Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu.De nouvelles odeurs accaparèrent l’attention d’Isaya, alors qu’elle se baladait dans ce coin inconnu, dans cette cité dont elle ne connaissait rien. Des regards se posèrent sur elle, sans qu’elle n’y fasse réellement attention. Elle avait précédemment laissé sa combinaison métallique dans le Mécha, et elle avait bien sûr remarqué que ses vêtements étaient nettement plus léger que ceux des surfaciens. C’était peut-être ce qui attirait le regard de certaines personnes. C’était peut-être aussi parce qu’Isaya était une belle femme. C’était peut-être aussi parce qu’elle était une étrangère ici et que les gens le remarquait.

Il y avait beaucoup de gens, une grande ambiance en ce milieu d'après-midi, des stands et des voix qui s’élevaient bien haut. Isaya ne possédait aucun repère dans cette ville. Elle déambulait sans savoir où ses pas allaient la conduire. Elle avait dit à Aurélien qu’elle allait essayer de leur trouver un logement. Elle avait paru confiante lorsqu’elle lui avait tenu ses propos. Mais honnêtement, elle ignorait comment elle allait accomplir ça… À part, en s’informant auprès du gentil peuple de Portalia.

Ainsi, elle s’arrêta devant une femme d’un âge avancé qui accomplissait certaines tâches devant une certaine bâtisse. «Salutations!» Ayant attiré l’attention de la dame, Isaya continua : «Je me demandais si…!» Isaya ne put terminer sa phrase, car l’inconnue l’interrompit pour lui faire la chariter. …De ce qu’Isaya comprit, le froid pouvait être mordant la nuit et les hommes pouvaient se comporter comme des hommes. Ainsi, après s’être brièvement éclipsée, la dame revint et déposa un vêtement sur les épaules dénudée d’Isaya. La mécanicienne glissa les bras dans les manches du vêtement qui lui plut aussitôt.

Cette veste était peut-être un cadeau de bienvenu. …Un cadeau oui! Il y avait donc ici des gens civilisés sachant comment accueillir les étrangers. «Merci à vous! C’est gentil… Dites, pour un logement…?» L’étrangère bougea négativement l’une de ses frêles mains devant Isaya et lui signala de s’adresser à quelqu’un d’autre pour ça.

Bien. Isaya reprit donc son chemin après quelques mots courtois échangés. Elle n’était pas nerveuse à l’idée de trouver ou ne pas trouver un logement. Pour l’instant, elle profitait simplement du moment. Il y aurait d’autres occasions, plus tard, pour s’inquiéter de diverses choses. Pas maintenant. Pas après tous les périples sur sa route pour atteindre la cité.

La mécanicienne s’arrêta à un stand de nourriture. Il se dégageait de cet étal une douce odeur sucrée et inconnue. Elle avait mangé toutes sortes de choses inconnues depuis qu’elle avait atteint la surface, mais rien de pareil à ce que le marchand proposait. Des gens sortaient des pièces pour payer l’homme. Des pièces d’argent qu’Isaya ne possédait pas. Le front d’Isaya se plissa alors sous la réflexion. Pour survivre à la Ligue, il fallait travailler. Pour survivre à la Surface, il fallait aussi travailler. Elle ne s’inquiétait pas pour elle-même car elle était très douée de ses mains, pouvant fabriquer et réparer n’importe quoi. Elle s’interrogeait surtout pour son amant, lequel n’était doué qu’à piloter des machines et explorer les fonds marins… et il n’était pas si doué que cela.

En attendant… Isaya avait cueillit un truc dans la végétation un peu plus tôt aujourd’hui. Peut-être pouvait-elle faire un échange avec le marchand? Elle sortit de son sac à bandouillère un aliment rond et bien rouge, qu’elle brandit devant le monsieur avec les mots suivants : «Allo! On peut faire un échange?» Ça ne coûtait pas grand-chose d’essayer. L’homme la dévisagea alors. « Bon, vous êtes dur en affaire. Je respecte ça. J’en ai deux de plus dans mon sac. Mais c’est tout. Vous en dites quoi?», renchérit Isaya. Le marchand éleva le ton, prenant la parole d’une voix rauque : "Si t’as pas d’argent, tu dégages." Bon. Tant pis pour l’échange, hein.

Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu.Le peu aimable marchand se détourna d’Isaya et de ses pourtant si magnifique yeux cyan pour offrir son attention à ceux qui avait les moyens de le payer. L’argent semblait être la seule considération de cet homme. La mécanicienne soupira, voyant la promesse d’un bon petit plat s’évanouir. Au même instant, un second homme vint à sa rencontre. Cet homme-là détourna son attention avec un joli sourire et de belles paroles. François et Claude, s’appelait l’homme. Deux prénoms, comme si ses parents n’avaient pas su trancher. Heureusement, les parents d’Isaya n’avaient pas fait preuve d’indécision en la nommant.

Isaya récupéra sa main, ne sachant pas trop pourquoi l’homme s’en était emparé de la sorte. Peut-être une façon qu’avaient les Surfaciens de saluer les gens quand ils voulaient se montrer courtois. Eh bien, dans les profondeurs des abysses, les gens ne se saluaient pas ainsi.

«Bonjour François Claude. Puis-je vous appeler François? Ou préférez-vous Claude? Je me nomme Isaya», dit-elle, souriante, à l’image de l’homme. «Mes amis m’appellent Isa», précisa-t-elle, si jamais l’homme désirait devenir son ami. ...Bien qu’Isaya ne savait pas encore si elle voulait devenir l’ami de François Claude, ne le connaissant aucunement. Mais quoi qu’il en soit, François Claude avait un visage sympathique. Le genre de visage agréable à regarder.

«C’est exact, je suis nouvelle ici. Dites-moi, qu’est-ce qui m’a trahit? Et dites-moi également, êtes-vous friand de ceci?», fit-elle en levant la main pour montrer l’aliment que le marchand avait refusé d’échanger. «Fraîchement cueillit un peu plus tôt aujourd’hui, mais ce marchand n’en veut pas», dit-elle en haussant une épaule, l’air de trouver cela un peu dommage quand même. Le marchandage était-il mal vu à la surface? C’était peut-être ça le problème.

Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu.Il était charmeur. Il était mignon et il le savait. Son sourire avait certainement conquit plus d’une personne par le passé. Un sourire que François Claude utilisait à outrance. Mais Isaya le jugeait joli, alors il pouvait se permettre de lui faire du charme. Néanmoins, Isaya était habitué à ce genre de numéro; il lui en fallait davantage pour succomber.

…Une place au chaud dans un lit, c’était ce qu’Isaya cherchait. Peut-être que François Claude, cet homme aux deux prénoms, pouvait l’y aider. Elle jugeait l’homme de bonne compagnie, au contraire de ceux qui les avaient accueillis, elle et son ami. Elle décida qu’elle allait l’appeler François; c’était plus court et elle aimait bien.

«Dans ce cas, ce sera François», l’informa-t-elle.

Le rire de l’homme, un peu étouffé, n’offusqua pas Isaya mais la surprit. Elle pivota pour regarder derrière elle. Elle aperçut alors un homme vendant exactement ce qu’Isaya avait cueillit, et ce qu’elle avait tenté d’échanger. Ce qui expliquait la réaction du marchand. Ce qui expliquait l’amusement de François. Elle se retourna pour faire de nouveau face à l’homme.

«Je vois... Mon idée n’était pas mauvaise, mais quelqu’un a déjà eu la même!»

François l’interrogea alors naturellement sur sa date d’arrivé à Portalia, si elle avait pu rencontrer quelqu’un d'une Guilde, sans oublier de lui souhaiter un magnifique bienvenu. En réponse, son sourire s’élargit.

«Je viens d’arriver en ville. Moi et un ami. On a eu droit à un… comité d’accueil, mais pas aussi chaleureux que vous.»

D’un geste, elle fit signe à l’homme de marcher avec elle.

«Peut-être pourriez-vous me montrer un peu le coin? Si vous n’êtes pas trop occupé?», demanda-t-elle, gratifiant l’homme d’un joli sourire.

Elle attendit une réponse et croqua dans son fruit que personne ne désirait lui acheter, ni lui échanger.

Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu."Je suis désolé pour vous que votre arrivé fut désagréable. Je vais faire mon possible pour rattraper cela."

Voilà qui était bien gentil de la part de François. Cependant, aucune excuse de sa part n’était nécessaire, puisque l’homme n’avait probablement aucun lien avec les individus qui les avaient accueillis aux portes avec peu de sympathie. En même temps, Isaya concédait que leur Mécha était sûrement en partie responsable. À ce propos, Isaya se demandait si Aurélien avait trouvé un endroit où cacher leur machine.

«Pas autant désagréable que le trajet jusqu’ici. J’ai vu de merveilles choses, mais mon ami peut se montrer désagréable quand il le veut… Il le veut souvent. Et on s’est perdu. C’est une longue histoire. Une histoire pour un autre jour peut-être?»

C’était en quelque sorte une invitation à se revoir. Après tout, Isaya ne connaissait personne à Portalia. Elle désirait créer des liens et vivre au rythme de la cité. Elle était là pour construire et vivre une nouvelle vie. Elle était là pour embrasser un nouveau monde; et peut-être aussi embrasser les gens de ce nouveau monde.

L’homme lui tendit son bras, qu’elle regarda brièvement. Elle avait remarqué que certains se baladaient bras dessus, bras dessous. Peut-être une façon d’éviter de se perdre mutuellement en marchant dans les trop nombreuses rues de Portalia, dans le dédale infini de bâtiments. Francois et Isaya n’étaient pas un couple, ni même amants, mais un tel rapprochement était certainement nécessaire pour profiter pleinement d’une visite des lieux. Elle entoura le bras de l’homme et ils purent marcher côte à côte.

Elle avait rapidement constaté qu’il y avait à Portalia une grande diversité de gens, chose peu commune à la Ligue. Mili l’hybride araignée, la femme qui l’avait élevée, était pratiquement une exception. Cette diversité était fascinante.

François n’était pas un natif des lieux, mais Isaya ne doutait pas de ses talents de guide. «C’est très gentil, merci!», le remercia-t-elle lorsqu’il confirma qu’il allait partager avec elle les informations qu’il disposait, aussi maigre soient-elles.

"Sachez qu’il y a une organisation ici qui pourra vous aider dans vos premiers pas ici", commença François. "Vous donnez un peu d’argent, un endroit pour dormir aussi", continua-t-il alors qu’Isaya fronçait les sourcils, bien intriguée que quelqu’un puisse vouloir lui donner de l’argent et un logement sans qu’elle ne travaille en échange. De la charité. Comme la dame qui avait donné à Isaya la veste qu’elle portait à cet instant. Ou bien il y avait un prix caché, un prix qu'elle ignorait encore. Mais à première vue, les Portaliens étaient un peuple bienveillant et plus chaleureux que le peuple de la Ligue. "Il s’agit de la Guilde qui se trouve près de la place des portails."

«J’avoue ne pas savoir me repérer dans cette ville. J’ai atterri au Marché par hasard. …Ou bien guidé par les odeurs de nourriture!», conclut-elle en riant doucement avant de croquer à nouveau dans son fruit. «Dites-moi, qu’est-ce qui vaut le détour à Portalia? Que dois-je voir absolument?»

Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu.François se réjouissait donc à l'avance d’être à nouveau en compagnie de la sublime Isaya. Voilà une réponse qui ravi la mécanicienne! François était, après tout, le premier Surfacien avec qui elle avait une réelle conversation. Et elle avait bien envie que cette conversation ne soit pas unique, qu’elle se répète dans le temps si cela était possible.

"Et bien la place des portails c’est l’endroit par où vous êtes arrivé normalement avec votre ami. Je vais vous montrer suivez-moi."

«Vous êtes le guide, je vous suivrais n’importe où!», dit-elle avec légèreté. Elle ne connaissait pas le nom des lieux. Peut-être que les grandes portes par lesquelles elle et Aurélien étaient arrivés portait le nom de «La place des Portails».

Enthousiaste de découvrir la ville de Portalia, Isaya posa ensuite une question à François, concernant les attraits. L’homme prit un temps de réflexion. Isaya eut le temps de terminer sa petite collation; elle se débarrassa du trognon lorsqu’ils passèrent à côté d’un seau.

Il lui parla de musique et de spectacle. Il utilisa le mot théâtre. Elle ne connaissait pas ce mot. Les arts… La ligue ne produisait pas d’artiste. Dans la Ligue, chaque espace comptait et, mis à part les tavernes, il y avait peu d’endroit destiné à autre chose qu’au travail. Il y avait certes de la musique dans les tavernes de la Ligue. Peut-être pas du même genre qu’à la Surface.

"Je m’y produits d’ailleurs, ça serait un plaisir pour moi que vous veniez un jour."

«Ça me ferait plaisir. Là d’où je viens, il y a peu de place pour la musique.» Là d’où Isaya venait, il y avait peu de place tout court; les gens vivaient enfermés entre quatre murs. Le travail rythmait la vie des gens de la Ligue; le travail était la survie. Et le travail avait été le moteur d’Isaya et une façon de réaliser ses rêves.

Continuant la petite visite, Isaya cherchait dans les bâtiments des points de repère. Des enseignes qui pendaient à certains bâtiments. Des couleurs vives qui attiraient le regard. Des visages qu’elle trouva sympathique ou tout le contraire.

D’après François, La place des Portails était le point central de la ville. Il y avait apparemment suffisamment de nouveaux venus qui arrivaient par là pour constituer un attrait. Cette notion était étrangère à Isaya. À la Ligue, il y avait peu de nouvelle tête, les naissances étaient contrôlées.

«Nous ne sommes pas arrivés par-là», annonça-t-elle à l’homme une fois La place des Portails en vue, analysant la zone d’un air interrogateur. «Nous sommes arrivés par la plaine et de grandes portes à l’entrée de la ville. De quelque part par-là», fit-elle en indiquant une direction incertaine. «Comme je disais, c’est une longue histoire», lui dit-elle en affichant un sourire.

Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu.Elle n’aurait pas cru susciter une telle réaction chez l’homme, en mentionna qu’il y avait peu de place pour la musique chez elle. Une vérité qui était le quotidien de tous les gens de la Ligue. Cependant, Isaya avait le souvenir d’une chanson que sa mère lui chantait tous les soirs jusqu’au jour de sa mort. Les paroles étaient un peu lointaines aujourd’hui. Il était triste, effectivement, que la mère d’Isaya n’ait pu chanter cette chanson à sa fille encore de nombreuses années.

Isaya pouvait cependant difficilement concevoir comment la musique pouvait être la clé de l’amour et de l'amitié. Même sans le support de la musique, elle s’était fait de nombreux amis. Même sans le concours de la musique, elle s’était faite bien des amants.

Elle afficha un doux sourire à l’homme, car elle était touchée qu’il veuille ainsi lui faire connaître la musique et les arts de la surface. Elle acquiesça d’un hochement de tête ravi, acceptant que l’homme devienne également son guide dans le monde obscure de l’art. «J’ai beaucoup à apprendre de la surface», concéda-t-elle en conservant son sourire.

La place des portails était intéressante, notamment au niveau architectural, avec un joli bassin d’eau. Assurément, Isaya allait devoir montrer le chemin à son ami. D’ailleurs, pendant un instant, elle pensa à son ami; surtout, elle se demanda s’il n’était pas déjà en train de faire des bêtises.

François mentionna qu’Isaya avait eu de la chance. La chance n'était pas seule responsable. Ce n’était pas la chance qui lui avait permis de passer le cimetière de Mécha et d’atteindre la surface. Elle et Aurélien avaient cependant eut de la chance de ne pas errer sans fin dans les plaines.

Elle lui fit d’ailleurs part de sa pensée : «Je suis surtout douée en mécanique. Et mon ami est doué en pilotage. Sans quoi, chance ou non, vous et moi n’aurions pas cette belle conversation.» Évidemment, quand Isaya disait que son ami était "doué" en pilotage… c’était surtout une façon de parler. Il était bon, mais il y avait meilleur. Et ce n’était pas le temps d’en débattre. «Je viens de sous les océans», ajouta-t-elle pour éviter la confusion, puisqu’elle avait omit ce détail. Et c’était là une longue histoire.

«C’est par ici que vous êtes arrivé?», s’enquit-elle, se rappelant qu’il lui avait dit être arrivé il y a seulement quelques semaines.

La tour de la Guilde était grande, belle, majestueuse; construite ainsi pour être remarqué, pour être le point central. Isaya passa une main dans ses courts cheveux blancs, lorsqu’une bourrasque de vent passa.

«Je note», dit-elle en levant le regard vers François. «J’espère que ce n’est pas ici que se termine la visite?», dit-elle, affichant un charmant sourire. Car si Isaya était suffisamment autonome, débrouillarde et indépendante, il était plus agréable de se balader aux bras d’un homme que seule. …Enfin. Cela pouvait être sujet à débat; on pouvait être mal accompagné; la solitude était parfois nettement plus agréable.

Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu.Une sirène, hein? Isaya et François n’avaient peut-être pas la même conception du mot sirène. Isaya avait entendu dire que les sirènes avaient une dentition de requin et étaient d’impitoyables chasseurs marins. Des créatures, disaient-on, étonnantes et effrayantes. Isaya ne savait pas qui était cette Ariel dont faisait mention François mais… «Oui j’espère découvrir des trucs ! …Mais ne me comparer pas à une sirène. Là d’où je viens, les sirènes sont d’horribles créatures sanguinaires.» Elle posa une main délicate au niveau de son cœur. «Je vous assure ne pas être attirée par le sang.»

Face à la place des Portails, François lui raconta une histoire amusante. Il était arrivé sur la place... complètement nu! Invraisemblable mais vrai! Cette histoire fit doucement rire Isaya, qui ne doutait pas un instant que certains avaient dû profiter de ce joli spectacle.

Un portail s’ouvrit ensuite, faisant une démonstration à Isaya. Donc, il y avait les invocations surprises (avec de la chance, des gens pouvaient apparaître nus), et c’était également là que les gens utilisaient lesdits portails comme moyen de transport. C’était sacrément surprenant! «Ça fonctionne comment?» Oui, la mécanicienne en elle devait savoir.

Cependant, François semblait ignorer cette réponse et il lui communiqua le peu d’information dont il disposait. Isaya était simplement heureuse d’en apprendre d’avantage. Ils échangèrent un sourire. Celui d’Isaya s’aggrandit lorsque son guide confirma qu’il l’ «emmènerait jusqu’au bout du monde.»

«On peut vraiment aller au bout du monde avec les portails? …Mais non, je ne veux pas aller aussi loin. Je voudrais… goûter quelque chose, manger une spécialité Portalienne? Je n’ai rien sur moi, mais je vous rembourserai!» Et Isaya prenait un air tellement attachant, il était difficile de lui refuser. …Elle avait par le passé essuyé bien des refus à bien des demandes, mais qui ne tente rien n’a rien.

Le bonheur est parfois
caché dans l’inconnu.Les sirènes pouvaient être des créatures divines et pleines de grâce? Eh bien… Quel drôle de monde étais-ce là… Isaya et François avaient des définitions bien différentes. Évidemment, Isaya comprit facilement le malentendu; seul le compliment sous-entendu était important ici… et en l’occurrence François était un véritable charmeur. Isaya connaissait le jeu des charmeurs… Elle aimait être charmer; aimait les douces paroles et les sourires. Si ce n’avait pas été le cas, elle aurait remis François à sa place assez directement. Oh, Isaya ne doutait pas que l’homme avait dû briser bien des cœurs par le passé. «Divine et pleine de grâce… voilà qui me défini bien», répondit-elle avec légèreté, sans arrogance, sans être vraiment sérieuse. Isaya connaissait des gens qui auraient dit le contraire, qu’elle n’était ni divine ni pleine de grâce, mais Isaya connaissait aussi des gens qui ne l’auraient jamais contredit sur ce sujet.

Le fonctionnement des portails était très intriguant, mais pas suffisamment pour justifier qu’Isaya fasse des recherches poussées et produise une thèse. Isaya voulait découvrir la surface en rencontrant des gens et en vivant des aventures, pas dans un centre de documentation ou dans une librairie. Les portails étaient magiques, voilà tout ce qu’elle décida de retenir.

Les désirs d’Isaya étaient des ordres… voilà des mots qu’Isaya adorait entendre. De la musique à ses oreilles. Une petite symphonie. Le sourire d’Isaya s’agrandit et elle suivit François vers une rue non loin. Là, de bonnes odeurs vinrent tournoyer autour de la jeune femme; des odeurs qui lui étaient pour la plupart inconnues.

«Trouver quelque chose de nouveau ne sera pas difficile. L’alimentation chez moi est limitée. Poissons, algues et dérivés… la liste est courte ; un peu comme la musique.» Cependant, Isaya n'avait encore rien mangé qui était meilleur que les nouilles à base d'algues de son monde, et n'avait encore rien fumé qui était meilleur que ses cigarettes de tabac d’algues.

Sans hésiter, mais totalement au hasard, Isaya arrêta ses pas devant l’un des kiosques de la rue marchande.

«Pour un simple rendez-vous, vous feriez des folies?», demanda-t-elle par amusement. Son regard se promena sur la nourriture qui était proposée, mais elle ne savait pas quoi prendre, ce qui était bon, ce qu’elle devait absolument savourer… «J’aimerais goûter un peu de tout», dit-elle en tournant la tête vers François, cherchant conseil.