Vendredi matin, lever du soleil

Les oiseaux chantent comme chaque matin, une musique douce aux oreilles de Mary qui ne souhaiterait pour rien au monde changer de réveil matin. Elle entend gratter sur le sol de son tronc d’arbre, les quelques petits rongeurs sortant, leurs petites pattes griffues venant râcler le bois pour prendre l’air et chercher la pitance matinale.

Un bâillement vient décrocher la mâchoire de la brune et un regard sur le côté lui indique que Piou a dû sortir avant elle. Un sourire étire ses lèvres puis la voilà à se lever, rejoignant le semblant de cuisine pour avaler un hès aux champignons douteux et une tartine de fougères. C’est en plein petit déjeuner qu’elle entend frapper à la porte. Un sourcil haussé, elle se lève et va voir de quoi il retourne, tombant nez à nez avec un messager de la Guilde.

Bonjour Mary Bloodymousse ?
Ouais….qu’est’c’tu veux ?
Un subalterne du sergent Rex vous attend ce soir devant la Guilde pour vous confier votre mission de passage de rang !
hein ?

Avant même d’avoir plus d’explications, voilà l’elfe avec une convocation dans les mains qu’elle regarde d’un air méfiant avant de relever la tête et constater l’absence du messager…..le voyant plus loin en train de fuir sûrement pour reprendre son souffle dans un air moins chargé. Mary grommelle et referme la porte de son tronc avec la dite lettre dans les mains et une tête perplexe.

Vendredi 18h

La brune regarde le bâtiment de la Guilde, les mains sur les hanches. Elle était présente à l’heure prévue, au lieu convenu mais ne voit rien en dehors des aventuriers qui prenaient les portails et ceux recrachés sur la place. Elle finit par croiser ses bras et taper du pied d’impatience avant qu’un membre de la guilde ne finisse par la rejoindre.

Bonsoir. T’es Mary c’est ça ? Vient je t’emmène sur le lieu de ta mission qui n’est ni plus ni moins que…faire la fiestaaaaa

Mary le regarde les yeux ronds se demandant sur quel abruti elle était tombée mais le suit. Elle finit dans une taverne, la première dans laquelle elle va et plisse le regard en voyant le nom.

Le Rex ?
eh oui ma bonne dame, on fait la fête au Rex pour ton passage de rang. Cool comme mission non ? Y a juste un petit détail, trois fois rien.

Le sourire n’augurait rien de bon et Mary plisse encore plus le regard surtout en le voyant passer en revue une liste longue comme le bras.

« Allez ! Ce soir tu vas aider le tavernier ! C’est ça aussi la vie au sein de la Guilde ! J’ai fait le point avec lui sur ce que tu dois faire. Alors ! Vaisselle – service – table – sol – toilettes enfin bref je pense que tu as compris le topo ! T'as intérêt à t’appliquer. Amuse-toi bien et passe une bonne soirée ! »

Et sans plus de cérémonie, il se casse en lui laissant le papier et en rigolant. Mary sentais gros comme une maison qu’elle venait de se faire entuber par le subalterne. En tout cas, à peine le gaillard parti qu’elle se retrouve avec un torchon dans les mains.

T’es là pour aider au service ce soir. L’envoyée de la Guilde. Commence par aller servir les tables là-bas !

Mary n’a pas le temps de parler qu’elle se retrouve trimballée au bar, un plateau mit dans les mains avec des chopes de bières dessus. Et pas qu’une évidemment. Elle n’avait jamais fait ça de sa vie et peste encore plus, fusillant du regard le serveur qui semble s’en moquer éperdument.

Voilà donc Mary qui commence le service…..il n’était même pas 19h.

Vendredi, 20h

Mary déambulait entre les tables, les tabourets mals rangés, les chaises à moitié tirés, les clients soient debout à parler, rire, chanter, soient assis à jouer aux cartes, aux dés, faire des bras de fer ou vider les choppes. Plateau tenu dans les deux mains, un torchon  dont elle ne comprenait pas l’utilité accroché ou collé à son bras, l’elfe brune sert depuis déjà une bonne heure les clients qui vont et viennent et ceux qui en redemandent.

Jusque là, tout semblait se passer plutôt bien, la brune s’acquittait plus ou moins  bien de sa tache, arrivant pour le moment à se rappeler des commandes sans trop se tromper. Pour couronner le tout, la Moon’n Cow n’avait pas encore largué de bombe odorante et si on omettait qu’elle n’avait pas prit la peine de se laver avant de venir, autant dire que c’était un grand pas.


Vendredi, 20h30

ça commence à gueuler plus fort, à boire plus. Mary commence à avoir du mal à tenir la cadence et elle serre de plus en plus les fesses pour retenir le pet qui menace de fuir depuis déjà de nombreuses minutes pour ne pas dire depuis presque 1h.

Elle sent son ventre gronder, le fond de ses entrailles qui voit s’accumuler ses bulles de l’apocalypse. Mary pose une chope, deux chopes puis retourne au comptoir pour aller chercher des plats fumants. Jusque là elle tient bon mais des perles de sueur viennent à apparaître sur son front, signe qu’une lutte profonde était en train de se mener.

Le plateau de nouveau chargé, Mary retourne vers les tables, le torchon toujours bien accroché, les fesses toujours bien serrées mais le loquet était sur le point de céder. Elle savait que la moindre perturbation dégoupillerait la grenade et l’elfe ne pouvait rien faire contre cela.

La table est proche, Mary pose son plateau sur le bois, ses oreilles bourdonnent de la cacophonie ambiante? Une première assiette de posée, une seconde et voilà le plateau qui se vide sur un visage crispé à demi-souriant. L’elfe se moquait royalement des nez retroussés, plissés voire fermés par des mains lorsqu’elle venait poser les commandes. Des réactions qu’elle avait l’habitude de voir en sois.

Puis la dernière assiette se pose, Mary se redresse avec son plateau vidé et commence à se retourner pour rejoindre le comptoir et continuer le service.

Le temps se suspens, les secondes semblent s’arrêter alors qu’un client se recule pour lancer une fléchette. Un pas en arrière, puis un autre. Il n’a pas d’yeux derrière la tête, ne voit pas que Mary est là, qu’elle quitte la table qu’elle vient de servir. L’assistance ignore le dangers qui rôde à cet instant, la grenade sur le point d’exploser.

Et le drame survient.

Mary se prend le coude du client dans le nez, le pied vient marcher sur le sien. Le plateau quitte les mains de la serveuse improvisée, l’autre pied part en arrière pour tenter de garder un peu de stabilité et éviter de chuter à terre. Le plateau lui se met à tourner dans les airs, en direction du sol. La chute semble durer une éternité et lorsque le métal rencontre enfin le bois, la grenade qui tenait encore fermée vient à exploser, dégoupillée par le choc.

L’orage semble alors gronder dans la salle, un orage fort, piquant, violent. Un orage accompagné de plusieurs répliques tout aussi piquantes.

Et le premier corps tombe, foudroyé.

Dernière édition par Mary Bloodymousse le Dim 23 Juin - 14:43, édité 1 fois

Vendredi 20h45

La panique s’est emparé du Rex devant une scène des plus étranges. Des corps au sol dans des expressions horrifiées comme s’ils avaient rencontré leur pire cauchemar voir peut-être un basilic. Les rescapés avaient fui leurs tables, abandonné leurs chaises qui gisaient à terre telles des cadavres dans une scène de guerre.

Le bois buvait le sang des chopes répandu dans la panique générale, le sol teinté d’ocre, de rouge lorsque les sauces, les soupes avaient chu des tables. Quelques dés étaient perdus au milieu des corps telles les balles d’une arme qui avaient manqué leur cible. Céleste avait ouvert des yeux ronds lorsque l’orage s’était abattu au centre du Rex, elle avait fait évacuer autant qu’elle pouvait les clients encore debout, protégeant son nez. Mary elle se massait le nez, un léger filet de sang s’écoulant, ignorant royalement le chaos qu’elle venait de déclencher.

Elle se baisse pour ramasser son plateau, comme si tout allait bien, passe une manche crasseuse sur son nez pour tout essuyer devant des regards horrifiés qu’elle capte lorsqu’elle se redresse.

-c’est sa faute…..

Les murmures se font entendre, véhiculant ces mêmes mots, des doigts venant montrer la meurtrière de l’air sain. Mary hausse un sourcil puis regarde la salle, captant les corps au sol, les plus proches d’elle. Allez savoir comment mais un nuage était devenu visible, d’un vert caca d’oie, épais et flottant à milieu de salle autour de l’elfe et s’étendant sur une bonne partie de la salle. Les survivants du massacre se tenaient quant à eux proche des murs, Céleste et quelques courageux faisant sortir ceux qui n’étaient pas piégés au niveau du bar. En effet…le nuage avait prit en otage le bar même si le bois de ce dernier formait un rempart contre l'émanation toxique.

Mary regarde l'assistance désabusée puis finit par se marrer.

-et bah, c’est qu’c’est sensible c’est p’tites bête là.
-C’es pas humain une telle chose !!!
-c’tombe bien j’suis pas humaine, chuis une elfe, ça s’voit pas ?
-.....................vous pouvez pas être une elfe…..
-c’est raffiné des elfes !!!!!

Mary lève les yeux au ciel et tout en se déplaçant au milieu du nuage vert, retourne poser son plateau sur le comptoir.

-c’des cons les elfes qu’vous connaissez, c’tout. Bon bah, si y a plus d’clients hein, j’vais pouvoir remballer et m’casser.

Elle fait volte face pour rejoindre la porte et voit que cette dernière est bouchée par Céleste et d’autres aventuriers.

-désolée de vous décevoir mais je ne peux pas vous laisser sortir. Pas tant que vous n’aurez pas rangé et nettoyé les lieux en plus de…faire disparaitre cette..chose.
-....c’est qu’un p’tit nuage d’rien du tout, c’que vous êtes sensible rooooh

Elle grommelle puis regarde de nouveau la salle. Elle vient retrousser les manches de son haut puis d’un bon pas rejoint la porte venant se poser devant les aventuriers l’air ronchon mais un sourire moqueur sur le visage.

-OK j’vais l’nettoyer c’bar mais pour l’aération va vous falloir plus que des p’tites f’nêtres.

Et elle se retourne tout en larguant quelques nouveaux pets, moins puissants cette fois.

Et c’est là qu’on entend le doux bruit d’un client du bar qui finit par laisser au sol son repas et sa boisson, le visage devenu vert.

Vendredi 21h15

Au milieu du Rex flotte toujours ce nuage vert mais il y a moins de vivants contre les murs, les vigiles ayant pris le relai pour faire évacuer les rescapés de la fuite de gaz. Les lieux se vident doucement, le défi consiste maintenant à entrer dans la salle avec des masques à gaz pour sortir les corps inertes.

Où se trouve Mary à ce moment ? Et bien elle est dans la salle, à relever les tables tout en chantonnant comme si tout était parfaitement normal. Elle ne s’occupe pas des corps, après tout on ne lui a pas demandé et elle avait déjà assez à faire pour remettre les lieux en ordre. Une première table retrouve donc sa position normale sur le sol. Les chaises qui étaient avec subissent le même sort et un sourire satisfait se dessine. Il lui en fallait peu.

Prise dans sa lancée elle vient donc se déhancher entre les sauveteurs masqués et les meubles à terre, quelques petites bombes se retrouvant larguées de temps à autre.

-bon sang vous pouvez pas vous retenir ???
-si j’me re’tiens t’as un s’cond nuage, t’préfères quoi ?

Et elle se marre d’un rire gras devant les yeux ronds et furieux de l’aventurier.

-croyez moi ça sera remonté !
-bah vazy, tu veux qu’j’te dise quoi ? Va t’plaindre à la guilde s’tu veux, c’leur faute si j’suis là. C’pas comme si c’était pas connu d’leur dossier eheheheheh

Et de nouveaux grondements se font entendre. Et toc, l’elfe sourit toujours moqueuse. Céleste plisse le regard tout en aidant à sortir les personnes dans le comas.

-on va refiler cette elfe au canasson affamé tient. il sera ravi.
-qui ?
-un gratte papier de la guilde. Après tout, c’est eux qui l’on envoyé en mission ici, c’est de leur faute.
-pourquoi canasson affamé ?
-parce qu’il a des dents de cheval et qu’il a que la peau sur les os.

Mary ne savait pas de quoi ni de qui ils parlaient et s’en moquait dans les faits. Notez que l’elfe savait comment faire disparaître ce lourd nuage mais ne comptait pas donner la solution la plus efficace avant la fin de cette soirée, histoire de bien pourrir l’ambiance un peu plus et faire passer l’envie à la Guilde de lui refiler de nouveau ce genre de corvée. Nul doute que cette histoire resterait gravée dans les anales et elle allait y veiller.

De nouvelles tables retrouvent leur équilibre, ainsi que de nouvelles chaises et des tabourets. Tout en travaillant, Mary marche dans les flaques des différents liquides tombés à terre, qu’il soient d’origine alimentaire ou d’origine humaine et ce sans s’en soucier le moins du monde. Scène qui tire de nouvelles grimaces de dégoût des aventuriers continuant l’évacuation à la vue des traces de pas aux couleurs et odeurs peu attrayant.

Mais Mary remettait en ordre le mobilier, personne ne pouvait le nier et s’insurger contre.
Peu à peu les meubles renversés reprennent leurs places d’origine, ne reste alors que le sol, les débris et toujours ce nuage empoisonné qui flotte.

Vendredi 23h

Il est déjà bien tard. Un silence pesant s’est installé sur le Rex. Le genre de silence que vous pouvez ressentir sur un champ de bataille vidé de ses corps, des vivants, des blessés. Une terre sur laquelle ne reste que quelques armes tombées, quelques traces du carnage passé avant.

Les tables, les chaises, les bancs avaient repris leur place. Les âmes retranchées derrière le bar ont été évacuées il y a peu à grand renfort de masques à gaz même si certains sont tombés dans les pommes pendant la traversée de la salle. Difficile de savoir si c’est parce que le masque était mal mit ou s’ils jouaient la comédie pour dramatiser un peu plus la situation. Quoiqu’il en soit, Mary finit par se retrouver seule dans la salle principale de l’établissement. Elle avait pris des torchons, ce qu’elle trouvait pour nettoyer le sol, s’armant de plusieurs pichets pour faire office de seau.

Une chaise soulevée, des torchons pleins d’eau dessous et la voilà à pousser le meuble à 4 pieds innovant en même temps le concept de la serpillère pour devenir la serpichaise. Elle avait usé un peu plus tôt des plateaux pour faire ramasse verre, dès et tout ce qui traînait de solide sur le sol, balançant le tout à la poubelle sans se soucier de savoir si des choses pouvait être récupérées. Il n’y avait pas de végétaux alors à ses yeux…tout était à jeter. L’écologie elle en faisait mais à sa manière.

Une fois terminé, (vous a t’on précisé que le nuage vert était toujours là ? et bien oui il est toujours là) Mary observe d’un oeil satisfait son ménage sans produits ménagers c’est polluant pour l’environnement puis se retourne pour regarder le bar qui avait quant à lui échappé à l’orage tombé un peu plus tôt. Elle rejoint d’un bon pas la cuisine pour tout bazarder dedans quand elle voit…..la montagne de vaisselle qui l’attendait.

Le visage de Mary se décompense en se rappelant qu’elle ne pourrait pas quitter les lieux sans accomplir sa mission et la plonge était inscrite dedans.

Misère.

C’est donc avec une tête désabusée que l’elfe part achever la vaisselle abandonnée là.

Samedi, 1h du matin.

Mary sort en trainant des pieds, des cernes de 3km de long sous les yeux, visiblement aussi lessivée que le sol et la vaisselle. Céleste était restée pour s’assurer que Mary nettoyait tout correctement et ne parte pas sans avoir finit, chose faite à cette heure avancée du matin si on oublie le nuage toujours présent.

-bon bah j’vais m’coucher moi, j’ai finit.
-et ce nuage là ?
-quoi c’nuage ?
-il est toujours là.
-ouais et ?
-on ne peut pas le laisser empoisonner encore plus le Rex…..
-bah écoute, s’tu m’certifie qu’j’ai terminé ma mission et que j’reviens plus là, j’te donne l’solution.
-..........................pardon???????????
-T’as cru qu’c’était gratuit ? S’vous êtes pas capable d’trouver vous-même comment chasser un pauv’ nuage, j’vais pas t’faire d’fleurs en t’donnant la soluce comme ça eh ! J’vis pas d’amour et d’eau fraiche moi.
-non plutôt de pets et de crasse fraiche….
-exactement

Et elle se marre, laissant Céleste désabusée. Elle finit par se masser les yeux puis regarde Mary.

-Très bien. Je considère que tu as terminé et ne remet plus jamais ni tes pieds, ni tes fesses ici.
-ç’roule. Appelez Piou chez les Moon’n Cow, fait du vent du tonnerre, il pourra vous déloger ça fastoche en deux coups d’ailes eheh
-Piou ?

Mary garde un grand sourire et tourne les talons en saluant d’un signe de main la vigile du Rex, prenant le chemin de son tronc d’arbre.

En chemin, une pensée vient s’immiscer qui la fait arrêter et regarder vers la ville.

Venait-elle de faire un pet de rang argent ?