse ainsi tant sacrifier et entreprendre pour l’honneur de sa famille était on peut plus méritant, et si ce spectacle avait un temps été commun pour lui, ce n’était plus le cas aujourd’hui.

« Mène-moi à lui, que je fasse sa rencontre et profite de sa présence, fit-il aussitôt que la jeune femme marqua dans sa diatribe une pause pour respirer. »

Cette dernière opina rapidement du chef, ses paupières se soulevant pour dévoiler les orbes incrédules de ses yeux. Elle semblait visiblement espérer ce dénouement, bien que le paragoï ne soit pas certain de la raison qui la motivait. De la même manière qu’il avait refusé de devenir fou en tentant de percer les raisons de leur visions distordues de leurs propres enveloppes corporelles, il était bien trop avisé pour s’embarrasser de la même manière en cherchant à révéler les motivations qui occupaient un esprit aussi étrange. Il se laissa donc mener au travers des rues tentaculaires de la métropole, jusqu’à un endroit somme toute bien plus modeste que ce à quoi il s’était attendu. La jeune femme avait dans sa confusion oubliée de lui donner son nom, mais avait à de nombreuses reprises répété celui de Saerys Luceri (son patronyme lui faisait penser à ceux des rivaux héréditaires de son peuple, ce qui au final n’était pas pour lui déplaire), jusqu’à ce que l’aventurier ait l’impression de l’avoir toujours connu. Elle ouvrit la porte d’entrée de leur logement, les menant dans un couloir rongé par des ombres grises, au travers d’une pièce sommairement entretenue.

Enfin, il vit la personne tant espérée. Un garçon, à peine un homme. Peu d’années devaient en réalité les séparer, mais il vit rapidement que ce dernier n’avait pas simplement bénéficié d’un portrait avantageux, mais bien d’une description mensongère. Il avait imaginé se tenir face à un géant d’airain et d’acier, au visage adéquatement sévère et à l’allure guerrière. Il se retint de froncer les sourcils, restant à la place totalement impassible, ne sachant maintenant que dire qui ne puisse troubler l'humeur du foyer de ses hôtes.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Dim 27 Fév - 10:33, édité 2 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionRépondre aux invocations (Saerys) (Abandonné) EmptyRe: Répondre aux invocations (Saerys) (Abandonné)

more_horiz
Il y a de très nombreuses choses qui me perturbent chez ma sœur, c'était un être étrange doté de très nombreux paradoxes. Tout d'abord une jeune femme que tout rendait extatique, tout et la peur également, bien que justement elle ait peur de tout, des petites choses jusqu'aux plus impressionnantes que cette terre puisse porte. Mais elle aimait se trouver à leur voisinage direct. Je l'avais déjà vu jouer à avancer le plus près possible du feu lorsqu'elle était enfant, elle s'approchait aussi de chiens de combats aux muscles saillants, enragés et les babines salivantes et leur tendait sa petite main aux doigts tremblants, si près qu'ils auraient pu la dévorer vivante. Je lui avais prédit qu'un jour elle perdrait son bras à force d'en faire un usage aussi désinvolte. J'essayais le plus souvent de la protéger de ses pulsions contraire à l'instinct humain de conservation, la retenant lorsqu'elle se penchait du haut d'un pont, sur la pointe de ses orteils comme si elle voulait escalader la rambarde glissante et branlante. Ce jour là j'ai bien cru qu'elle allait se jeter dans les tumultueuses eaux du fleuve, qu'elle allait être attirée au centre d'un tourbillon qui vorace qui lui ferait cracher tout le souffle de vie que pouvait contenir ses poumons. Juste après, et à chacun de ses petites expéditions aux portes de l'autre monde, elle s'était mise à rire, d'un rire étrange, nerveux qui secouait ses épaules, à moins que ce ne soit quelques tremblements. Puis envolée toute crainte, ses exclamations semblaient ensuite parfaitement sincères et emprunte d'une sorte de plaisir inattendu. Sarine soufflait ensuite sur ses cheveux dorés qui me cachaient ses joues brûlantes et parfois elle posait une main sur son cœur comme pour retenir le dernier battement effréné, qui lui rappellerait son aventure.

Seulement si j'ai cru que ça lui passerait avec le temps, je m'étais diablement trompé, plus que jamais et je suis déjà à la tête d'une très longue liste d'erreurs. Maintenant elle ignorait toute notion d'auto-préservation et s'adressait aux inconnus qui parcouraient son chemin et qui avaient l'honneur d'attirer son attention. Sans demi-mesure, elle exprimait tout ce qui se déroulait dans son esprit, tout les questionnements, les espoirs et les craintes qui l'assaillaient et bien-sûr tout ce qu'elle pouvait penser du pauvre inconnu en question. Cela pouvait paraître étonnamment déroutant pour ceux qui ne la connaissent pas, mais c'était ainsi qu'elle évacuait tout le surplus de pensées parasites qui s'accumulaient encore et encore dans son esprit. J'ai toujours eu la sensation qu'elle avait besoin de laisser s'envoler bien des croyances de crainte qu'elles se mêlent les unes aux autres et deviennent les nouvelles appendices d'un monstre trop petit pour la menacer. Seulement si elle avait le malheur de garder pour elle les malédictions qu'elle prédisait pour notre futur, elles reviendraient l'assaillir au beau milieu de la nuit, la clouant à l'autel de la vérité, plus atroce que tous les feux allumés, les chiens enragés et tous les fleuves possédés. Plus elle en parlait, moins elles avaient de réelle consistance, elles se changeaient en une flamme qui plus elle monte, plus elle s'affine et vacille. Sarine finissait par considérer ses craintes comme purement ridicules, infondées et je l'encourageais dans ce sens là.

Connaissant sa proportion aux ennuis en tout genre, j'avais bien prévu qu'un jour elle nous amènerait ici un étranger quelconque qu'elle avait rencontré quelque part et qu'elle avait pris en pitié. Bien-sûr, elle parlait à tout le monde sans distinction aucune, elle marchait dans la rue, ses yeux dansant ici et là sur les façades et les visages comme si elle le monde entier lui devait quelque chose. Je lui ai pourtant dit que les bas-fonds de la ville ne sont pas un endroit ou il est sans risque d'avoir ce genre de comportements, elle semblait de mon avis mais ne voulait pas non plus changer. Elle était restée Sarine Luceri, la fille d'un riche marchand qui pensait qu'elle pouvait faire l'aumône à l'univers. Et dans son infinie et stupide bonté, elle pensait qu'il y avait de l'intérêt partout autour d'elle, que chaque Homme a une histoire à raconter et je vous passe bien de ses autres propos les plus puérils. Oh oui, elle a raison, tout le monde a son histoire, mais il ne faut pas toutes les entendre, certaines vous font perdre votre temps et d'autres vous glacent le sang. Alors bien-sûr, j'ai longtemps été persuadé qu'elle nous amènerait un mendiant qui ne parle pas la langue, plus pauvre que nous si c'est possible, qu'elle le tiendrait par la manche comme un enfant et qu'elle le poserait dans notre piètre salon comme un bibelot venant décorer sa propre vertu.

Mais ça, je dois bien vous l'avouer que je ne m'y attendais pas, alors bien évidement, je fus bien peu spirituel durant les premières secondes ou un homme avoisinant les deux mètres, lourdement vêtu d'une armure sûrement capable de le défendre avant même qu'il soit attaqué. Son visage était couturé de cicatrices, deux grandes balafres traversait ses yeux et je me mis à espérer qu'il ne pouvait pas voir mon air interloqué et mon sourcil haussé.

_Bonjour, monsieur ... ? avançais-je d'une voix quelque peu hésitante.

Seulement Sarine, elle, n'était pas aussi troublée que moi, bien sûr que non puisque c'était là son invité mystère. Et ledit invité mystère fut quelque peu malmené puisque plutôt que lui indiquer un fauteuil ou s'asseoir, elle l'y mena sans qu'il puisse dire quoique ce soit. Oh je connaissais cette attitude, ses prunelles brillantes et ses sourires qui lui dévoraient les joues, son pas sautillant et ses gestes grandiloquents. C'est très exactement le comportement qu'elle a lorsqu'elle reçoit un cadeau dont elle se délecte avec un plaisir non feint, le comportement des victoires et des triomphes. Je sais que par le plus grand des hasards, si un jour ma sœur est couronnée reine de cette maudite ville, elle ira chercher son sceptre avec cette expression là.

_Voici mon frère, Saerys, l'aventurier dont je vous ai parlé, poursuivit-elle en me présentant comme une statue dans un musée, le dos droit, le bras tendu, les prunelles fixées sur notre invité et aussi une sorte de petit avertissement qui troublait ses traits.

Ce dernier m'était entièrement adressé, et il voulait dire quelque chose comme ; Regarde ce que je t'ai amené, j'espère que tu en seras digne, dis-lui qui tu es, raconte lui exactement tout ce que tu m'as raconté et prouve lui que j'ai bien fait de le ramener ici et de troubler la quiétude de sa journée. Elle ne dirait pas la fin de cette phrase, parfois elle ne se rend pas compte que les gens qui l'entourent peuvent avoir d'autres choses à faire que de répondre à ses désirs. Mais je ne pouvais nier qu'il n'y avait pas de vice dans ses actes, elle avait une foi phénoménale en ses propres espoirs. Elle se persuadait que les désirs qu'elle avait formulé ne pouvaient se dissocier de la réalité, que quelque part, quelque chose se souciait que son sommeil ne sois jamais troublé et que tout ce qui fut perdu soit un jour rendu et que tout à une raison supérieure et merveilleuse, que le monde fonctionne selon un ordre précis qui ne peut pas lui être défavorable. Je suppose que l'on a tous besoin de ses croyances, je suis personnellement bien plus cynique, mais comme je ne vois pas l'intérêt de détruire les dieux d'argile de ses châteaux de sable, je peut bien faire quelques efforts.

_Aspirant aventurier seulement, ma sœur ne vous a pas menti mais il se peut qu'elle ait légèrement exagéré. Seulement j'aimerais sincèrement être un véritable aventurier. Je sais que le peu de choses que j'ai fait ne peuvent me faire accéder à ce rang mais je sais aussi que je peux faire bien plus, avançais-je d'un ton qui se voulait déterminé accompagné d'un léger sourire.

Un peu d'humilité, un peu d'orgueil, une vérité pour deux mensonges. Je suppose que cela contente tout le monde ?
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27990
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionRépondre aux invocations (Saerys) (Abandonné) EmptyRe: Répondre aux invocations (Saerys) (Abandonné)

more_horiz
Le jeune homme s’exprima, et sa voix fut à la hauteur de ses espérances par avances déçues. Il maniait un langage double, se parant d’une auréole d’humilité qu’Hypanatoi, même lorsqu’elle était sincère, avait toujours trouvé suspecte, pour dans la respiration qui la suivait louer son potentiel et la certitude de son bras. Si cette créature avait été un de ses disciples, il l’aurait immédiatement giflé avant de la faire courir une centaine de tour de stade, nue et les joues colorées par la honte. Il parlait d’envie, et son discours était vierge de toute mention de devoir. Il parlait d’assurance et de son potentiel, mais n’évoquait aucun élément qui puisse transformer ces vantardises en quelque chose de concret. Pire que cela, il respirait la faiblesse et l’indolence, comme peu de personnes sur ce monde pourtant empli de larves paresseuses pouvaient prétendre le faire. Son échine n’était pas assez droite, et son regard de belette lui paressait fuyant et fourbe. Le contour de ses lèvres suivait un angle détestable, et ses paupières trop closes. Il manquait de maintien, et c’était d’autant plus irritant qu’il était facile de lire sur son visage les restes d’une ascendance noble. Une ascendance déclinante, mourante, même, puisqu’elle avait pu produire ces deux spécimens, mais noble tout de même, ou qui l’avait été autrefois.

Il avait tout de même accepté de se laisser guider jusqu’à un fauteuil branlant, priant pour que ce dernier soutienne son poids. Même hors de son armure, il savait que son anatomie surnaturelle le rendait particulièrement massif, et il n’était pas rare que les pièces de mobilier les plus modestes peinent à l’accommoder dans les meilleures conditions. Ce ne fut heureusement pas le cas ici, et malgré un discret couinement de protestation, son nouveau siège supporta bravement son auguste fessier. Posant ses coudes sur les accoudoirs, il se demanda ce à quoi il assistait. S’il ne lui semblait pas étrange que la jeune femme – qui avait clairement dans cette maison une position subalterne – reste debout, il lui semblait déjà plus étonnant que son nouvel interlocuteur garde cette position, après s’être présenté presque en se justifiant, comme s’il savait d’avance qu’il ne pouvait être qu’une déception. Faiblesse de l’esprit. Faiblesse de la volonté. Que ses excuses soient aussi travaillées indiquait qu’il avait passé plus de temps à les polir qu’à se polir lui-même. L’aventurier en était à se questionner sur la manière la plus rapide de mettre fin à leur entretien, quand une idée lumineuse vint éclairer son esprit. Après tout, Saerys semblait très attaché à l’image qu’il renvoyait, et c’était sans doute là l’occasion d’une petite plaisanterie pratique. Hypanatoi avait certes toujours eu, même dans son monde d’origine, la réputation d’un être taciturne et sévère, plus préoccupé par le succès de ses plans et la satisfaction de son ambition dévorante que par grand-chose d’autre, mais cela ne voulait pas dire qu’il était totalement dénué de sens de l’humour.

Il avait simplement du mal à trouver les plaisanteries inconséquentes particulièrement drôles, préférant de loin les traquenards un peu plus élaborés. Il se souvenait encore de manière vivide du visage horrifié du prêtre qui avait refusé de le bénir, soi-disant parce qu’il avait réduit sa progéniture en esclavage. Voulant le punir pour son manque de professionnalisme, il avait également eu le privilège d’entendre sa voix monter en volume et dans les aigus jusqu’à rivaliser avec celles des castrats les plus prestigieux. Ce souvenir délicieux adoucissant grandement son humeur, il retint l’envie d’expirer par les narines qui le prit, et maintint son masque impassible.

« Je comprends. C’est toujours quelque chose de pesant que d’être à la hauteur de sa réputation, surtout quand la votre est aussi brillante. Mais vôtre sœur m’a mené jusqu’à vous pour que j’en profite, et je serais un goujat si je ne lui donnais pas satisfaction. Sans doute serait-il bon lorsque vous en aurez le temps que nous allions ensemble au camp d’entrainement, pour échanger et parfaire nos techniques respectives ? Je suis certain que vous pourriez m’en apprendre beaucoup. »

Entremêlant ses larges doigts, il les posa sur le haut de son ventre, attendant impatiemment une réponse du jeune homme. Il voulait voir qui était ce dernier, et il estimait avoir mérité de s’amuser un peu ici, puisqu’on avait jugé bon de perturber son emploi du temps, et qu’on le menait où l’on voulait comme un animal exotique. Et qui sait, sans doute y aurait-il beaucoup à tirer de Saerys, avant que ce dernier ne soit totalement asséché et ne se révèle enfin inexploitable.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Dim 6 Fév - 5:19, édité 1 fois
000Mots

Bronze
0 Pts
avatar

descriptionRépondre aux invocations (Saerys) (Abandonné) EmptyRe: Répondre aux invocations (Saerys) (Abandonné)

more_horiz
Il y avait presque quelque chose de comique dans la mise de l’autre homme, dans sa façon de se tenir si droit qu’il ressemblait à un mannequin de combat, le regard si franc qu’il en insultait le concept même de subtilité. D’une carrure si imposante qu’elle en jurait avec notre mobilier. Ce dernier, je vous l’accorde, n’était pas d’un raffinement extrême, mais la présence de l’aventurier lui donnait un certain cachet. Tout semblait si fin et fragile comparé à cet homme qui de mon avis devait être un excellent magicien, puisqu’il changeait la plus pathétique masure en palais de cristal. Seulement le fait que ledit palais soit le mien brida instantanément le charme de la moquerie. Je ne comprenais toujours pas le pourquoi de la présence de l’inconnu, qui ne s’était toujours pas présenté. D’autant plus qu’il avait l’air de ne pas être plus informé que moi.

Mais si l’aventurier ne désirait pas nous faire l’honneur de faire montre de la plus basse politesse, il n’en était pas de même pour moi. Le centième d’éducation que j’ai pu recevoir m’invitait à m’occuper de mon invité comme il se doit en lui offrant un thé, et non pas de quoi se restaurer puisque l’on ne sait jamais combien de temps un homme peut mettre pour sustenter. Naturellement j’aurais du héler un domestique qui après son office terminé aurait pu ne faire plus qu’un avec la tapisserie. Mais convenez que puisqu’il faudrait offrir le gîte à notre domestique, nous voilà fort dépourvu puisque ma sœur et moi ne possédons que deux fauteuils. Fauteuil sur lequel elle s’empressât de s’installer, me le dérobant en croisant ses jambes, glissant son menton dans sa main, avec air affecté. Et tout ceci comme si elle ne portait pas une robe de paysanne, élimée. Elle suivait notre conversation avec un intérêt certain, comme si nous jouions l’une des plus grandes tragédies contemporaines. Je craignais de ne plus être son personnage favori.

-Permettez moi de vous offrir du thé.

Mère m’a toujours appris qu’il était inconvenant d’offrir de l’alcool en pleine journée et je dois avouer qu’il était particulièrement plaisant de voir l’aventurier se saisir d’une toute petite tasse dans laquelle trempait une cuillère plus ridicule encore. Il y eut encore cet effet merveilleux dont je me délectais ; entre les doigts couturés de cicatrices, les grandes mains cornées, exercées au travail, ma pauvre vaisselle semblait la porcelaine la plus fine.

Ensuite, l’aventurier sans nom, ma foi c’est sûrement très romanesque de rester mystérieux, se répandit en flatteries. En douteuses flatteries étant donné son regard auparavant plus que désapprobateur. Il m’avait fixé avec l’intensité d’un duelliste donc vous avez effleuré la fiancée avec une passion inconvenante. Cruel mélange de dépit, de mépris et de colère s’ajoutant à une immense déception pleine d’orgueil. Parce que pour être déçu par un inconnu, il faut déjà nourrir à son égard de grands espoirs et donc mettre sa foi au service du vent. Monsieur doit être un bien piètre spéculateur.

S’attendait-il sincèrement à ce que ma sœur cache dans le placard qui lui sert de demeure, l’équivalent d’un demi-dieu façonné par les sagas mythologiques ? Cette pensée m’arracha un sourire ironique que je ne réussissais pas à réprimer. Quelle grande confiance il faut avoir en l’humanité pour croire de tels propos. La vérité, c’est que je méprise les héros légendaires, oh bien sûr je trouve que leur courage a quelque chose de fantastique. C’est une pensée relativement commune. Mais ceux qui réussissent à entrer dans les mémoires sont bien peu nombreux contrairement à ceux qui se lancent dans cette voie. La majorité souffrent immanquablement puis aussi ils périssent très vite. Le vieil aventurier est une denrée si rare que je deviendrais sûrement riche en en mettant un sur le marché. Puis si vous réussissez toutes les épreuves que vous vous infligez, votre gloire n’est même pas encore assurée. Il faut encore attendre que la chance fasse quelque chose pour vous. En termes financiers, être aventurier n’est pas rentable, c’est même trop d’efforts pour trop peu de gains.

À force de vouloir devenir une exception, l’on finit par être cruellement banal. Ainsi je trouve les aventuriers tristement prévisibles. Ils vous parlent d’honneur, de noblesse de cœur avec l’ingénuité et la vanité de ceux qui pensent tout savoir de concepts sur lesquels les plus grands philosophes débattent depuis des siècles.

J’ai déjà été confronté à la flatterie de si nombreuses fois que j’en connais les tenants et aboutissants. Certains compliment par habitude, parce qu’ils ont déjà obtenu quelque chose grâce à ce procédé et le réitèrent aussi souvent qu’ils le peuvent. D’autres flattent pour se flatter eux mêmes, ils se trouvent meilleurs encore parce qu’ils se forcent à se montrer humbles. Cet homme sait pertinemment qu’il ne peut rien obtenir de moi qui pourrait le satisfaire et nourris son ego sur un champ de bataille, alors il fais partie d’une autre catégorie, la pire de toutes, ceux qui flattent avec ironie.

Je mourrais sûrement entre les mains de cet homme s’il décidait qu’il voulait de moi mon dernier souffle de vie, et il le sait pertinemment, pourtant il agit comme si j’étais meilleur que lui. Nous savions sûrement tout deux que c’était une vaste parodie et en temps normal je me serais esquivé avec une fine pirouette de langage, quitte à jouer du dédain en soupirant cruellement que l’on ne s’abaissera pas à combattre un inconnu. Certains appelleraient cela une fourberie. Ma chère sœur en fait partie. Et elle me regarde avec des yeux que je ne veux pas voir, sur son fauteuil déchiré, parodie de trône en morceaux de tissus aussi dépareillés que les sentiments qui troublent mes pensées.

-Vous dites que vous seriez un goujat de ne pas lui donner satisfaction, mais c’est moi qui doit maintenant vous offrir ce que vous désirez, insistais-je avec un sourire qui tendait vers le rictus.

Peu importe que ce soit pur passes d’armes ou cruel affront, me voila étrangement piégé. Mais qu’il est bon de lui rappeler que l’on ne rentre pas chez de parfaits inconnus pour exigez d’eux qu’il vous combattent.

-Mais soit, ma technique est ma foi très conventionnelle. Et au vue des balafres qui composent votre visage, ce n’était pas le cas de vos adversaires. Je vous accompagnerais sur le terrain d’entraînement et j’espère donc être à la hauteur de ces Hommes à qui vous vous êtes mesurés et qui eurent assez de talent pour pouvoir vous blesser.

Je m’en voulais presque. J’avais écouté mon propre orgueil et me voilà risquant le déshonneur et d’affreuses blessures, ces dernières étant bien plus désagréables. Je pourrais toujours faire passer mes mauvais jugements et mon impulsivité à satisfaire ma vanité pour ces choses terribles que l’on fait par amour.
000Mots

Bronze
0 Pts
Hypanatoi Konostinos
Date d'inscription :
17/11/2021
Gils :
27990
Disponibilité Rp :
Je cherche. N'hésitez pas à me MP.
Messages :
883
Métier :
Aventurier
Couleur d'Essence :
Rouge
Familia :
/
Style d'Arme :
Lance longue
Rang :
Obsidienne @@@@@
Puissance d'Essence :
45627

descriptionRépondre aux invocations (Saerys) (Abandonné) EmptyRe: Répondre aux invocations (Saerys) (Abandonné)

more_horiz
Un peu de thé. C’était apparemment ici la boisson des nobles et gens de bon maintien, qui pour une raison curieuse refusaient de boire en dehors de certaines heures consacrées, craignant l’ivresse et la perte de contrôle. Il avait depuis longtemps déjà placé sur cette attitude un jugement définitif et désapprobateur, mais ne commenta pas. On plaça en face de lui une petite tasse, contenant à peine assez de liquide pour humidifier sa langue, et il sirota doucement le liquide, se retenant de l’avaler d’un seul coup. Faire brûler des feuilles dans un peu d’eau. L’idée avait au moins le mérite de l’originalité, et la liste de ses vertus celle de la concision. Il écouta ensuite soigneusement son interlocuteur. Ce dernier le surprit ensuite une nouvelle fois. Il ne s’attendait pas à se montrer son supérieur dans l’art de la tromperie. Son talent se bornait au discours, franc et sincère, à l’étal enthousiaste de ses idées et à la réflexion pertinente qui les accompagnait. Il n’était pas un menteur, et respectait avec la plus grande ferveur la parole donnée. Malgré cela, et le fait que Saerys comprenne de toute évidence ce qu’Hypanatoi voulait faire, il ne se déroba. Il lui aurait sans le moindre doute été très facile de le faire, mais, se drapant dans les lambeaux rapiécés de son courage et de sa fierté, il lui expliqua indirectement qu’il comprenait ses véritables intentions, et plus directement qu’il acceptait sa proposition. Peut-être sa faiblesse était-elle un orgueil qui l’avait poussé à faire croire à sa naïve sœur qu’il était un grand combattant, ou bien tout simplement ne souhaitait-il pas la décevoir. Il faillit presque être touché par cette dévotion familiale et se reprendre pour finalement décider de lui épargner l’embarras qui était certain d’être le sien, avant finalement de se raviser. On lui avait fait perdre son temps, se souvint-il, et cela justifiait plus ou moins tout ce qu’il allait lui infliger. Il n’avait de toute façon jamais réellement eu besoin de justification, son bon plaisir suffisamment largement dans ce domaine.

Plus important que cela, Hypanatoi n’appréciait que très peu la mention de ses cicatrices, et l’implication sournoise de ses paroles. Qu’on l’insulte lui pouvait, suivant le caractère de l’offense, être pardonnable. Qu’on dénigre même par le biais d’un sous-entendu hésitant la valeur de ses adversaires était parfaitement inacceptable. Cela voulait dire qu’on s’attaquait à son tableau de chasse. A ses mérites. A l’épique glorieux qu’il composait à chaque acte de sa vie, aux œuvres que fabriqueraient au moment de son ascension les muses éternelles. Et cela, il ne pouvait pas décemment l’accepter. Il n’était certes pas ici libre de défier en duel l’éloquent personnage, et lui faire découvrir que même les meilleurs mots pouvaient révéler un gout très acerbe, mais cela ne voulait pas dire qu’il était impuissant. Il venait après tout de recevoir le consentement express et éclairé de sa victime.

« Je vous en prie, Saerys. Mais je n’en oublie jusqu’à la politesse la plus élémentaire. Je suis Hypanatoi Paragoï Konostinos. Appelez-moi simplement Hypanatoi. »

Reposant enfin la tasse de thé vide maintenant que suffisamment de temps s’était écoulé, il fit mine de réfléchir à ce que venait de lui dire le jeune homme avant de répondre sur un ton qu’il voulut avenant et rassurant :

« Ne vous inquiétez pas. Une technique basique n’est pas un défaut. Cela veut simplement dire que vos bases sont solides, et que vous vous dispensez des fioritures prétentieuses dont se parent les gens qui manquent de confiance en eux. »

Il retint difficilement un sourire goguenard. C’était là certes peu glorifiant, et il se comportait en vérité comme un adolescent indiscipliné. Mais il avait besoin de se détendre, et malgré plusieurs tentatives, il trouvait que les moyens conventionnels que cette ville mettait à sa disposition pour se reposer étaient plus qu’insuffisants. Ses tavernes étaient crasseuses, ses musiciens sourds et maladroits, ses courtisanes ignares et sans le moindre doute rongées par les plus indicibles maladies. Voulant définitivement lui couper la possibilité de battre en retraite et de le priver de son petit plaisir, il se leva, et s’adressa à sa jeune sœur :

« Mais je m'oublie, et c’est la deuxième fois en trop peu de temps que je me montre mal élevé. Peut-être souhaitez-vous assister à l’entrainement de votre aîné ? »

Cette dernière ne lui répondit immédiatement, mais il sentit ses yeux s’écarquiller et sa respiration se bloquer dans sa petite gorge. Elle n’osait sans le moindre doute pas espérer un tel privilège, et elle se retourna sans un mot vers ce dernier, ses lèvres s’ouvrant en une supplique silencieuse. Hypanatoi s’avouait volontiers le moins doué des deux pour ce qui s’agissait des sous-entendus et des échanges verbaux de ce genre. Mais il y avait un domaine dans lequel il refusait de concéder la moindre once de terrain, dans lequel il pouvait sans le moindre doute se proclamer le champion incontesté pas seulement des gens de cette pièce, mais bien de tous les habitants de cette maudite ville : la cruauté. Il avait raffiné cette dernière des années durant, l’avait élevé au rang d’art, et en avait fait avant de s’incarner de nouveau un des piliers de sa réputation. Cela lui avait été un outil utile, pour ne pas dire totalement indispensable, et il doutait que le brave Saerys comprenne réellement tout ce qui lui était réservé. Peut-être au moins cela aurait-il l’avantage de le secouer un peu, et de lui faire comprendre qu’il avait sans doute mieux à faire que de s’unir à la poussière qui recouvrait les meubles fantomatiques de son domaine ancestral. Il en était l’héritier, et il était temps que quelqu’un lui rappelle les honorables obligations que cela impliquait. La suite devait être très convenue : il troussa le malheureux devant sa sœur, lui enseignant plusieurs leçons plus ou moins importantes : la première, qu'on ne plaisantait pas avec le devoir, et que le faire avait toujours de lourdes conséquences. La seconde, qu'on ne décevait pas ses proches, et que le faire avait toujours des conséquences encore plus lourdes encore. Et la troisième, qui était sans surprise et de loin la plus importante, qu'on se devait de le prendre au sérieux, lui, Hypanatoi Paragoï Konostinos. Il eut pour compléter sa vocation temporaire de professeur dévoué besoin de plusieurs heures, mais il les jugea très bien employées, et quand vint le temps de reprendre le cours normal de ses activités, il le fit avec un grand sourire.
000Mots

Bronze
0 Pts

descriptionRépondre aux invocations (Saerys) (Abandonné) EmptyRe: Répondre aux invocations (Saerys) (Abandonné)

more_horiz
000Mots
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum