C’est parfait, Freya a été menée comme convenue à la table réservée. Tu prends le temps de l’observer des pieds à la tête pendant qu’elle se tient encore debout : Tu peux distinguer cette étincelle de vivacité dans son regard, ce petit on-ne-sait-quoi qui dégage une énergie effrayante et annonce la couleur, plus encore que sa propre réputation et que sa force apparente qui forcent déjà à elles seules le respect.
On peut observer les petites écailles de-ci de-là le long de son cou, ainsi que dans les très rares endroits similaires que son armure ne protège pas. C’est donc cela, une Drakkenmayer… les oreilles de dragon lui vont très bien d’ailleurs. Elle est déjà extraordinaire à tes yeux, même si elle ne le sait pas.
Oui, elle sera parfaite pour cette mission.
Tandis qu’elle s’installe sur sa chaise, tu continues de détailler sa courte chevelure et son oreille gauche qui la rendent si uniques, ainsi que de contempler la façon dont son regard s’attarde en face d’elle avec une volonté de percer le voile des ombres pour, de toute évidence, te trouver.
Tu souriais déjà de satisfaction à sa réponse à ta requête, mais lorsqu’elle ouvre enfin la bouche, tu ne peux réprimer un ricanement amusé. C’est plus fort que toi, mais ce n’est pas grave : ton sortilège couvre désormais parfaitement les sons, donc elle ne peut t’entendre que si tu le lui permets. Heureusement, goupilou, sans quoi tu serais dans le pétrin, vu la tête de ton alliée providentielle du moment et la façon dont elle aurait pu, à tort, interpréter ton rire si elle avait été en capacité de le percevoir.
Mais ce qui est drôle, c’est son air digne en contraste total avec la situation qui est la sienne, à savoir le fait que :
Elle parle littéralement à une chaise vide.
Oui, tu as fait en sorte que ton repas soit vite ingurgité, et lorsque tu le tenais il n’était pas plus visible que toi aux yeux de la foule, mais à l'arrivée de la dame l’assiette était déjà vide et débarrassée depuis longtemps.
Oui, la logique aurait voulu que tu te trouves sur cette chaise, et tu y avais été d’ailleurs, suffisamment longtemps pour l’imprégner de ton aura alors que cette dernière se diffusait entre tes trois pics d’invisibilité.
Oui, elle avait manqué de peu de te parler à toi en s’adressant à une chaise.
Mais non, tu n’y es déjà plus, depuis bien avant son arrivée.
Tu avais pris le temps de t’asseoir sur les chaises vides voisines, le temps que la dame à l’honneur n’arrive, et ce sans avoir informé qui que ce soit pour plus de sécurité. De toute façon, lorsque quelqu’un venait prendre la place que tu occupais illégalement, tu veillais à avoir déguerpi juste avant, quitte à rester debout. Là, tu te trouves sur une chaise voisine plus sur le côté, d’où ton regard porté tout autant sur le côté gauche de sa chevelure que sur les traits de son visage qui, à tort, tente de distinguer ton sourire sur ce meuble qui ne le contient pas.
Allez, il est temps qu’elle t’entende, un peu. Nuancer la magie est compliqué, mais tu en as fait du chemin depuis Rayan et la pièce de théâtre, c’est désormais devenu un jeu d’enfant, mon cher vulpidé.
« C’est une excellente question, mais je ne suis pas certain que cette chaise seule soit capable d’y répondre.»
C’est le moment où tu choisis de redevenir aussi visible, mais pour elle uniquement. Il est hors de question que qui que ce soit d’autre que cette dame puisse te voir où t’entendre. C’est donc dans un geste souple que tu passes à sa gauche pour t’asseoir devant elle, que tu poses ton visage sur ton bras gauche avec un grand sourire, celui de la satisfaction pleine, puis que tu la contemples avec l’admiration que seul un subtil soupçon de prudence vient nuancer… et tu sais pourquoi.
« Cela dit, continuez de la contempler lorsque je n’y serai plus ; Ma sécurité ainsi que la vôtre seront bien plus grandes si personne ne sait où je me trouve exactement. Pour votre information, vous êtes pour l’instant la seule à me voir comme à m’entendre. »
C’est le moment où tu lui tends une main avec un immense sourire, pour ajouter :
« Je suis ravi de vous rencontrer, très chère Dame Freya Bloodjörn. Hypanatoi m’a parlé une fois de vous, et vous savez comme moi que cette seule mention dans sa bouche est déjà un signe de grande estime. »
Qu’elle réponde à ton geste de salutation où non, tu sais que déjà tu vas redevenir invisible, même si pas inaudible, l’instant d’après. Ce lieu est désormais ton terrain de jeu, aussi tu as plaisir à y disparaître pour réapparaître ailleurs. Ne serait-ce que parce que toute personne qui aurait surveillé la dragonne aurait pu la voir serrer une main dans le vide, donc en aurait déduit ton emplacement, stupide goupil. Autant se montrer prudent. Comme disent les tiens, Prudence est mère de Sif. Mais aussi parce que c’est drôle de le faire, et que tu aimes jouer.
Et là, c’est debout, quelques mètres plus loin et ton insigne à la main, que tu refais surface à ses yeux pour tourner ta tête dans sa direction alors que tu te tenais de profil par rapport à elle.
« Mais ne perdons pas de temps en discussions futiles. Ce que j’admire chez vous, c’est votre sagacité face aux darks souls, c’est cela qui vous vaut un repas gratuit. Et … il se trouve que je suis moi-même Traqueur, que ma proie principale en est un, de rang obsidienne qui plus est. Obsidienne, ou… peut-être davantage. D’où, vous comprendrez, mes précautions. »
Tu la contemples de haut avec un sourire plus grand encore que si l’on t’avait offert un cadeau merveilleux, et tes appendices caudaux ne le dissimulent pas, stupide renard. Si tu attends, c’est pour voir sa réaction, et si elle te suit sur ce coup.
Tu as l’adrénaline que te procure la traque. L’a-t-elle aussi ? Telle est la question.
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