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Hypanatoi Konostinos
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17/11/2021
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descriptionDemain, c'est loin [The Blade] (Abandonné) EmptyDemain, c'est loin [The Blade] (Abandonné)

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« Vous devriez vous détendre, messire Konostinos. Nous apprécions vos efforts et votre acharnement taciturne, mais nous nous craignons que le… Stress puisse finir par vous peser. »

La déclaration lui avait l’effet d’un coup de tonnerre, d’abord lointain et facilement ignoré. Il n’avait pas besoin de se détendre. Il n’avait pas besoin de s’abandonner aux passions oisives qui gangrenaient tant de ses pairs. Il était Hypanatoi, plusieurs fois béni des dieux et conquérant des multitudes. Il était infaillible, tout simplement parce qu’il n’avait pas le droit d’être autre chose, et que tel était son fardeau. Alors au lieu de cela avait-il décidé de redoubler d’efforts entre deux missions. D’abord en se jetant de manière plus acharnée encore dans son entrainement quotidien, poussant la machinerie plaintive de son corps bien au-delà de ses limites, ignorant la brûlure ardente de ses muscles, et l’eau de se son corps qui giclait en flots salés hors de lui. Il avait couru, et frappé de sa lance, et soulevé ses poids et recommencé, encore et encore et encore, les dents serrées, une écume épaisse et blanchâtre au coin des lèvres. Il ne pouvait pas faillir. Faillir voulait dire abandonner l’idée de pouvoir un jour revoir son pays, et exercer sur qui de droit sa juste rétribution. Cette idée était suffisante pour faire se mélanger dans son esprits les visages innombrables de ses ennemis, qui avaient pourtant depuis longtemps perdu de leur netteté. Cela faisait plus de sept ans qu’il était aveugle. Sept ans était une abomination de la nature, obligé pour survivre de s’appuyer sur un don arcane et profane. Sept ans qu’il n’avait plus vu la moindre couleur, et qu’il n’était plus certain maintenant de pouvoir dans son esprit faire la différence entre le rouge et le vert et le bleu et le jaune.

Il marqua une pause, son corps s’arrêtant brusquement, en plein mouvement. Personne d’autre que lui n’utilisait cette petite cour, et le propriétaire, qu’il avait aidé peu après s’être matérialisé sur ce monde, lui en avait laissé l’usage. Son bras lui faisait mal, et ses articulations aussi, et il se rendit compte qu’il était sur le point de se rompre les muscles. Il se redressa, revenant dans une position naturelle, et planta la hampe de sa lance dans la terre battue. Il y avait de cela quelques semaines à peine, c’était encore un gazon. Plus maintenant. S’appuyant sur son arme, haletant, il s’autorisa quelques secondes de réflexion et surtout de repos. Il n’était pas faible. Il n’avait jamais été faible. Il l’avait montré, encore et toujours, et avait toujours dépassé les attentes pourtant déjà lourdes qui pesaient sur lui. Il n’était pas faible. Il leva les yeux vers le ciel, cherchant à la manière des oracles à lire dans le mouvement paresseux des nuages une quelconque réponse à ses doutes. L’un d’entre eux avait la forme d’une chauve-souris, et un autre celle d’un homme adipeux et couché sur le ventre. Il n’y comprit rien. Grognant, il ôta son casque, avant de cracher par terre.

Peut-être serait-il bon qu’il aille visiter la ville. Simplement pour reconnaître le terrain, et en apprendre un peu plus sur les usages exotiques et encore incompréhensibles de ces gens. Peut-être même, pour ne pas les effrayer comme il le faisait d’habitude, le ferait-il sans son accoutrement martial, pour se fondre dans la foule. Il se trouva haïssable et hypocrite, mais se résolut à ignorer cela pour le moment. Une fois. C’était une fois, pour se permettre de décompresser et de s’acclimater à ce monde nouveau. Il réintégra la chambre dans laquelle il logeait d’un pas rapide, et se lava rapidement. Même l’usage de l’eau, pour lui qui était habitué à utiliser une serpe et de l’huile d’olive pour purger sa peau de toute saleté, était une lubie curieuse de ces gens. Mais au moins le contact glacial de cette dernière, lorsqu’il s’en aspergea le corps, permit-il de refroidir un peu ce dernier et de dissiper quelque peu la fatigue qui engourdissait ses membres. Il ouvrit le placard dans lequel se trouvaient les tenues civiles oubliées. Il avait tout de même mis un point d’honneur à trouver un artisan capable de reproduire à peu près correctement les vêtements de son monde, et si le résultat était imparfait, il doutait que quiconque ici s’en aperçoive.

La toge d’un bleu azur se drapa confortablement sur son épaule, les lourds cercles d’argent tressés suivant ses lignes extérieurs la fixant en place. Il se sentait nu. Hypanatoi sortit de sa chambre, et se décida à déambuler dans les rues de la ville. Sa nature cosmopolite faisait que l’une ou l’autre des franges de sa population y célébrait toujours quelque chose, que ce soit un festival endémique d’un des mondes produisant le plus d’invoqués ou toute autre occasion à peu près valable. L’important était qu’il était toujours facile ici de trouver un groupe de gens en train de festoyer, tentant par leurs rires et leurs ébriétés de repousser la possibilité d’un échec général, et de l’apocalypse qui s’en suivrait. Il n’eut aucun mal à trouver un tel rassemblement, et décida de s’assoir sur l’une des tables qui bordait la place. On y dansait, et on y chantait on y criait. Globalement, le but semblait non pas de rechercher un accomplissement esthétique, quel qu’il soit, mais bien de gesticuler et de se défouler. Les gueux étaient les mêmes, quel que soit le monde. Il commanda un verre de vin, retenant difficilement un plissement désapprobateur des sourcils quand il se rappela que les crus que l’on servait ici n’étaient pas résinés, et il prêta l’oreille et tourna vers la petite fête l’œil intérieur, tentant d’analyser se qui se passer sous ses yeux, et de décider si oui ou non il était bon d’y participer.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mer 8 Déc - 8:20, édité 1 fois
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descriptionDemain, c'est loin [The Blade] (Abandonné) EmptyRe: Demain, c'est loin [The Blade] (Abandonné)

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Tout cela était déplaisant, finit-il par se dire. Cela faisait plusieurs longues minutes qu’il regardait ces gens, et leurs visages amorphes qui se mélangeaient les uns aux autres. On lui avait demandé de se détendre, et on lui avait conseillé de trouver un moyen de décompresser. On lui avait indiqué que le quartier des tavernes était pour cela un excellent lieu. Il ne voyait ici rien de tout cela : sous ses yeux, un torrent de couleurs contradictoires et d’usages inconnus. Il était incapable de comprendre où était sa place dans tout cela, avec qui il était convenable de s’afficher, ou de converser. On le regardait, également, et il n’avait pas besoin de ses yeux pour deviner pourquoi. Ses vêtements visiblement très exotiques même au vu du caractère affluent de l’endroit. Ses cicatrices devaient également jouer, et il imaginait que son visage balafré et figé en une moue plissée et réprobatrice ne devait pas aider. Il avala une énième rasade de l’alcool au gout curieux qu’on venait de lui servir, la mousse laissant sur ses lèvres une impression de saleté fantomatique. Il se les essuya du plat de la main, et rentra chez lui. Il se sentait ridicule. Il avait voulu espérer quelque chose, et il savait parfaitement quoi. Il refusait cependant de se le formuler clairement, cet aveu indigne lui semblant par sa simple existence trop lourd à porter.

Il rentra chez lui, et ôta les décorations métalliques qui décoraient sa toge, et contempla les murs de sa chambre. Du bois. Pas de pierre lisse, pas de veinures rassurantes qui parcouraient un marbre froid et réconfortant. Pas de bain pour retirer de ses pieds la poussière des chemins ardus de cette ville, et pas de therme dans lesquels aller se baigner. Pas de chants lyriques chantés par un éphèbe à la voix douce, et pas d’esclave délicate pour lui servir des grappes juteuses. Pas de lit sur lequel s’allonger pour profiter d’un repas convenable. Pas de feuilles de vigne fourrées au mouton et badigeonnées de miel. Pas de vin délicatement résiné, et pas de fromage délicatement grillé. Pas de lumière orangée du jour déclinant perçant par le toit creux, illuminé le bassin rectangulaire sur lequel dérivaient les fleurs du jour. Rien de tout cela. Rien de la civilisation, et rien des divins.

Une chambre vide et marron et sombre. Un lit grinçant, tout juste capable de supporter son poids, et une chaise trop petite. Dans un coin, un autel misérable, carricature d’un objet de culte sacré autour duquel se centrer. Pas de héros contre lequel lutter, pas de rival le comprenant, capable de former avec lui un lien, un vrai lien, entretenu par un but commun et fondé sur des bases saines. Il était un étranger dans un monde d’étranger, assailli par des sons et des couleurs et des odeurs qu’il ne comprenait pas et qui lui semblaient chaque nouveau jour un peu plus hostile. Et pourtant, il savait que demain, il devrait mettre tout cela de côté, et troquer la toge festive contre l’épaisse armure qui le protégeait, et frapper et lutter et traquer et saigner, et peut-être mourir. Pour accumuler de la puissance. Pour obéir au dictat du dieu de ce monde, dont il n’avait cure et qu’il ne vénérait pas. Pour entretenir le rêve de plus en plus lointain de pouvoir rentrer un jour dans son monde, et de dire aux siens qu’il était victorieux, qu’il avait entrepris l’impossible, bu dans le Saint Calice, accompli l’épreuve divine. Que l’Empire était sauf, et qu’il était prêt à s’assurer qu’il le reste.

Rien ne garantissait tout cela. Il n’avait jamais été le plus rapide de tous les héros. Ni le plus fort, et pas même le plus intelligent, malgré tous les surnoms qu’on pouvait lui donner. Il avait simplement toujours été celui qui avait fait le nécessaire. Toujours. Il avait pris sur lui, sans attendre de remerciement, comprenant même qu’on l’enferme, simplement parce que cela était son devoir.

Que devait-il à ces gens, à ces barbaroï ? Rien. Absolument rien. Et cela pourtant ne le libérait pas, bien au contraire. Il grogna, et chercha autour de lui quelque chose ou quelqu’un à frapper, avant de se raviser. Rester calme. Se contrôler. Toujours garder la tête haute. Les autres pouvaient défaillir, mais pas lui. Il s’agenouilla devant l’autel, et pria silencieusement, les paumes levées, implorant pour la première fois non pas simplement d’être vu, d’être jugé par les divins, mais bien qu’on l’aide. Il voulait un signe, aussi humble soit-il. Il n’obtint rien.

Demain était encore si loin, se dit-il en se relevant. Il avait bien le temps de reprendre l’entrainement, et de pousser encore un peu plus son corps. Demain, il aurait oublié ces quelques heures d’égarement, et aurait retenu la véritable leçon du jour : il avait mieux à faire que de batifoler.
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