La Doyenne
Cultiste - Secte
Bronze
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- Date d'inscription :
- 10/09/2023
- Gils :
- 2549
- Disponibilité Rp :
- Indisponible
- Messages :
- 46
- Métier :
- Retraitée
- Couleur d'Essence :
- Bleu
- Familia :
- Secte du Chaos
- Style d'Arme :
- Coups de canne
- Rang :
- Bronze @@@@
- Puissance d'Essence :
- 913
La place des portails. Ce lieu inspirait à la doyenne un subtil mélange entre l’effroi et la mélancolie, le tout nuancé par une certaine dose inexplicable de tendresse. Parfois, elle venait s’installer avec sérénité sur l’un des bancs qui jouxtait la place, et prenait alors un petit temps de pause pour tricoter tout en observant les allers et venues chaotiques de l’endroit.
Ce jour était de ceux-là.
Certaines gens ne venaient que pour emprunter un portail qui les emmènerait ailleurs, loin de l’endroit, mais si proche en même temps. Toujours quelque part dans cet univers limité et étriqué, dans ce piège, cette infinie prison que le Chaos et l’Ordre considéraient comme leur terrain de jeu. Mais la doyenne savait, du haut de ses 1769 ans, que penser les choses ainsi n’était pas une bonne idée, pas tant que des gens plus puissants qu’elle possédaient des capacités mentales semblables à la perception et la manipulation des idées.
Aussi, elle ne pris soin de penser qu’en terme de fatalité, de tristesse, et de manque qu’éprouvaient les gens lorsqu’ils venaient en ces lieux.
Surtout qu’au milieu de ces personnes qui semblaient savoir d’où elles venaient et où elles allaient avec le temps, se trouvaient régulièrement une ouverture soudaine, semblable à toutes les autres, et dont la seule nuance se trouvait dans le regard tantôt béat, tantôt méfiant, de la personne qui en franchissait le passage. Toujours dans le sens de la venue, jamais vers le départ.
Sur la place, des gens étaient devenus des spécialistes dans le repérage de ces personnes. Certains en vue de les enrôler, mais la majorité de la masse informe qui s’empressait de repérer ces portails n’avaient qu’un seul but, que la doyenne savait futile pour l’avoir observé échouer durant des millénaires : profiter de cette brèche d’ouverture vers un espace-temps autre pour tenter de franchir, coûte que coûte, le portail dans l’autre sens.
Et, si les crétins qui tentaient de s’y frotter n’avaient été autre chose qu’un ramassis d’idiots, la doyenne les aurait appréciés à leur juste valeur.
Elle venait à peine de terminer la partie en point de riz de son travail, et commençait à enchaîner sur un jersey rapide lorsqu’une telle opportunité survint. Le portail sur sa droite, sans aucune différence avec ses semblables, s’ouvrit pour laisser passer une toute nouvelle personne. Et son regard témoignait sans conteste de son ignorance de l’endroit.
« Encore une idiote », se serait dit la doyenne si penser n’avait pas été une action risquée dont il fallait mesurer les conséquences en ce bas monde. Mais non, elle prit soin de penser « pauvre petite », et d’émettre son sourire le plus attristé alors qu’une foule de trois crétins plus décérébrés les uns que les autres venaient de bousculer la nouvelle venue pour tenter, avec la rage du désespoir, de sauter dans l’ouverture qui aurait dû les faire quitter le lieu.
Sans surprise, les jeunes insouciants se retrouvèrent téléportés à un autre portail, où ils finirent leur course au sol, humiliés et dégoûtés par la fatalité d’un destin plus grand qu’eux.
« Eh oui, le Chaos et l’Ordre sont plus malins que cela », murmura la vieille dame du haut de son mètre trente et de ses quatre-vingt-dix ans apparents.
Elle dévisagea alors la jeune dame qui venait de débarquer. Les gens avaient peut-être l’air idiot à leur arrivée, mais parfois l’Ordre commettait la plus grande erreur en ramenant la perle rare, à savoir un être non seulement digne du Chaos mais apte à envisager sérieusement de redonner ses titres de noblesse au mot « chaos » lui-même, quitte à détruire l’entité qui se revêtait à tort de l’orgueil qu’en détenait la notion. Et pour le coup, cette jeune femme avait au moins le mérite d’inspirer une certaine curiosité, avec ces chaînes cliquetantes qui l’entouraient de toutes part.
Aussi, pour tout accueil la doyenne sourit, sans cesser de tricoter pour autant.
« Bienvenue, jeune dame. Toi qui entre ici, abandonne tout espoir. »
Une phrase aussi puissante que celle-ci était toujours plus intéressante à transmettre en l’habillant d’un sourire.
Dernière édition par La Doyenne le Lun 4 Déc - 15:14, édité 1 fois
Ce jour était de ceux-là.
Certaines gens ne venaient que pour emprunter un portail qui les emmènerait ailleurs, loin de l’endroit, mais si proche en même temps. Toujours quelque part dans cet univers limité et étriqué, dans ce piège, cette infinie prison que le Chaos et l’Ordre considéraient comme leur terrain de jeu. Mais la doyenne savait, du haut de ses 1769 ans, que penser les choses ainsi n’était pas une bonne idée, pas tant que des gens plus puissants qu’elle possédaient des capacités mentales semblables à la perception et la manipulation des idées.
Aussi, elle ne pris soin de penser qu’en terme de fatalité, de tristesse, et de manque qu’éprouvaient les gens lorsqu’ils venaient en ces lieux.
Surtout qu’au milieu de ces personnes qui semblaient savoir d’où elles venaient et où elles allaient avec le temps, se trouvaient régulièrement une ouverture soudaine, semblable à toutes les autres, et dont la seule nuance se trouvait dans le regard tantôt béat, tantôt méfiant, de la personne qui en franchissait le passage. Toujours dans le sens de la venue, jamais vers le départ.
Sur la place, des gens étaient devenus des spécialistes dans le repérage de ces personnes. Certains en vue de les enrôler, mais la majorité de la masse informe qui s’empressait de repérer ces portails n’avaient qu’un seul but, que la doyenne savait futile pour l’avoir observé échouer durant des millénaires : profiter de cette brèche d’ouverture vers un espace-temps autre pour tenter de franchir, coûte que coûte, le portail dans l’autre sens.
Et, si les crétins qui tentaient de s’y frotter n’avaient été autre chose qu’un ramassis d’idiots, la doyenne les aurait appréciés à leur juste valeur.
Elle venait à peine de terminer la partie en point de riz de son travail, et commençait à enchaîner sur un jersey rapide lorsqu’une telle opportunité survint. Le portail sur sa droite, sans aucune différence avec ses semblables, s’ouvrit pour laisser passer une toute nouvelle personne. Et son regard témoignait sans conteste de son ignorance de l’endroit.
« Encore une idiote », se serait dit la doyenne si penser n’avait pas été une action risquée dont il fallait mesurer les conséquences en ce bas monde. Mais non, elle prit soin de penser « pauvre petite », et d’émettre son sourire le plus attristé alors qu’une foule de trois crétins plus décérébrés les uns que les autres venaient de bousculer la nouvelle venue pour tenter, avec la rage du désespoir, de sauter dans l’ouverture qui aurait dû les faire quitter le lieu.
Sans surprise, les jeunes insouciants se retrouvèrent téléportés à un autre portail, où ils finirent leur course au sol, humiliés et dégoûtés par la fatalité d’un destin plus grand qu’eux.
« Eh oui, le Chaos et l’Ordre sont plus malins que cela », murmura la vieille dame du haut de son mètre trente et de ses quatre-vingt-dix ans apparents.
Elle dévisagea alors la jeune dame qui venait de débarquer. Les gens avaient peut-être l’air idiot à leur arrivée, mais parfois l’Ordre commettait la plus grande erreur en ramenant la perle rare, à savoir un être non seulement digne du Chaos mais apte à envisager sérieusement de redonner ses titres de noblesse au mot « chaos » lui-même, quitte à détruire l’entité qui se revêtait à tort de l’orgueil qu’en détenait la notion. Et pour le coup, cette jeune femme avait au moins le mérite d’inspirer une certaine curiosité, avec ces chaînes cliquetantes qui l’entouraient de toutes part.
Aussi, pour tout accueil la doyenne sourit, sans cesser de tricoter pour autant.
« Bienvenue, jeune dame. Toi qui entre ici, abandonne tout espoir. »
Une phrase aussi puissante que celle-ci était toujours plus intéressante à transmettre en l’habillant d’un sourire.
Dernière édition par La Doyenne le Lun 4 Déc - 15:14, édité 1 fois
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Mer 1 Nov - 13:34