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Hypanatoi Konostinos
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descriptionDénombre les heures (Ezekiel) EmptyDénombre les heures (Ezekiel)

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Le destin était un concept étrange, qui divisait les penseurs de son monde. Certains d’entre eux pensaient qu’il était une forcé avérée. Que les choses avaient été ordonnées depuis la nuit des temps, et que cela seul pouvait expliquer de la matière amorphe et primordiale émerge des concepts et des lois et quelque chose de cohérent. Ils disaient que les pages de l’histoire de toute créature qui naissait étaient écrites, et qu’on ne pouvait que tenter de se montrer digne du rôle qui était le nôtre. D’autres, au contraire, enrageaient à la simple évocation de cette idée. La vertu, disaient-ils, ne pouvait avoir de sens que lorsqu’elle était tempérée par la liberté. Que faire le bon choix n’était bon que lorsque la possibilité de faire le mauvais existait. Que plus que cela, leur action prouvait qu’il était possible de s’élever contre l’ordre établi : ils avaient tué leurs dieux, et leurs sangs étaient maintenant bus par leurs plus grands héros. Ils avaient mis en marche la fin inexorable de leur monde. Que rien, tout simplement, ne pouvait raisonnablement laisser penser qu’une force supérieure puisse contrôler leurs actes, avant même qu’ils ne soient dans leurs esprits que des idées.

Hypanatoi rejoignait cette deuxième catégorie de penseur, mais en vérité ne faisait que peu de cas de ce dilemme. Peu lui importait cette possibilité : il agissait, et la liberté était pour lui un concept très abstrait. L’honneur codifiait ses actions, et la liberté n’était pour lui que ce qui restait une fois les chemins déshonorants écartés.

Malgré cela, il était en ce moment obligé de se demander si le destin, d’une façon ou d’une autre, n’avait pas pour lui un message particulier. Il se trouvait régulièrement, et trop souvent à son gout, confronté aux nouveaux-venus de Portalia, à ces gens qui se manifestaient sur la place des portails et quémandaient alors l’aide de la personne la plus proche. Aujourd’hui cependant, il savait qu’il n’aurait pas simplement à s’occuper de l’un d’entre eux, à répondre aux questions maintes fois entendues et à pratiquer le rituel maintes fois répétés qui l’amenait à la Guilde des aventuriers, endroit où le nouveau-venu était alors pris en charge.

Car il n’avait pas pénétré la place des portails en marchant simplement, que ce soit parce qu’il revenait d’une expédition quelconque ou parce qu’il s’apprêtait à en entamer une nouvelle. Il avait rejoint cette place en écartant hors de son chemin les badauds trop lents pour s’écarter à temps. Il avait fracturé sous le pas lourd de son armure les pavés de l’endroit, son troisième œil totalement ouvert et focalisé sur un unique individu : devant lui, son ennemi courrait. Il cherchait à se soustraire à sa fureur, sans comprendre que cela lui était entièrement impossible. Cet homme, Hypanatoi le savait, était impliqué dans le meurtre de Kemat. Il devait mourir. Il pouvait courir, et se découvrir soudain la capacité de rejoindre les profondeurs les plus abyssales ou de supporter la morsure des volcans les plus courroucés. Il mourrait tout de même. Hypanatoi ne pouvait achever sa poursuite qu’une fois ce dernier exécuté.

Il était, en vérité, heureux que ce dernier pense que prendre un portail puisse le protéger. Si avoir à l’écharper en place publique n’aurait aucunement arrêté le combattant, disposer d’un endroit plus isolé lui permettrait de ne pas avoir à se justifier auprès de la Guilde. En le fuyant de la sorte, la bête immonde lui rendait la tâche plus simple. L’ironie délicieuse de la situation l’emplit l’espace d’un instant d’un profond sentiment de joie, mais ce dernier fut rapidement dissipé.

Le destin, donc, semblait vouer au paragoï un intérêt particulier. Ce n’était pas en soi étonnant, mais la forme que semblait favoriser ce dernier lui déplaisait profondément. Le corps d’une créature nouvelle se manifesta soudainement sur le chemin de l’homme qu’il poursuivait, et ce dernier réagit promptement : se saisissant de lui, il le ceintura et bondit au travers du portail le plus proche.

Hypanatoi grogna doucement, un torrent d’air chaud s’échappant de sa bouche. La situation venait de se compliquer. Empruntant à son tour le portail à la suite du duo improvisé, il émergea sous la canopée épaisse de la Jungle de Jade. Oubliant les bruits parasites qui vinrent aussitôt l’assaillir, il vit que son ennemi avait cessé de fuir, et qu’il avait plaqué sous le cou de son otage une lame épaisse. Achevant de prendre la mesure de son environnement, Hypanatoi laissa le râle courroucé se métamorphoser en un rire maigre. Il s’avança, raffermissant sa prise sur sa lance, alors que son adversaire reculait. Ce dernier pensait pouvoir l’arrêter en impliquant un innocent. La panique, sans doute, avait terminé de pourrir son esprit.

« C’est inutile, fit Hypanatoï pour dissiper toute forme de doute. Si je dois tuer cet homme pour t’atteindre, penses-tu sincèrement que j’hésiterai, même un instant ?

- J’ai rien fait, putain ! J’sais pas ce que tu me veux !

- Mensonges ! hurla le paragoï. Mensonges, répéta-t-il plus calmement. Tes actions illuminent ta culpabilité. Laisse-le partir. Ta mort sera plus rapide, et moins douloureuse. »

Il y eut un moment de silence et d’hésitation. Le paragoï préférait malgré tout tenter d’épargner un innocent. Si sa vie pesait bien peu, comparée à la nécessité impérieuse d’obtenir justice et rétribution, passait au travers lui devait rester un dernier recours.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Lun 11 Sep - 12:30, édité 1 fois
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descriptionDénombre les heures (Ezekiel) EmptyRe: Dénombre les heures (Ezekiel)

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Je ne pensais pas que manipuler ces mécanismes puisse être dangereux. Je m’attendais à une réaction bien sûr, mais pas exactement à ce qu’une sorte de portail énigmatique apparaisse devant moi et m’aspire sans que je puisse faire le moindre geste.

Une sensation étrange m’envahit alors que des paroles venues de nulle part s’élèvent autour de moi. Attentif aux mots prononcés, je hausse un sourcil et m’apprête à répondre quand le portail me recrache sur un sol pavé. Manquant de m’effondrer au sol, je sens rapidement une main qui m’attrape par la taille avant de m’embarquer un peu plus loin.

Passage dans ce qui ressemble bizarrement à un autre portail et me voilà dans ce qui s'apparenterait à une jungle dans le monde d'où je viens. Des bruits de toutes sortes se font entendre autour de moi, mais je préfère me concentrer sur mon « sauveur ». Ouvrant la bouche pour le remercier, je sens sa prise sur moi se raffermir alors que le métal froid d’une lame vient au contact de ma gorge.

Hum… pouvons-nous… parler ?
Ta gueule !

Les mots crus et durs de l’homme ainsi que sa voix légèrement tremblante me font prendre conscience de la situation. Cet homme a peur et je sais parfaitement que la peur peut faire agir de façon irrationnelle.

À peine ai-je terminé mes déductions qu’un autre homme apparait par le portail, une lance à la main. Quelques paroles sont échangées entre les deux sans qu’on tienne compte de moi. Logique, je ne suis qu’un otage, la personne qui s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Difficile pour moi de savoir qui est la bonne personne et qui est la mauvaise - Enfin s’il y a vraiment un bon et un mauvais côté – mais je sais clairement que je ne veux pas rester là au milieu avec le risque d’y rester.

Je suis désolé, mais votre histoire ne me concerne pas…

Lâchant un soupir, je me concentre un instant et des ailes d’un bleu éclatant apparaissent dans mon dos, repoussant violemment mon agresseur contre un arbre. Sa lame glisse légèrement contre mon cou avant de s'en écarter, laissant perler quelques gouttes de sang. Déployer mes ailes est bien plus compliqué que d’habitude et je tombe à genoux sous l’effort alors que les ailes disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues. Grimaçant sous la douleur, je reste au sol, espérant que les deux hommes se concentrent l’un sur l’autre, plutôt que sur la personne affaiblie à terre.
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descriptionDénombre les heures (Ezekiel) EmptyRe: Dénombre les heures (Ezekiel)

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Le prisonnier tenta quelque chose. Comme nombre de personnes nouvellement arrivées sur ces terres, il faisait sans doute la découverte tragique de l’amenuisement de ses capacités. C’était souvent un moment difficile à accepter, plus encore au vu de la situation. Le paragoï lui-même avait eu beaucoup de difficulté à composer avec ce qu’il était devenu en émergeant pour la première fois sous le ciel portalien. Echappant brièvement à la menace de l’homme, le nouveau-venu parvint à invoquer dans son dos deux grandes paires d’ailes, leur apparition soudaine renvoyant son tortionnaire en arrière. C’était là une occasion précieuse, et Hypanatoi se rua en avant, armant dans le même coup son bras. S’il n’avait pas menti en annonçant que la vie de cet inconnu n’avait pour lui qu’une valeur très relative, il était tout de même préférable d’agir sans la mettre en danger, ne serait-ce que pour s’épargner une énième remontrance de la Guilde. Raffermissant sa prise sur sa lance, il finit par la projeter en avant, tout son corps accompagnant son mouvement. Le projectile fila dans les airs, la force de sa projection l’accompagnant d’un vrombissement sourd, sa masse lourde et dense s’arrachant à l’emprise de la gravité.

En face de lui, son adversaire, encore juché sur des appuis incertains vit venir le coup. Il était loin d’être aussi inoffensif que la plupart des portaliens. Hypanatoi traquait depuis de longs mois les membres de son organisation, et les derniers à survivre encore à son ire se rangeaient dans deux catégories. La vermine craintive qui avait abandonné ses terriers habituels pour s’enterrer aussi loin que possible, et les gens importants, qui utilisaient l’essence de ce monde pour assoir leur position dans le groupe criminel. La raclure impénitente appartenait à la seconde catégorie, et, sentant venir un projectile qu’elle savait devoir éviter, abandonna l’idée de se maintenir debout, glissant contre le tronc de l’arbre. La lame incurvée qui couronnait la lance du guerrier n’eut que peu de peine à traverser ce dernier, un craquement sec, plus proche de la détonation que d’un bruit d’impact, annonçant la victoire du métal contre le bois.

Sans ralentir sa course, le paragoï enjamba le corps inutile de l’homme ailé, et se jeta au sol, tombant de toute sa masse sur celui de sa cible. Un point vint s’écraser contre son torse, puis un second, puis un troisième, et le mouvement de percussion continua pendant encore plusieurs longues secndes, jusqu’à le guerrier, la gueule ouverte et le souffle écumant, ne s’estime satisfait. L’homme était mort : c’était une victoire modeste et sans éclat, sans doute. Mais malgré cela, il se rapprochait encore un peu plus de la complétion de sa vengeance.

Kemat obtiendrait sa rétribution, pleine et entière.

Grognant doucement, il se releva, secouant ses gantelets pour les débarrasser des déchets organiques qui les encombraient. Tournant brièvement son œil intérieur dans la direction de l’homme-bête et de ses ailes visiblement inutiles, il vit que ce dernier n’était pas mort. C’était une bonne chose.

« Reste là, lâcha-t-il »

Remontant la piste de sa lance, il vit le profond sillon qu’elle avait creusé dans le sol, et finit après quelques pas supplémentaires par remettre la main dessus. La tirant hors du sol, il la secoua à son tour, et se dirigea vers l’homme ailé.

« Tu as des questions, déclara-t-il. Elles attendront. Je suis Hypanatoi Paragoï Konostinos. Hypanatoi suffira. Tu me dois la vie, et c’est une dette que tu auras à honorer, un jour ou l’autre. Tu te trouves sur un monde nouveau, Portalia. Tes anciens dons, s’ils subsistent, sont très affaiblis. Tu as été convoqué sur ce monde pour répondre à l’appel que tu as nul doute entendu. Tu auras si tu choisis de le faire à combattre des monstres, n’ayant pas toujours forme humaine. Tu ne peux pas retourner sur ton ancien monde. Relève-toi, et prends ensuite le temps d’intégrer cela. Je vais te mener vers un endroit dont la fonction est de s’occuper de toi. Tu peux maintenant me poser les questions qui te viennent à l’esprit. »

Il n’avait jamais jusqu’à présent tenté de faire un exposé aussi dense à un de ses interlocuteurs, de peur de surcharger des esprits souvent peu aptes à intégrer de manière utiles des informations. Mais peut-être était-ce une erreur, et peut-être exposer de façon rapide et contractée ce qu’il convenait d’exposer permettrait-il à la créature qu’il avait devant lui de se concentrer sur ce qui lui était communiqué. C’était, quoi qu’il en soit, quelque chose qu’il fallait essayer.

Dernière édition par Hypanatoi Konostinos le Mar 19 Sep - 7:18, édité 1 fois
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descriptionDénombre les heures (Ezekiel) EmptyRe: Dénombre les heures (Ezekiel)

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Je me sens si faible… J’ai l’impression d’être un nouveau-né venant tout juste de voir le jour. Je ne m’en étais pas rendu compte avant, ballotté et maitrisé par mon tortionnaire. Laissant l’homme à la lance se débrouiller avec l’homme que j’ai tout juste réussi à repousser contre un arbre, je me concentre sur ma capacité angélique mais rien. Enfin… je sens une petite pointe de magie mais j’ai l’impression d’avoir perdu une partie de moi pendant ce voyage étrange.

Ne cherchant pas à faire réapparaitre mes ailes, je ferme les yeux un instant, écoutant les bruits aux alentours alors que l’homme à la lance me demande de rester ici. Je ne compte pas bouger, n’ayant pas encore repris entièrement mes esprits. Je vais avoir beaucoup de questions à poser en espérant qu’on ne me regarde pas bizarrement. Ce n’est pas tous les jours qu’on débarque de nulle part sans savoir à quoi s’attendre et disons que mon arrivée ici a été mouvementée.

Quelques minutes plus tard, je me relève doucement et pose mes yeux sur mon agresseur. Un seul regard me fait comprendre que la vie a quitté son corps. Sans la moindre grimace et sans détournement des yeux, je l’observe plus en détail pour essayer de comprendre la situation. D’après ce que j’ai entendu, l’homme était recherché pour un fait surement assez important pour que sa mort soit une des solutions optées par l’homme à la lance.

Lâchant un léger soupir, je vérifie l’état de ma tenue avant de poser mon regard sur celui qui revient vers moi, sa lance à la main. Pas le temps de lui poser une question qu’il me sort un laïus qui aurait surement rendu fou d’autres personnes. L’écoutant avec attention, je garde le silence quelques instant, le temps de faire le tri de toutes ces informations.

Ainsi, je ne suis pas la seule personne à être transporter ainsi… Portalia… C’est comme ça que ce monde s’appelle. C’est donc ici que la voix que j’ai entendu dans la zone d’obscurité totale m’a envoyé. Observant les alentours, je me souviens vaguement de la vue d’une ville avant d’être emporté par mon agresseur. C’est très certainement là-bas que… Hypanatoi va m’emmener. C’est là-bas qu’il faudra que je trouve ma place. Hochant la tête à la fin de son discours, je prends la parole d’une voix douce et posée.

Je m’appelle Ezekiel et je vous remercie de m’avoir aidé… J’espère un jour pouvoir honorer cette dette. J’ai remarqué que votre cible était bien plus importante que ma propre vie donc je vais faire mon possible pour ne pas vous gêner trop longtemps.

L’homme est brusque dans ses dires et pourtant, je reste calme, préférant analyser ses paroles pour bien comprendre la situation. Hésitant un instant, je finis par ajouter quelques mots.

L’appel parlait d’avoir été choisi pour combattre des créatures mais… Je ne suis pas un combattant. Dans le monde d’où je viens, j’étais plutôt un observateur et potentiellement un guérisseur du corps et de l’esprit. Qu’en est-il vraiment de la situation de Portalia pour avoir autant besoin d’aide ? Est-ce possible d’en savoir plus ? Ça me permettrait surement de m’adapter et de trouver ma place plus rapidement.
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descriptionDénombre les heures (Ezekiel) EmptyRe: Dénombre les heures (Ezekiel)

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L’homme qu’il venait de secourir semblait se remettre aisément de son ordalie. Le paragoï n’avait que trop l’habitude des âmes facilement blanchies qu’alignaient normalement ce monde. C’était, malgré le contenu peu enthousiasmant de ses paroles, déjà quelque chose de meilleur. Plus important encore, il semblait disposé à coopérer, et c’était là encore un bon signe. Faisant preuve de contrition, il avait noté avec humilité le peu d’importance qu’avait sa vie, et c’était bien encore un signe supplémentaire qui méritait d’être noté. Une telle humilité, un tel pragmatisme n’était pas normalement l’apanage de l’engeance portalienne. Peut-être avait-il devant lui un spécimen différent, encore qu’il soit bien tôt pour porter ce genre de verdict définitif. Leurs chemins, de toute façon, étaient appelés à se séparer bien rapidement. Comme il le lui avait exprimé, il allait le mener devant l’administration portalienne, et une fois ce fardeau remis entre leurs griffes attentives, il n’aurait sans doute plus jamais à s’en préoccuper. Pour l’heure, cependant, le destin ou le hasard faisaient qu’il était sa responsabilité. Lui faisant signe de le suivre, il se mit en route, gagnant d’un pas tranquille le portail qui devait les ramener sur la place centrale de la cité.

« Tu as bien fait. Et je ne prétends pas connaître la volonté des dieux jumeaux de Portalia. Je sais simplement que tu as été appelé, et que la quête pour être accomplie demande de lutter. Je sais aussi que tu n’es obligé d’y répondre, continua-t-il sans chercher à cacher le peu de respect que cette éventualité lui inspirait. Tu trouveras ta place, d’une façon ou d’une autre. Tu n’as pas le choix. »

S’interrompant brièvement, il leva sa lance dans la direction du portail, avant de la secouer légèrement pour indiquer à l’homme-bête de le traverser.

« Portalia n’est pas un endroit organisé. Diverses factions s’y disputent la primauté, et certains entendent renverser l’ordre établi, voire anéantir le monde tout entier. Quant à ceux qui souhaitent résoudre cette quête, ils ne sont pas d’accord sur les façons d’y parvenir. Elle est également assaillie par les forces du Chaos, et l’intensité de ces assauts va en s’accroissant. Somme toute, elle est au bord du gouffre. »

Attendant que son interlocuteur du moment se décide à suivre ses instructions, lui-même chercha à comprendre ce qu’il voulait dire. C’était une chose qu’il avait toujours du mal à faire, malgré le fait qu’il soit coincé sur ce monde depuis presque deux ans déjà. Qu’un adulte arrivé au fait de sa maturité et de son développement ne connaisse pas sa place était toujours étonnant. Certes, celui-ci pouvait sans rougir prétendre avoir besoin de temps pour s’acclimater à une situation nouvelle. Mais c’était l’incertitude, l’hésitation qui sous-tendait ses paroles qui interrogeaient réellement le paragoï. Ces gens vivaient dans un état permanent d’incertitude, et leurs actions étaient toujours celles d’aveugles tâtonnant à la recherche de lumière. Il doutait, en fait, que la créature qu’il avait en face de lui trouve un jour sa place dans ce monde. Ou plutôt, qu’il trouve autre chose qu’une illusion fragile.

Trouver sa place demandait après tout une connaissance aboutie de soi. De ce qu’on était. De son rôle. Et ce qu’il décrivait, même pour parler de la place qu’il avait occupé dans son ancien monde, était vague et incertain. Peut-être, malgré tout, Hypanatoi se trompait-il. Peut-être laissait-il son jugement se teinter à cause de ses expériences précédentes. Il se rappela que ce n’était de toute façon pas là quelque chose d’essentiel. Son naturel le poussait à la curiosité, à tenter de comprendre ce qu’il avait en face de lui. Mais ce n’était pas utile. Il n’avait pas le temps de mener un examen utile du spécimen qu’il guidait maintenant, et devait donc maintenir ses distances. Trop souvent, il se laissait aller à son propre naturel, à son envie de guider et d’aider ces gens.

Ils ne voulaient pas être aidés.

Ils ne pouvaient pas être guidés.

Il devait, tant qu’il n’aurait pas dans les mains un outil capable de pallier ces lacunes, garder ses distances.
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descriptionDénombre les heures (Ezekiel) EmptyRe: Dénombre les heures (Ezekiel)

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