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descriptionOn ne se laisse surprendre que par la première pluie de la saison*. [feat. Harmonie] (Abandonné)Dim 24 Juil - 12:08
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“On ne se laisse surprendre
que par la première pluie de la saison*.”
que par la première pluie de la saison*.”
Bien que le soleil ait trôné haut dans le ciel toute la matinée ; aux alentours de quatorze heures de gros nuages gris et gorgés d’eau vinrent strier l’horizon. Dix petites minutes plus tard et voilà que la pluie s’en donnait à cœur joie au-dessus de Portalia. Nous venions de jeter l’ancre dans le port de la ville, le temps de refaire le plein de victuailles pour remplir les cales du Black Bear. Et évidemment, j’avais sauté sur l’occasion d’une requête de John en personne, pour m’éloigner un peu de l’équipage du trois mats afin de recouvrir un peu d’intimité… Car il n’était pas tous les jours facile d’en jouir à bord d’un bateau ; peu importe qu’il s’agisse d’un petit rafiot ou d’un trois mats. Plus le navire était grand et plus le nombre d’équipage en était démultiplié. Finalement, vous vous retrouviez toujours avec quelqu’un pour scruter par-dessus votre épaule, notamment lorsque vous occupiez le poste de Second comme moi… Tout cela me pesait par moment, notamment après de longues semaines passées à bord du Black Bear sans toucher terre. Après tout, je n’étais pas marin avant d’arriver dans ce nouvel univers ; et il m’était parfois encore difficile de m’acclimater parfaitement à mon nouveau métier. Même à l’époque où je foulais encore les ponts du Lou Wü, tout me semblait beaucoup plus simple qu’à bord du Black Bear. Sans doute parce que je n’avais pas autant de responsabilités qu’aujourd’hui. Je croyais honnêtement que cette promotion au poste de Second serait une aubaine pour moi ; mais j’avais perdu par la même occasion cette liberté infinie qui berçait le quotidien des matelots de bas rangs. A bord du Black Bear, je devais justifier toutes mes prises de décisions ; je devais materner l’équipage entier en asseyant au maximum couper dès la racine les germes de possibles tensions ; et par-dessus tout : je devais fermer les yeux face au caractère parfois difficile de notre Capitaine. Ce qui n’était pas une mince affaire, croyez-moi.
Peu désireux de me faire rincer par la pluie, je jetais mon dévolu sur la porte du premier commerce que je croisais un peu au hasard. Aussitôt je débouchais dans une librairie. La librairie d’Yseult si je me fiais à l’écriteau qui trônait en haut de la façade principale et que j’avais finis par retenir à force de passer devant chaque fois que je me rendais en centre-ville. Je remerciais toutes les divinités existantes d’avoir guidé mes pas jusqu’à cet endroit ; dont j’avais entendu non pas pour leur riche panel de livres proposés mais bel et bien pour l’un des employés.
Je m’arrêtais sur le palier une seconde et attendis d’être certain que je ne mouillerai pas toute la librairie, avant de me décider à avancer vers la rangée de livres les plus proches. La librairie semblait déserte en ce début d’après-midi, sans doute parce que nous étions un jour de semaine et que les clients réguliers ne choisissaient pas ce type de créneau pour venir flâner entre les rayonnages de la librairie d’Yseult. Je patientais une minute en jetant des coups d’œil furtifs vers le comptoir d’encaissement. Lorsqu’enfin mes yeux s’accrochèrent aux reflets mordorés d’une longue chevelure, un large sourire vint étirer mes lèvres et je hochais la tête en direction de la jeune femme pour la saluer poliment.
« — Mlle Harmonie Rex, c’est bien cela ? Enchanté de faire votre connaissance. »
Dis-je en tendant une main vers elle. Je pris alors conscience des gouttes de pluie qui dévalaient encore le long des manches de ma chemise et je ramenais aussitôt ma paume vers moi. Je tentais inutilement de l’essuyer par-dessus le tissu en lin de mon pantalon, sans succès.
« — Désolé, j’ai été surpris par la pluie. J’espère que je ne vous dérange pas. »
Ajoutais-je avec une mine contrite.
« — Pour tout vous dire, j’ai eu vent de votre précédent métier au sein de La Guilde… C’est ce qui motive ma visite d’aujourd’hui…. »
Mes yeux cherchèrent les siens pour les sonder en silence. J’espérais vivement que, malgré ma dégaine débraillée, je ne lui inspirais ni peur ni crainte… Bien que je ne doutasse pas un instant qu’elle ait pu avoir affaire à pire que moi dans le passé ; connaissant quels types d’hommes pouvaient grossir les rangs de La Guilde.
« — J’appartiens au Bataillon d’exploration maritime de La Guilde. Si je viens vous quérir aujourd’hui c’est parce que nous avons récemment ajouté un scribe à l’équipage de notre bateau, sur ordre de La Guilde évidemment, et ce afin de retranscrire l’intégralité de nos aventures par écrit… Vous étiez documentaliste à l’époque, si je ne me trompe pas ? Je ne doute pas que vous puissiez m’éclairer de nombreux conseils en la matière. Car nous souhaiterions conserver le poste de scribe à bord du Black Beat de façon pérenne. »
J’attendis une réaction de la part de ma vis-à-vis avant de reprendre la parole pour lui soumettre ma proposition. Peu désireux de l’incommoder durant ses heures de travail, une idée me vint subitement :
« — Puis-je vous proposer de vous offrir un verre, en compensation pour mon étrange requête ? Chaque travail mérite salaire, comme on dit… Je peux aussi attendre que vous fermiez boutique si cela vous convient mieux. »
Proposais-je en esquissant un pas vers l’arrière, peu désireux d’arroser tout le sol de la boutique avec mes fringues détrempées. Je connaissais l’adresse d’une taverne, non loin d’ici, qui servait des cocktails riches et variés qui plaisaient tout autant à la gent masculine que féminine de ce que j’en savais.
* Proverbe téké.
CEYLAN
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Dim 24 Juil - 12:08