Saerys Luceri est le fils aîné de riches marchands s’étant installés dans la capitale, il grandit auprès de ses parents jusqu’à ce que son propre père fasse faillite et qu’ils perdent tout. Il est né en dehors de la capitale, dans une maison assez spacieuse pour l’accueillir avec sa famille et quelques domestiques, il faisait bon vivre dans la demeure Luceri qui bordait un lac. Il se souvient que la fenêtre de sa chambre donnait dessus et qu’il aimait veiller tard en été pour voir l’or du soir briller sur le lac, laissant les volets rouges grands ouverts. Sa mère, Saerah Luceri était très proche de ses enfants, parfois elle remplaçait les précepteurs de ses enfants, souvent elle dormait avec eux, ils la rejoignaient dans sa chambre lors des nuits d’orages ou il semblait que le lac allait engloutir leur maison. Lors de sa prime jeunesse, il idéalisait sa mère qu’il comparait à ces figures mythologiques dont elle lui parlait de sa belle voix de conteuse. De plus, son père racontait à ses enfants qu’elle était une princesse, issue d’une branche cadette de la famille royale, que son ancêtre, un prince, avait été déshérité à la suite d’une querelle familiale dont bien sûr il n’était pas à l’origine. Saerys adorait ces histoires qui lui donnaient la sensation que ses histoires préférées prenaient vie. Saerah Luceri a rapidement donné naissance à un autre enfant après la naissance de Saerys, une fille, Sarine. La petite fille était encore plus fascinée que son frère aîné par ce que pouvaient leur raconter ses parents.
Peu de temps après, leur père s’enrichit et achète une nouvelle maison en ville, celle dans laquelle Saerys passe les années qui suivent. Cette maison est autrement différente, à la beauté chaleureuse de la première se succède une crainte certaine qui traverse le corps de Saerys lorsqu’il y entre pour la toute première fois. Son père, avide d’illusions, s’était offert une bâtisse gigantesque de pierres épaisses et de marbre noir qui semblait à Saerys le repaire d’un monstre cruel. C’était un vieux bastion d’une famille déchus qui fascinait M. Luceri. Puis il s’y est fait, il y a grandi et a peu à peu oublié la première maison des Luceri.
Peu à peu, il a saisi de nombreuses choses. Son père était enfermé dans ses illusions de pouvoir et de grandeur et le grand monde se moquait de lui pour cela. Il voulait être prince, il voulait de l’honneur, un nom illustre et pensait que l’argent pouvait lui offrir tout cela. Il avait choisi une épouse à l’ascendance soi-disant noble, lui a laissé nommer ses enfants d’après son propre nom, mais Saerys a bien vite compris qu’elle avait menti sur l’entièreté de son histoire. Elle n’avait eu que quelques mots à dire et avait laissé son époux se noyer dans son lot d’illusions et de fantasmes. Il apprend que c’était une femme de basse extraction qui a séduit son père et a rapidement saisi ce qui pourrait faire peser la balance en sa faveur. Elle sera allée jusqu’à falsifier un document, acheter une armepour la faire passer pour l’épée ancestrale de sa famille.
Durant cette période, ses parents se disputent souvent à cause des dépenses colossales de M. Luceri dans la réfection et l’entretien de la gigantesque maison. Au début, les enfants ne se rendent pas compte du revers de fortune, leur père entretient une vie fastueuse, une trentaine de domestiques qui chaque jour dépoussièrent les dorures, lavent les draps de soie et secouent les tapis brodés de fil d’or. Il organisait des bals très régulièrement, fut un temps ou il y en avait un toutes les semaines, Saerys et sa jeune sœur aimait se glisser entre les robes qui tournoyaient comme d’immenses spirales qui lui faisaient perdre la tête.
La haute société à laquelle le père de Saerys aspirait finit par se moquer du vieil homme qui montrait à tous l’épée de la famille de sa femme comme une relique des temps anciens. Seulement cette dernière est en réalité une épée d’apparat qui se briserait immédiatement en combat et bien trop récente pour être une véritable arme ancestrale. Son père ne l’a jamais reconnu. Il finit par réaliser l’un de ses rêves et achète un titre de noblesse, celui de la maison qu’il a acheté, mettant en colère sa femme qui trouve que c’est une dépense onéreuse, ridicule, et qui entraînera plus de moqueries encore.
Seulement les enfants n’avaient que très peu conscience des problèmes qui agitaient leur famille, de la ruine vers laquelle elle tendait. Cette vie à laquelle il a eu le temps de se faire s’arrête brusquement lorsque son père finit par prendre la fuite et avec lui tous les domestiques qui savaient qu’ils n’allaient plus être payés. Lorsque Saerah Luceri voulut vendre la maison, elle apprit qu’elle ne le pouvait pas puisqu’elle appartenait à son époux qui n’était toujours pas mort. Elle voulut de toute son âme le retrouver et le tuer. Ils restèrent, trois seuls habitants d’une maison devenue froide, et pleine de courants d’air. Ils y restèrent un an sans lumière, sans rien pour se chauffer vers la fin d’année, lorsque l’hiver arriva, alors que sa mère bradait un à un tous les jolis objets qu’ils avaient possédés. D’abord les bibelots, puis les bijoux, ceux qui son père n’avait pas emporté. Saerys développa une sorte de jalousie infantile pour sa sœur, elle qui avait toujours une portion de nourriture supplémentaire, qui pu garder une bague de leur mère qu’elle lui offrit de bon cœur. Plus tard, il voulut convaincre Sarine de vendre le bijou pour qu’ils puissent se nourrir, ce qu’elle refusa. Alors il l’a détesta de faire passer une bague avant sa famille, mais aussi pour la force qu’elle avait, lui qui aurait sacrifié la seule chose qu’il reste de son passé sans remords. Elle était plus forte que lui, plus courageuse, plus fière.
Cette maison que Saerys avait appris à aimer devint le tombeau de sa propre famille, les couloirs se succédaient mais comme il n’y avait plus ni meuble ni rien, ils paraissaient les longs boyaux d’un serpent qui l’avait avalé. Et il faisait si froid. La sœur aînée de leur mère les rejoint au cours de l’année, c’était une femme austère aux cheveux sombres qui n’avait de cesse de pousser Saerah a abandonner ses enfants pour se remarier, elle qui était encore jeune. Elle ne lui répondait rien, ce qui effrayait grandement le jeune garçon qui pensait qu’elle les aurait défendus. Il craignait chaque jour qu’elle ne revienne pas, mais elle n’eut peut-être pas le temps de le faire puisqu’elle tomba gravement malade. Une fièvre fulgurante qui l’a laissa agonisante durant des jours, sa sœur a son chevet. Saerys était persuadé que ce n’est pas une manière de mourir pour une jeune femme, ni une pour une princesse même s’il n’y croyait plus, encore moins pour une mère.
La tante de Saerys, qui aimait énormément sa sœur, n’avait pas les mêmes sentiments pour les enfants qu’elle voyait comme la digne progéniture d’un père lâche et sans honneur. Alors elle s’en alla, dès que sa cadette fut morte, le lendemain, n’emportant pas son corps. Les enfants durent offrir ses dernières boucles d’oreilles, deux perles de verre sans valeur, au fossoyeur qui l’emporta sur une carriole dont l’une des roues, abîmée, racla sur le pavé dans un bruit tonitruant qui bouleversa Saerys.
Ils y restèrent deux mois de plus, seuls, Saerys tentant difficilement de prendre soin de sa sœur. Un matin, un marchand les mit dehors puisque quelque part dans le monde, leur père avait vendu la maison familiale. Il le détestait pour ça et détestait que sa sœur veuille tant le retrouver. Ils errèrent durant des années, grandissant dans la rue et tentant de dénicher quelques pièces pour manger et se vêtir. Ils mendiaient, travaillaient du mieux qu’ils pouvaient, ce qui emplit Saerys d’un sentiment cruel d’injustice et de rancœur.
Ils grandirent ainsi, errant ici et là et s’éloignant peu à peu l’un de l’autre, Sarine était aussi pleine d’illusions que leur père, elle rêvait de retrouver leur vie d’avant, qu’une sorte de destin les attendait, que leur existence actuelle n’était qu’un test divin qui leur permettrait de mériter leur futur doré. Elle croyait toujours en la haute naissance de leur mère alors que Saerys lui avait montré toutes les preuves de la supercherie. Elle pensait que l’épée était réelle, que ceux qui s’étaient moqués n’y connaissaient rien et avaient été volontairement mesquins, elle rêvait de retrouver l’épée mais ne savait pas où elle avait fini. Saerys l’a trouvait trop idéaliste et n’avait pas autant de foi, il ne croyait pas au destin, ne voulait pas y croire, était d’un pragmatisme certain. Il ne comprenait pas que celle qui avait vécu les mêmes épreuves que lui ne comprenne toujours pas ce qui avait perdu leur père. Il détestait cette partie du caractère de sa sœur, sûrement quelque peu jaloux qu’elle conserve les rêves qu’il avait dû perdre pour elle alors qu’ils n’étaient pas si différents. Ils durent se débrouiller, se protéger l’un l’autre, être plus malins que le monde, dormant sous des ponts ou parfois dans des caves laissées ouvertes par inadvertance.
Une fois que Saerys fut assez grand, il décida donc de devenir un aventurier, pour gagner de l’argent qui permettrait à sa sœur de vivre décemment. Raison pragmatique, uniquement acceptable puisqu’il n’avoue pas que parfois il appréciait le regard brillant de sa jeune sœur lorsqu’il lui disait qu’il réalisait des quêtes, qu’il était une sorte de héros. Il ne voulait pas se l’avouer et ne cessait de lui répéter que ce n’était que pour l’argent, mais elle le voyait, à l’instar de leur mère, comme un personnage de contes. Il savait qu’il ne l’était pas, qu’il avait fait des choses terrifiantes et qu’il en pensait d’autres qui l’étaient encore plus, qu’il détestait ces illusions qu’il avait tenté de briser chez sa sœur, mais celle-là, il voulait qu’elle persiste. Par amour, par orgeuil, pour vivre ses rêves à travers ceux de la jeune femme, pour des tas de raisons différentes sur lesquels il ne voulait pas se pencher.

Saerys n’est pas spécialement doué pour le combat même s’il apprend, et ne pratique pas la magie qui lui fait peur, il se repose donc sur ses manipulations et son éloquence pour atteindre ses buts et s’extirper de certaines situations puisqu’il n’a pas le choix. Dans l’absolu, il aimerait retrouver leur première petite maison, celle aux volets rouges mais il en a perdu l’adresse. Il aimerait aussi remettre la main sur l'épée de sa mère qui fut perdue ou vendue, au moins une copie, même si elle ne servirait à rien, il sait que sa sœur y est attachée.

Alors alors, je suppose que je voulais un personnage qui n’est ni un guerrier ni un sorcier, qui a connu la richesse mais la perdu tout aussi vite, ce qui est bien pratique dans un univers de fantasy, je suppose que j’aime voir mes personnages galérer. Je trouve que le forum est super beau, j’espère que je m’y ferais étant donné que je n’ai pas trop l’habitude mais j’ai vraiment hâte de jouer.