L'air frais marin soufflait dans mes longs cheveux, c'était la première fois que je prenais le bateau pour partir en mer et, sincèrement, je ne me sentais que plus vivant. Cela faisait une semaine qu'on était parti du port en direction des Îles Perdues, cette mission allait s'avérer très intéressante. J'avais choisi d'être seul pour le coup, une grande épopée solitaire m'attendait sur ces îles inconnues. Cartographier, mémoriser, affronter, trouver, pleins de choses à faire, rien de moins que d'être seul sur ce bateau en attendant d'arriver à bon port, enfin s'il y en a un. On avait croisé quelques poissons volants sortant de l'eau pour nous saluer avant de replonger dans les profondeurs abyssales. L'eau a toujours terrifié ma tribu, étant pesant, si nous tombions à l'eau nous coulerions sans aucun doute, mais le danger c'est ce qui m'excite. J'avais apporté le matériel nécessaire pour survivre sur ces îles et en profiter pour découvrir de nouvelles terres sur lesquelles je n'avais encore mis les pieds. Torches, rations, cartes, sacs, encre, plume, papier, tout pour écrire et recenser ce que j'y verrai. Évidemment j'étais loin d'être le meilleur écrivain, mais je ferai au mieux de mes capacités pour écrire correctement, au pire, je referai une lecture orale en retournant à Portalia.

- À moi les richesses de ces terres ! HA HA HA ! ! !

Il était temps de mettre le pied à l'eau et de continuer à pied, enfin arrivé. Le batelier me prévint qu'il reviendra dans trois jours pour me récupérer si je suis toujours vivant. Si j'arrive en retard, il partira et me laissera ici à jamais. Convaincu, je lui envoyait la main, le laissant s'éloigner au large alors que des terres inconnues s'offraient à ma vision. J'espère que ces trois jours sauront raviver ma flamme de l'aventure. Sur ce, il était temps pour moi de m'engager sur ce sable regorgeant de multiples merveilleux coquillages, j'en ramènerai à Thalia comme souvenir. Nous ne sommes que l'avant-midi, faisons un peu de chemin en attendant de croiser le premier monstre venu...

On m'avait déposé sur cette île inexplorée par les précédents aventuriers qui étaient venus dans le même but que moi. Je n'avais qu'une grande carte vierge que je me devrai de remplir. Si ces trois jours ne suffisent pas, je reviendrai une autre fois remplir le reste. Au loin, je pouvais voir une chaîne de montagnes enneigées qui montaient par delà les nuages. Cette chaîne semblait faire le tour nord, ouest, sud de l'île, laissant une grande ouverture pour moi qui arrive par l'est. Cette plage serait donc le seul point d'entrée sécurisée pour permettre à des chercheurs et explorateurs de venir fouiller l'île. Dépassé le sable, on arrivait sur une longue plaine semée de gigantesques roches de basalte. De bons spots pour se cacher... ou pour surprendre un ennemi. Il faudra que je fasse attention lorsque j'arpenterai les couloirs étroits qui parsèment la plaine. Il faut aussi noter les pierres aiguisées au sol, il semble facile de glisser, trébucher, tomber sur l'une d'elle et s'ouvrir les pores de la peau. La pluie n'aiderait clairement pas le trajet. Par chance, il faisait beau en ce jour-ci. Je m'enquis de dessiner à l'est de la carte vierge, une étendue de sable avec un X pour marquer l'endroit où je devrai revenir.

Les premières heures de mon exploration me permis de prendre conscience que cette plaine semblait s'étendre jusqu'à la moitié de l'île avant d'entrer dans ce qui semblait être une grande forêt sombre. On y entendait nombre de bruit étranges y provenant. L'envie de vouloir y pénétrer me tentait grave, mais je devais continuer de consigner les plaines et ses environs. J'ai pu remarquer que les gigantesques pierres s'arrêtaient peu après le début des plaines... comme s'ils servaient de mur de défense. Pour quoi faire, mais aussi contre qui, tel était la question. Les anciens résidents de l'île avaient dû subir des attaques venant de la mer, peut-être des pirates, qui sait ?

Les plaines, dépassé le mur de cailloux paraissait tout à fait normale. Quelques pierres par-ci, par-là, des fleurs un peu partout, beaucoup d'herbes, très peu d'arbres, mais présence d'arbustes à fruits. Certaines grosses roches semblaient fournis de charbon, de fer et de cuivre. Mais c'est étrange, ce genre de pierres devraient se trouver en souterrains, pas en surface, c'est ce qui me fait questionner sur leur présence ici. Il y avait aussi ce petit lac en bordure de la chaîne sud de montagne, vraiment petit comme lac, mais l'eau reste acceptable. Je me suis servi pour me désaltérer un peu.

[Mission : Île Perdue ; Rapport 1.

Je suis finalement arrivé sur l'île, elle semblerait posséder une grande chaîne de montagnes enneigées qui ferait le tour de l'île du nord, en passant par l'ouest, et terminant par le sud. À l'est une grande étendue de sable remplie de coquillages exotiques et ce qui semblerait être un mur de défense constitué en plusieurs gigantesques roches mise l'une à côté de l'autre, ainsi que de petite pierre acérée au sol dans les passages entre les grosses roches. La plaine qui se trouve derrière s'étend sur la moitié de l'île avant de faire place à une forêt luxuriante dont on ne voit pas le bout du nez depuis l'extérieur.

J'ai cru voir des arbustes fruitiers, des baies et des mûres, des framboises aussi. Rien de très nouveau. Il n'y a que très peu d'arbres dans la plaine. Ah, et j'ai croisé un petit lac où je me suis arrêté pour me désaltérer. Je me suis permis de goûter l'eau et cette dernière reste potable, pas la meilleure, mais on peut s'en servir pour remplir nos bouteilles et cruches.

Rien d'autres à signaler pour l'instant,
Fin du rapport #1.

J'étais tranquille à rédiger mon rapport, inattentif à ce qui m'entourait quand j'entendis soudainement une voix familière s'approcher de moi. Je n'ai que le temps de me retourner qu'une jeune femme me saute dans les bras. Je l'ai reconnu à ses oreilles de lapin et sa rousseur assez particulière. Que faisait-elle ici ? Était-elle arrivée par bateau ?

- Harmonie ! Ma petite Harmonie... que fais-tu ici ? C'est pourtant moi qui étais assigné à cette mission. Ne m'aurais-tu pas suivi en douce ? Ce n'est pas un endroit sûr pour toi, tu sais ça ?

Je déposais ma nièce au sol, m'assurant qu'elle n'était pas blessée. Je n'avais pas entendu parler d'une seconde traversée. Alors que j'allais entrer dans mes pensées, un terrible tremblement de terre se fit sentir tandis qu'un énorme trouve se formait derrière nous. Me retournant pour voir ce qu'il se passait, je vis une fourmi blanche géante sortir de ce fameux trou. Elle n'avait pas l'air très amicale. Jetant un coup d'oeil à Harmonie, ça ne sera pas facile d'attaquer tout en la défendant.

- Tu sais si cette chose est dangereuse ou pas ? Si ce n'est qu'un rang bronze, ça pourrait aller, mais si c'est un rang argent, ce sera totalement différent. On finira notre discussion sur ton arrivée ici un peu plus tard. Occupons-nous d'abord de cette visiteuse impromptue.

Je me positionnais devant Harmonie, masse face à moi, prêt à parer la première attaque de cette chose. Il me fallait réfléchir à une solution d'attaque ou de fuite. J'avais trois fumigènes sur moi, peut-être devrons-nous nous en servir. Ils restaient à portée de main juste au cas où. Tout ça n'augurait rien de bon. S'il devait y avoir un nid de ces choses ici, il faudra faire attention à tout faux mouvement et traquenards...

Fuir, la solution de facilité, mais nécessaire pour le coup. Je ne dis plus rien pour me mettre à courir derrière Harmonie et fuir le troupeau qui commence à se former près du trou. Ils ne sont pas content. C'est vrai que si Portalia était inondée, je ne serai pas du tout content moi non plus. Ce n'est que dépassé le mur de roche que l'on s'arrête, dans le chaud sable de midi. Je m'assois près d'Harmonie et lui demande :

- On m'avait prévenu pour une fourmilière, mais je ne les pensais pas aussi gros que ça. Tu comprends pourquoi c'est si dangereux pour toi ici ? Sinon, tu veux bien m'expliquer ce que tu fais ici ? En attendant, je vais rédiger mon second rapport, si ça ne te dérange pas. Tu peux parler, je t'écouterai quand même.

Je sors un parchemin d'un de mes sacs pour commencer l'écriture de mon rapport.

[Mission : Îles Perdues, rapport 2.

J'ai croisé une amie qui s'est retrouvée ici aussi. Nous avons été attaqué par des fourmis géantes. On dirait que leur nid a été noyée par la mer ou sinon le grand lac. Nous avons choisi de fuir, ils étaient en surnombre. Je compte poursuivre mon exploration en longeant l'île jusqu'aux montagnes au sud.

Fin du rapport #2.]

- D'accord, je comprends. Je suis venu faire de l'exploration, donc, je vais continuer, si tu veux, tu peux m'accompagner. On va longer la mer par le sud-est, jusqu'aux montagnes. Le bateau qui est venu me porter ici ne reviendra que dans trois jours, tu peux sinon attendre ici.

Rangeant mon parchemin dans mes sacs, je me relève, prêt à prendre la direction du sud, j'attends toutefois la réponse d'Harmonie, sortant ma cruche de sake pour en prendre une gorgée. Qu'est-ce que ça fait du bien de boire après de telles aventures...

- Nah, elle doit s'en douter un peu, mais tu sais, tant que je suis à l'extérieur de la maison, tout va bien, elle ne peut se plaindre. Vu que tu es si décidée à me suivre, viens, on va longer. J'ai cru voir un bastion au sud.

J'entrepris ma marche en direction des chaînes de montagne au sud.

- Comment va la vie ? Il y a un petit moment que je ne t'avais pas vu. Il va bien le papa ?

Était-ce le bon moment pour lui en parler. Je la laissais s'étoffer sur sa vie, la jeunesse, c'est si rafraîchissant. Il était peut-être temps...

- Tu sais, Thalia et moi pensions à peut-être adopter un enfant de l'orphelinat. Thalia est trop vieille pour porter un bébé, mais elle rêve d'avoir un gosse. Donc, tu pourrais m'aider dans les paperasses d'adoption ? C'est pas que, mais je m'y connais pas trop moi, ce genre de truc.