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Efi Tsi'uk Aru
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Il y a des jours, où on aimerait simplement pouvoir se coucher et constater avec soulagement que nos malheurs n’avaient rien de réels. Mais tôt ou tard, il faut se réveiller, cesser de rêver. Efi ne fait malheureusement pas exception. Sa relation avec son père a toujours été des plus tendues, mais aujourd’hui, est le jour de la tempête. Toute cette tension finit par leur exploser à la figure.

Efi a retenu sa langue bien trop longtemps. Elle a beau n’être âgée que de seize ans, cette fois, sa réponse aux remontrances de son paternel est extrêmement vive. Elle ne se laisse plus faire. Alors qu’elle a désobéi pour porter secours à un chasseur disparu, et le ramener à son clan à dos d’Ikran. Faisant d’elle la plus jeune cavalière de l’histoire des Sarentu…Mais non. Son père ne tient pas compte des exploits de sa fille. Il préfère la fusiller de reproches sur place pour avoir désobéi encore une fois.

Le ton entre père et fille ne faiblit pas, au contraire, sa violence verbale ne cesse d’augmenter, jusqu’à atteindre le point de non retour. Efi déclarant songer à quitter le clan pour tenter sa chance ailleurs. Tenter de trouver une famille où elle sera acceptée comme elle est, telle qu’elle veut vivre. Sans personne pour lui dicter le moindre aspect de sa vie.

Son père ne trouvant donc rien de mieux à répliquer que de déclarer bannir sa fille du clan. Il la répudie, refuse de continuer à la voir comme sa fille, et même, dit que son départ lui offrira l’occasion de donner naissance à un meilleur héritier, plus obéissant. Ce qui blesse profondément celle à qui il était promis jusqu’ici d’être la future tsahik, qui serre alors les dents pour remonter en silence sur son Ikran.

Mais avant qu’elle ne puisse s’envoler, son père la rattrape d’un pas lourd et menaçant pour lui attraper le poignet. Ce qui fait enrager la jeune femme, mais également Sutekh, sa monture. Puisqu’elle vient tout juste de se lier à nouveau à lui, leurs émotions et sensations sont partagées. L’animal s’emballe alors, se cabre en déployant ses ailes pour se rendre menaçant et protéger sa cavalière.Juste au moment où ils se retrouvent tous deux pris dans une étrange lumière.

Mais ce mouvement aussi soudain qu'inattendu pour Efi, la désarçonne et l’envoie au sol. Sa tresse n’ayant pas une portée illimitée, sa chute rompt brusquement son lien, comme si l’on brisait un bâton en deux. Bien évidemment, rompre un lien de cette façon n’a rien de bon. Il fait même perdre connaissance à la jeune Na’vi, avant même que son crâne ait heurté le sol. Tandis que Sutekh, quant à lui, ne s’envole dans le ciel de Portalia en poussant des hurlements, projetant l’ombre de ses quatorze mètres d’envergure au-dessus des rues de la ville.

Efi quant à elle, reste au sol, semblant inerte, toujours avec l’arc de son père dans le dos et son couteau au bras droit. Un grand corps de deux mètres quatre-vingt gisant sur les pavés de la place des portails. Seule, sans personne sur qui compter pour prendre soin d’elle pendant quelques heures. Il faut dire que déplacer 190Kg à bout de bras, ce n’est pas donné à tout le monde. A moins que…plusieurs volontaires au grand cœur ne se soucient du cas d’une géante bleue à quatre doigts ?


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John Silva
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Une nouvelle journée venait de débuter dans la ville de Portalia et le clown de jade se baladait joyeusement au sein de la cité fantastique. Même dans ses rêves les plus fous, il n'aurait jamais imaginé un jour vivre une aventure si étrange, lui, un simple clown ayant vécu à la base au milieu d'un monde ordinaire, maintenant tiré au sort pour braver les dangers de ce monde. Parfois, la vie pouvait être une véritable bâtarde avec le farceur, mais John ne s'en plaignait pas, il était juste inquiet au sujet de sa pauvre mère devant vivre seule désormais.

En parlant de ce cas précis, un phénomène commun venait de surgir au centre de la place des portails, plus précisément, une grande femme à la peau bleutée tomba contre le sol armée d'un arc démesuré et d'un couteau bien aiguisé. Une foule d'inconnus s'amassa autour de la jeune demoiselle encore inconsciente, curieux de son aspect peu commun et de sa tunique tribale qui attira la curiosité du joker très inquiet de la voir inanimée. Prenant clairement les choses en mains, il demanda à des grands costauds de l'aider à l'emmener à la clinique la plus proche, chose aussitôt faite.

John tomba entre les mains d'une vieille naine un peu ronchonne à cause de la taille exagérée de la femme. Elle devait aligner deux lits pour mettre correctement sa nouvelle patiente, réclamant par la même occasion au saltimbanque une certaine somme pour prendre soin de la géante. Une négociation ardue devait se faire entre le farceur et la soignante à ce sujet, il promettait de payer les frais médicaux, mais que si la petite princesse bleutée pouvait repartir sur ses deux jambes.

Après s'être mutuellement mis d'accord avec la radine de service, le pitre était enfin seul avec la pauvre demoiselle encore inconsciente. Il était totalement émerveillé par son visage, un mélange subtil entre un humain et un félin, puis, cette peau bleutée et tigrée peaufinait l'ensemble. Un véritable trésor à contempler aux yeux verdoyants du clown. Très protecteur, il tenait fermement la main de la sauvage, inquiet à l'idée de ne pas la voir se réveiller. Il commença donc à chantonner une douce berceuse dans l'espoir de captiver ses sens...
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Efi Tsi'uk Aru
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Une arrivée fracassante et remarquée hein ? En même temps, vu la taille du bestiaux, ça aurait été compliqué de la louper. Surtout avec sa monture qui s’envole en hurlant. Bien entendu, elle ne cherche aucunement à embêter son monde avec sa taille, son poids ou quoi que ce soit d’autre. Comment pourrait-elle le faire volontairement après tout.

Heureusement, le pronostic vital est loin d’être engagé. Dans le pire des cas elle s’en tirera avec une bosse au crâne, puisque ses longues heures d’inconscience ne sont pas dûes à sa chute. Enfin, un petit peu, mais ce n’est pas la faute du choc contre les pavés. Son kuru s’est retrouvé arraché de celui de sa monture, alors fatalement, si une clé USB n’apprécie pas ce genre de déconnexion, pourquoi un cerveau le supporterai mieux ?

Mais puisque dans son cas, c’est bien la première fois, il ne devrait pas y avoir de séquelles…Hormis peut-être un moment où elle pensera halluciner à la vue de ces étranges petites créatures à cinq doigts dépourvues de queue, de kuru et de longues oreilles. Mais ça, ce n’est pas pour tout de suite. Car ce n’est que tard dans la nuit qu’elle commence lentement à reprendre conscience.

Sa tête bouge mollement de temps à autre, sans qu’elle ne perçoive clairement de son autour d’elle. Juste une sorte de mélodie sourde, étouffée et…quelque chose contre sa peau…Peut-être sa main ? Il faut encore un moment pour que ses sens s’éclaircissent suffisamment, et que ses oreilles commencent elles aussi à bouger, semblant tenter de capter le moindre son environnant en plus de cette voix.

Une voix étrangement masculine, un peu perturbante quand elle se souvient des derniers mots que son propre père a osé lui dire une fois de trop. Ses oreilles cherchent désespérément à entendre un son familier, un signe de la vie nocturne de Pandora, n’importe quoi. Mais rien, il n’y a que cette voix, et cette main…étrangement petite qui tient la sienne. Peut-être celle d’un enfant du clan ?

Pas vraiment non…Mais ça, elle ne peut que le constater avec surprise lorsqu’enfin, ses yeux commencent à s’ouvrir. Sa vision est d’abord trouble, jusqu’à revenir à la normale. Provoquant une soudaine et brusque ouverture totale de ses paupières, ainsi qu’un gros mouvement de recul. N’étant absolument pas préparée à ce genre de vision, un visage blanc parsemé de motifs étranges, Efi recule en effet brusquement…Au point de s’éjecter du, ou plutôt des lits, et de provoquer un incroyable bordel en pleine nuit. Si tout ce vacarme ne réveille personne, ce sera vraiment un sacré miracle. D’autant plus qu’elle ne retient pas ses éclats de voix. Que cela soit sa surprise, ou la légère douleur provoquée par sa nouvelle chute qui manque d’embarquer tout le mobilier avec elle.

<< E ! >>
<< Ah ! >>

<< ‘Ak… >>
<< Aïe… >>

Mais une autre chose qu’elle n’a pas pu anticiper, c’est la faible hauteur sous plafond, absolument pas adaptée à un gabarit comme le sien. Donc forcément, elle se cogne encore la tête en se relevant trop vite. Finissant par feuler en direction du plafond, comme pour l’engueuler.

<< ‘Ak ! Tsaheey ! Hisss. >>
<< Aïe ! Merdeuh ! “feule”. >>

Bon heureusement elle a littéralement la tête dure. Ses os étant renforcés en fibres de carbone. Elle peut donc enfin prendre une seconde pour observer autour d’elle, et revoir à nouveau ce petit homme au milieu d’une pièce trop petite pour elle. Mais étant de nature curieuse, elle se met à pencher la tête, captivée par cette créature.

Allant jusqu’à s’avancer vers lui, crapahutant accroupie comme un singe sur le lit, presque d’un bond. Ce qui peut surprendre avec une telle masse et ces deux yeux vairons perçants. Un regard rempli de curiosité certes, mais également de méfiance. Comme si elle se préparait à riposter en cas d’attaque ou de signe d’agressivité. Mais au final, en approchant doucement sa main, elle…presse le bout du nez de cet étrange personnage.

Puis cette peinture bleue autour de son œil, dont elle examine l’échantillon qu’elle enlève d’un passage de deux doigts, en passant ensuite son pouce contre contre leurs extrémités pour étaler la peinture. Puis elle ajuste sa posture, la stabilisant pour pouvoir toucher cet être de ses deux mains. D’abord ses petites oreilles molles, puis sa tenue aux couleurs bariolées.

<< Pela’ang…Peu lu nga ? >>
<< C’est quoi ce bordel…Vous êtes quoi ? >>


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John Silva
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Assis à côté de la grande demoiselle bleutée, le clown de jade chantait une douce berceuse pour la sortir des songes. John avait l’impression d’être un père de famille tenant la main de sa fille, essayant d’apaiser un problème venant la tirailler, mais au bout d’un certain temps, la belle créature vint soudainement ouvrir les yeux. Totalement prise de panique en voyant la tronche peinturlurée du joker, la guerrière se leva brusquement, créant rapidement un désordre hors du commun au milieu de la pièce.

Elle se cogna par la même occasion le crâne à cause du plafond pas vraiment prévu pour une personne de sa taille, et aussitôt, la grande tigresse pencha son regard magnifique sur le farceur. Imitant à la perfection le fait d’être une statue inerte, il voulait éviter tout mouvement brusque, alors le troubadour laissa la demoiselle toucher son nez rouge, son beau maquillage et sa splendide tunique sans témoigner le moindre refus. Cependant, il fit la même chose de son côté, avec des gestes doux, sans la moindre trace de violence, regardant de plus près son étrange tresse pourvue d’une sorte de filament organique. Il revint à lui quand la géante demoiselle posa grossièrement une question sur l’origine de sa personne, une réponse aussitôt donnée avec un grand sourire de la part du clown flamboyant :

John : «Je suis un clown, jeune fille bleutée…» Il posa délicatement son index sur son museau. «Mon nom de famille est Silva, mais tu peux m’appeler John, c’est toi qui décides, hahaha !» Il rigola un bon coup, avant de voir la naine arriver en catastrophe dans la pièce en pagaille. Une nouvelle dispute s’enclencha immédiatement entre l’humain et la naine sur le cout à payer pour la casse. Une nouvelle fois, le clown usa de son bagou légendaire et de son sourire de façon à apaiser cette histoire. Après avoir payé comme promis la somme exigée à la soignante, John était ruiné… «Bon… Je pense que je vais devoir recommencer à chanter… Pas grave ! ça va le faire !» Il essaya de rapporter l’arc gigantesque à la demoiselle, hélas, sans succès. «Mon dieu, ce truc pèse un âne… Jeune fille !» Le clown fit un grand écart remarquable. «Je pense que tu vas devoir me suivre pour la journée, je ne voudrais pas que tu sois seule à la tombée de la nuit.» Proclama soucieusement le barde en faisant signe à la chasseuse de le suivre en direction du centre-ville, puis armé de sa guitare, il commença de chanter à merveille pour attirer l'argent à la clé.
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Difficile de dire quelle est la principale cause de toute la confusion qui s’empare de ce visage. Est-ce la voix si masculine de cette personne qui a pourtant la taille d’un enfant ? Le mot clown qu’elle ne connaît pas ? Ou bien tout simplement le fait qu’elle semble pouvoir comprendre ce petit être, bien qu’il ne parle manifestement pas la même langue ? Et comment peut-il la comprendre aussi ? Cette langue inconnue mais dont elle saisit pourtant le sens des mots…

<< J'ai dû tomber sur la tête…Pourquoi je vous comprend ? >>

Le clown aux cheveux verts dit alors s’appeler John Silva. Mais apparemment John lui va très bien, ça doit être un diminutif. Pas sûr de savoir pourquoi ça le fait rire. En tout cas la jeune Na’vi ne voit pas ce qu’il y a de drôle…C’est vraiment quelque chose de bizarre un clown. Il y en a d’autres comme ça ? Ils ont tous le visage couvert de peinture ?

En tout cas, pour l’avoir touché et avoir été touchée en retour, ce qui est sûr, c’est qu’il est bien réel. L’odeur ne trompe pas non plus. Par contre, est-ce qu’il a pensé que se toucher le bout du nez était la façon dont son peuple dit bonjour ? Il y a beaucoup trop de questions en suspens en si peu de temps. Déjà, si ce clown a donné son nom, la moindre des choses est de lui rendre la pareille. En commençant par saluer son interlocuteur, d’une légère révérence de la tête, accompagnée d’un mouvement équivalent de la main partant de son large front.

<< Euh…bonjour…enchantée John Silva…Je m’appelle Efi Tsi’uk Aru…Mais, pourquoi vous riez ? Où je suis ? >>

Mais ils n’ont pas le temps d’aller beaucoup plus loin qu’une éventuelle réponse du clown, puisqu’une deuxième débarque presque en furie à cause du bazar causé par Efi. La jeune fille se met d’ailleurs tout de suite sur ses gardes, descendant du lit pour s’accroupir plus loin, comme un félin prêt à bondir…Un félin armé d’un couteau qu’elle dégaine au niveau de son bras droit. Mais la jeune fille comprend vite que la petite clown râle pour une bonne raison. Un rapide coup d'œil autour d’elle suffit à s’en convaincre. Elle veut donc s’excuser, mais d’une manière un peu maladroite.

<< …Pardon petite clown. >>

Forcément, ça ne plaît pas du tout à la concernée, qui se fait aussi bien comprendre que le grand clown. Pourtant elle ne voit pas ce qu’elle a pu dire de mal. Pourquoi s’énerve-t-elle comme ça ? Heureusement que celui au visage blanc prend sa défense, et même donner quelque chose en échange pour pardonner la casse. D’ailleurs, la vilaine petite clown n’a pas de peinture sur son visage…Elle aurait peut-être dû en mettre pour cacher son visage désagréable.

Mais…pourquoi est-ce que ce serait une obligation de devoir chanter après ce qu’il s’est passé ? La pauvre Efi est complètement larguée, et ça se voit au travers de l’entièreté de son langage corporel. Tout comme la tristesse qui s’empare d’elle lorsqu’elle récupère l’arc qu’elle avait avec elle. Passant donc sur la curieuse unité de mesure du poids que donne le clown. Un âne…qu’est-ce que c’est d’abord ? Toutes ces questions, c’est à se donner mal au crâne.

Et ne sachant toujours pas où elle est exactement, elle ne semble pas tellement avoir d’autre choix que de suivre le clown Jon’silva pour l’instant. Il a l’air de bien connaître l’endroit, et il a déjà pris sa défense, donc par défaut, c’est ce qui se rapproche le plus d’un allié.

Elle range donc couteau et arc pour le suivre tant bien que mal dans ce trou de souris. Tous ces clowns ont bien de la chance d’être aussi petit dans un endroit aussi exigu. Et vu tous ceux qu’elle voit allongés, parfois dans un sale état, elle comprend qu’elle se trouve dans un endroit où on soigne les blessés et les malades.

<< Tu m'as amené ici ? >>

Demande-t-elle donc au clown juste avant de pouvoir sortir par la minuscule porte d’entrée. Avant de pouvoir constater par elle-même l’absence des lunes et étoiles habituelles dans le ciel de Pandora. Ce ciel est beaucoup plus pauvre en couleurs, comme tout le reste dehors finalement. Le sol est dur, plat, sans la moindre végétation. Il n’y a aucun arbre visible, rien que ces étranges endroits qui ressemblent à celui dont elle vient de sortir.

Pensant alors que la forêt entière s’est retrouvée rasée pour être remplacée par ce paysage triste et terne, elle semble soudain choquée. Ne sachant trop comment réagir, elle est incapable de mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Son regard cherche désespérément un signe de lumière familier. Comme les tâches de rousseur bioluminescentes qui constellent son corps jusqu’au visage.

Mais tout au long du trajet, rien. Pas le moindre brin d’herbe s’illuminant sous les bourrasques de vent. Pas de plantes, ni d'animaux, pas de paysage débordant de vie et de couleurs. Rien que des pavés sur lesquels elle marche pieds nus, dépassant le moindre clown qu’elle croise de plus d’un mètre.

Son visage se décompose à mesure qu’elle avance en suivant les pas de Jon’Silva. Ses oreilles s’abaissent, et le chagrin finit par s’emparer d’elle. Les Na’vi exprimant intensément leurs émotions en comparaison des clowns, Efi semble véritablement dévastée, alors que Jon’Silva commence à chanter au milieu de…cette forêt de pierres sans âme. Encore debout sur ses jambes malgré la tristesse qui l’accable, elle interroge tant bien que mal le clown, sans retenir la moindre larme. En se tenant parfois la tête, ou bien ne sachant quoi faire de ses mains, ni dans quelle direction regarder. La pauvre fille est vraiment en panique.

<< …Qu…qu’est-ce que vous avez fait à la forêt ? Au ciel ?...Je…Je suis où ?! Eywa je t'en supplie, aide moi... >>


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Maintenant sorti de la clinique en compagnie de la tigresse bleutée, le clown de jade paradait joyeusement sur le chemin menant vers le centre-ville. Armé de son fidèle instrument, sa guitare fétiche, il jouait une mélodie entrainante, puis, combinée à sa voix mélodieuse, il éveilla la curiosité des passants, mais aussi le sourire à cause des paroles rigolotes de sa chanson. Cette étrange sérénade parlait d’un pauvre homme passant une journée vraiment pourrie, mais il tomba par chance sur un âne fort sympathique, avec lequel, ils bravèrent ensemble d’innombrable danger.

John voyait des pièces virevoltaient dans sa direction, avec l’acclamation du public pour une autre aventure loufoque à raconter, mais la détresse émotionnelle de la princesse bleutée fit tout capoter. Fortement touché par son chagrin, le joker déposa à même le sol sa guitare et prit délicatement la jeune demoiselle dans ses bras, du moins, il essayait de l’étreindre de la meilleure manière, comme le ferait un père voulant protéger sa fille. Un vrai chevalier du rire ne pouvait laisser le chagrin prendre le dessus sur son cœur, il devait impérativement lui redonner le sourire, parole de clown. Ne perdant guère de temps, il passa sa main contre son beau minois, et avec l’aide d’un sourire aussi éblouissant que le soleil, et de sa voix douce et chaleureuse, il annonça ces paroles à la demoiselle en pleure : 

John : «Efi... Tu n'as pas à t'inquiéter, je pense que ta forêt va bien, comme les étoiles de ton monde, et cette personne à qui tu dois tenir...» Il essuya ses larmes avec tendresse. «Tout comme moi, tu as été guidé sur cette terre pour vaincre des monstres menaçant ces habitants et je ne te mens pas, ça ne fait pas très longtemps que je suis arrivé ici… Alors, ensemble, essayons de garder le moral !» Il bomba fièrement le torse tel un coq de combat. «je suis là maintenant ! tu n'as pas à avoir peur.. ! John est là pour te protéger !!!» Il frappa à deux reprises ses pectoraux en faisant une mine de parfait crétin du village, afin de faire disparaitre le chagrin émanant du joli visage de la native. «Ah aussi ! oui, c'est bien moi qui t'ai amené auprès du docteur. Et petit conseil d'ami, tu dois être une chasseuse avec ton arc ? Moi, avec mon maquillage en tant qu'humain, je suis un clown, c'est ma tâche si tu préfères, et c'est ainsi que je gagne ma vie, tout en jouant de la musique et en faisant l'idiot, bien entendu, hahaha !» Il tournoya autour d'elle comme un diablotin à la recherche de farce. «Bien ! tu veux qu'on fasse quoi, Efi ? tu as faim ?»
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La pauvre fille est totalement déboussolée. Cette nature qui est si chère aux Na’vi a disparu, Eywa seule sait où. Elle n’était clairement pas préparée à un changement aussi drastique. Heureusement, elle ne se retrouve pas totalement seule. Quand bien même elle en vient à s’asseoir pour se recroqueviller sur elle-même, effrayée par ce nouveau monde, il y a là une petite paire de bras pour tenter de lui réchauffer le cœur.

Elle n’est évidemment pas sûre de comprendre pourquoi un parfait inconnu se donne autant de mal pour elle. Mais tout comme cette aide lui semble difficile à expliquer, ça reste étonnamment réconfortant d’être soutenue de la sorte. C’est clair que ce n’est pas son père qui aurait pris cette peine.

Ce qui, déjà l’aide bien à esquisser un faible sourire en coin. Pas de quoi sauter de joie mais ça montre déjà que la présence du clown arrive à être apaisante et réconfortante quand il vient essuyer ses grosses larmes et lui expliquer grossièrement qu’elle est loin de chez elle, apparemment pour se battre contre des monstres et protéger les gens du coin. Donc ouais, garder le moral ok, mais pour l’instant c’est assez difficile. Efi se pose encore beaucoup de questions.

<< C’est pas…Pandora ? Mais…pourquoi ? Est-ce que c’est Eywa qui m’a envoyée ici pour aider ? Mais…quand j’ai dit que je voulais partir, c’était pas…comme “ça”...Mais…si c’est la volonté de la reine mère…alors je la respecterai. Mais…est-ce que c’est parce qu’elle a reconnu ma valeur ? Elle veut me mettre à l’épreuve ? Elle doit penser que je peux vraiment aider ici, être utile…Je ne dois pas la décevoir. >>

C’est en effet une façon de voir les choses. Non pas comme une punition pour avoir désobéit une fois de trop, ou avoir bravé l’interdit. Avoir créer un lien avec un Ikran aussi jeune. C’est peut-être même une façon de la récompenser pour ses exploits. Oui, pourquoi pas. La volonté de la déesse de Pandora est parfois difficile à interpréter. Mais puisque son père lui a tant bassiné les oreilles pour qu’elle soit Tsahik, interprète de la volonté de la reine mère…Et bien elle interprète comme elle le peut.

Elle se fait donc une idée, en fonction de ce qui la rassure et l’apaise. Eywa ne l’a sans doute pas envoyée ici pour l’entendre pleurer comme une enfant. Mais bien pour qu’elle agisse comme la battante qu’elle a toujours voulu être. Elle a bien réussi à échapper à un grand loup-vipère en furie après tout. Et survécu à sa tentative brouillonne et hâtive dans la volière des Ikran.

Si son père ne l’a jamais reconnue à sa juste valeur, peut-être que Eywa a vu en elle quelque chose que son propre paternel refusait de voir. Un potentiel qu’elle ne soupçonne peut-être pas elle-même. Elle s’essuie donc le nez, un peu salement avouons-le. Mais comme le suggère John, il faut garder le moral. Donc, bien qu’elle ne soit pas encore totalement remise de ses émotions, elle tente d’imiter ce petit clown en se redressant bien droite.

Un progrès encore balbutiant et maladroit, mais au moins elle sourit un peu plus franchement quand le petit homme bat sa poitrine avec sa tête de guignol. Un geste que reproduit la Na’vi, mais avec un peu moins de force. Et sans la grimace forcément. Quoique, son visage encore humidifié par ses larmes doit pouvoir compter comme une grimace, non ? John est sans doute une sorte d’ange gardien placé sur la route de la jeune adolescente par Eywa, justement pour l’aider à traverser cette épreuve et se relever encore plus forte.

Un ange gardien qui est là pour la protéger de bien des choses, notamment de la tristesse ici. Il va sans doute lui falloir encore un long moment d’adaptation, mais avec le soutien de John, il n’y a pas trop d’inquiétude à avoir. Sauf peut-être pour Sutekh, qui manque encore à l’appel. Mais l’Ikran est un animal sauvage, il est doté d’un bon instinct de survie lui aussi. Alors pour l’instant, il vaut mieux se concentrer sur ce cher clown. Qui confirme d’ailleurs avoir transporté la grande alien jusqu’à la clinique.

<< Et petit conseil d'ami, tu dois être une chasseuse avec ton arc ? Moi, avec mon maquillage en tant qu'humain, je suis un clown, c'est ma tâche si tu préfères, et c'est ainsi que je gagne ma vie, tout en jouant de la musique et en faisant l'idiot, bien entendu, hahaha ! Bien ! Tu veux qu’on fasse quoi, Efi ? Tu as faim ?>>

<< En fait…c’est l’arc de mon père. Je l'ai pris sans son autorisation...Il a toujours refusé que je sois autre chose que la Tsahik du clan. Celle qui interprète la volonté de notre déesse Eywa. Mais j’ai appris à tirer en cachette. J’ai aussi fait le lien avec un Ikran alors que j’ai que 16 ans.

Je suis la plus jeune à ne jamais avoir chevauché dans le ciel. Seuls les guerriers et les chasseurs ont le droit de suivre le rite de passage à l’âge adulte. Mais je l’ai fait. Mon père a refusé, même pour aller sauver un chasseur perdu. Mais je l’ai fait, je l’ai retrouvé, il aurait dû être fier. Mais il était très en colère. Il m’a dit des choses horribles.

J’ai dit que je voulais partir pour décider moi-même de ma vie…et il m’a bannie pour ça. Mais quand Sutekh s’est cabré, je suis tombée et il est parti. J’espère qu’il va bien…Oui, forcément. Je dois le retrouver, et ensemble, nous volerons dans le ciel, et j'accomplirai la volonté d’Eywa en aidant tous ces gens ! >>


Mais elle a beau se relever vaillamment, ce sera difficile à faire si elle meurt de faim. Car concrètement, elle n’a rien avalé depuis le repas qui a précédé la dispute survenue avant qu’elle n’aille tenter sa chance avec les Ikran. Soit depuis…bien vingt-quatre heures aux bas mots. D’où le grognement qui survient alors dans son ventre. Un appel de l’estomac qui veut bien dire ce qu’il veut dire. Arrête de fanfaronner et remplis moi !

<< Oh, euh…oui. Je n’ai rien avalé depuis un moment. Est-ce qu’il y a des arbres fruitiers quelque part ? Des animaux à chasser ? Ou…snif…snif snif…c’est…c’est quoi cette odeur ? Je ne connais pas…Ça…ça fait envie. >>


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Ayant réussi à remonter le moral de la princesse bleutée, le clown de jade écouta attentivement son retour sur son lien avec son paternel. Il resta au début sous le dôme du silence, à cause du vécu presque similaire à celui du clown. Tous deux avaient subi un père pas vraiment commode, l'un aimait frapper son fils sous l’influence de la boisson et adorait le terroriser, tandis que l'autre voulait asseoir son autorité sur sa fille, à cause de son tempérament un peu trop téméraire à son goût. Le géniteur de la tigresse pouvait voir en sa fille une forte tête imprévisible à gérer et, par couardise, décida de bannir sa fille de peur de paraître pour un faible aux yeux de sa tribu ? John ne savait pas réellement quoi donner comme argumentation valable envers la demoiselle en proie au doute, mais le joker avait au moins la possibilité d’encourager cette brave guerrière à retrouver sa fidèle monture.

John : «Je vois... Même si ton père pensait le contraire, tu as écouté ton cœur et tu as sauvé un membre de ta tribu malgré ton jeune âge...» Il donna un petit coup de coude pour la félicité. «À mes yeux, tu es une brave chasseuse, je suis fier de toi, Efi ! Et nous allons aussi retrouver ton ami ! Hahahaha !» Il rigola de bon cœur et pointa du doigt le bâtiment d'où provenait la délicieuse odeur enivrant les narines des deux affamés. «Un bon repas nous attend dans cette taverne, tu ne vas pas être déçu, je te le dis.» Marchant avec une fougue légendaire, le clown passa la porte de la bâtisse en question et regarda attentivement si une place conséquente pouvait accueillir la sauvageonne. «Hm... Je crois avoir trouvé une place parfaite pour nous deux.» Faisant signe à sa camarade de rentrer, le barde peinturluré appela une serveuse, une magnifique elfe à la peau sombre vint saluer poliment le clown. «Salut Brenda ! Désolé pour le dérangement, mais il faudrait un délicieux repas pour cette jeune femme en pleine croissance.» Annonça le joker sur un ton sérieux en appréciant toujours autant la décoration harmonieuse de la salle, une propreté impeccable selon son avis. «Tu vois, cette femme charmante est une elfe, tous ceux ayant des oreilles pointues peuvent être issus de cette race, ceux plus petits, costauds et poilus, sont des nains, tu ne dois surtout pas confondre les deux, sinon tu risques de les vexer ou de les mettre en colère. Mais bon. Tu vas vite t'adapter, tu es une fille intelligente après tout.» Il avait suffisamment d'argent pour payer le repas de sa protéger, mais pas assez de façon à se nourrir, mais tant pis, la faim pouvait attendre un peu de son côté.
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Oui, on peut dire qu’en quelque sorte, elle a choisi le cœur à la raison en s’opposant si fermement à la voie tracée par son paternel. Envoyer bouler à ce point les conventions, et quand-même être soutenue par Eywa en l’autorisant à se lier à un Ikran malgré son jeune âge ou le statut imposé par son père, ce n’est pas rien.

Car en soit, si la reine mère avait voulu s'opposer à sa rébellion. Il lui aurait suffit de faire en sorte qu’aucun Ikran n’accepte de la défier, et donc lui enlever toute chance de devenir la plus jeune cavalière de l’histoire de son clan. Elle peut donc s’estimer fière d’avoir écouté son cœur. Mais si elle peut douter, John lui, n’hésite pas à la féliciter. Au point même d’exprimer de la fierté pour la détermination de la jeune fille.

Il ne la connaît pas plus que ça évidemment, mais on peut aisément y voir une volonté paternelle d’encourager une jeune fille à ressentir cette fierté. Revoir son estime d’elle-même à la hausse, reprendre confiance…Tout ce que n’a jamais fait son père biologique finalement. John en fait donc plus pour Efi aujourd’hui en cinq minutes que son propre père en l’espace de seize ans. Jusqu’à se soucier de Sutekh, c’est dire.

Mine de rien, c’est une sensation assez étrange de recevoir autant de sollicitude d’un coup, de la part d’un inconnu en plus. Au moins, le fait de croire ce qui la rassure, quand bien même ça paraîtrait idiot pour certains, couplé à toute la gentillesse de ce clown, ça devrait bien l’aider à apprécier un peu plus cette nouvelle vie…Même si fatalement, le mal dy pays et de la jungle luxuriante et colorée de Pandora se fera ressentir.

Mais pour l’heure, ce qui se fait sentir, c’est une odeur aussi nouvelle qu’agréable pour la jeune fille. John ne tarde pas à lui montrer d’où elle provient, et l’invite évidemment à le suivre à l’intérieur pour remplir un estomac probablement deux ou trois fois plus grand que celui d’un humain normal.

Autant dire que la facture risque d’être salée. Mais n’ayant pas de notion d’argent autre que le troc, la Na’vi ignore ce point, bien qu’elle se pose tout de même la question du comment “payer” puisqu’elle n’a rien à échanger sur elle.

<< Mais…je n’ai rien à offrir en échange moi. Ils donnent à manger sans rien demander en retour ici ? Mais comment ça s’appelle ici au fait ? Moi, je viens de Pandora. >>

Bon, il y a bien l’épreuve de la porte à franchir pendant qu’elle pose cette question. Mais hormis son arc qui accroche un peu l’encadrement, elle parvient à passer avec un peu de précaution. Et puisqu’elle se méfie des plafonds maintenant, elle prend d’abord le temps d’observer la hauteur de la pièce avant de se relever.

Au moins ici, elle peut se tenir debout. Même si elle doit faire attention aux poutres en bois qui traversent la structure. Mais ça va encore, c’est un peu plus “confortable” que chez le docteur. Et toute bien élevée qu’elle est, Efi salue poliment les curieux qui sont surpris de voir débarquer un tel gabarit dans la taverne. Toujours en faisant sa petite révérence de la tête et de la main.

<< Bonjour. >>

La question à un million maintenant, c’est de savoir où et surtout comment elle va bien pouvoir s’installer. Car ces sièges semblent bien petits et fragiles pour supporter une grande fille de 190 kilos comme elle. Mais curieuse de toute cette nouveauté, elle prend plus de temps à observer ces gens si différents et curieusement vêtus qu’à vraiment chercher une place.

Heureusement, John n’est pas aussi dissipé et trouve assez rapidement un coin un peu plus libre que les autres. Alors, pendant que le clown s’occupe de saluer la tenancière, Efi tente de se faire une petite place en déplaçant les chaises. Maintenant assise en tailleur au sol, elle prend une chaise et la tourne un peu dans tous les sens pour étudier ce curieux objet.

Elle voit bien que ces gens les utilisent pour s’asseoir dessus et manger sur ces grands plateaux ronds en bois. Mais clairement, elle ne va pas pouvoir s’asseoir dessus. C’est pourquoi elle reste assise par terre, à côté de ce meuble dont elle ignore encore le nom. Mais même assise comme ça, elle reste bien grande à côté de cette table.

Mais elle n’oublie pas de saluer poliment cette Brenda lorsqu’elle se rend compte de sa présence. Un peu captivée par son apparence, elle promène son regard vairon sur sa personne pour l’observer sous toutes les coutures et tenter d’en apprendre plus. Tout en se frottant le bras gauche, car mine de rien, le climat ici est bien plus doux que celui de la forêt de Pandora.

Elle a donc un peu froid, mais il fait déjà un peu plus chaud qu’à l’extérieur. Au pire, le nouveau cours dispensé par John lui occupe l’esprit. Même si au fond, elle ne comprend pas bien comment on peut réussir à confondre quelqu’un de grand, avec des oreilles pointues et une peau colorée avec quelqu’un de plus petit et désagréable. Même si le clown encense ses capacités cognitives.

<< Les elfes et les Na’vi ont presque les mêmes oreilles. Mais…comment on peut les confondre avec la petite naine de tout à l’heure ? Ils sont tellement différents. Pourquoi ils seraient en colère ? >>


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Voyant sa jeune protégée prendre sa place à sa manière à côté du meuble, le clown de jade ne savait pas quoi répondre à la juste question de la tigresse. La colère entre les peuples et les races jouait parfois sur la bêtise de ne pas avoir les mêmes attributs physiques. Et par fierté mal placée, certaines distinctions corporelles se retournaient parfois en moquerie par simple cruauté et aussi par un manque de sagesse de la personne médisante. La race elfique étant une race raffinée, ne supportant guère le penchant rustre des nains, mais il y avait dans cette histoire une guerre d’ego sur le savoir-faire ancestral de la forge et de la construction, une rivalité pimentée par des querelles puériles depuis de nombreuses années.

John : «Ma petite, Efi... Je ne sais pas vraiment comment te l'expliquer, mais peut-être dans ton monde, il fallait mieux éviter de prononcer certaines paroles devant des membres de ta tribu, alors ici, c'est un peu la même chose... » Il cherchait encore les mots. «Par exemple, quand tu as présenté tes excuses tout à l'heure à la naine, elle n'a pas apprécié le fait que tu l'es traité de clown, en gros, cela peut être perçu comme une insulte, si on est pas un clown comme moi, tu comprends ?»

En parlant d'hostilité enfantine plutôt, le joker avait le parfait exemple à montrer à la sauvageonne, grâce à l'entrée fracassante d'un groupe d'aventuriers revenant d'une quête. Tous extrêmement fatigués par leur périple, un nain engoncé dans son épaisse armure se prenait le bec avec sa coéquipière, une elfe ressemblant à une rôdeuse des bois, hurlant avec rage sur le nabot à cause d'une remarque déplacée sur sa splendide chevelure dorée. Par chance, le chef du groupe agacé de se faire remarquer par ces enfantillages par la clientèle, ordonna à ses deux camarades de cesser immédiatement cette dispute sur un ton autoritaire. Peu habitués à se faire sermonner par le vieux sage de l'équipe, le nain et l'elfe pestèrent en faisant mine de bouder chacun dans son coin, en prenant place proche du clown flamboyant et de la sauvage bleutée. Animé par une énergie soudaine, le farceur s'arma de sa guitare et, planté sur sa chaise, balança une chanson endiablée sur les deux ronchons de services :

John : «Oy ! Oy ! Nous avons en face de nous ! Un joli couple d'aventuriers ! Incapable d'avouer leur sentiment caché !!!» Il sauta de sa chaise par une force insoupçonnée. «Votre ami le nain adore votre chevelure, mais ne sait pas comment vous l'exprimer !!!» Par ces paroles totalement vraies, le nabot de métal cachait son visage avec l'aide de sa propre barbe, complètement démasqué par le troubadour. «Pas la peine de cacher votre minois virant au rouge ! Votre coéquipière est loin d'être aveugle !» Le vieux sage ne comprenait plus rien à la situation, mais il voyait bien que sa camarade elfe en pincer aussi pour le nabot, comme quoi, l'amour vache existait aussi en ce bas monde. «Au lieu de vous faire la tête ! Prenez soin de vous mutuellement, bande de nigauds !!!» Malgré la fin de cette sérénade absolument barrée, le farceur pouvait contempler avec amusement ce couple étrange s'échanger un regard complice, couvert par une flagrance de timidité. «Bien... Il semblerait que parfois l'amour puisse étouffer le conflit entre les espèces, c'est une fin que je préfère.» Une douce larme arriva à s'échapper de sa paupière gauche, tandis qu'un délicieux repas fut servi sous le nez de la sauvageonne affamée. «Mange à ta faim, ma petite...» John était revenu sur sa chaise tout calme et regardait la demoiselle sustenter sa faim avec un sourire amical. «Pandora... La terre... Nous sommes désormais sûrs un nouveau monde, loin de nos proches...» Il déposa son menton contre ses phalanges. «Par ici, les gens n’utilisent pas le troc, enfin pas tous, mais une sorte de monnaie en métal pour acheter du matériel, de la nourriture et des vêtements.» Il posa l'objet en question sur la table pour que la tigresse puisse observer la monnaie.

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Malgré la tentative d’explication de John…la pauvre fille se heurte ici à l’un des nombreux aspects de ce choc culturel. Après tout, avec toute la générosité dont fait preuve le clown, que ce soit pour faire sourire, remonter le moral ou faire rire les gens, en quoi ce serait un mal d’être comparé à lui ?

Au contraire, c’est même une bonne chose de dire à quelqu’un qu’elle nous remonte le moral comme un clown. Non ? Bon d’accord la jeune Na’vi a fait une erreur. Mais elle s’est basée sur le peu d'informations qu’elle avait en sa possession. Ce n’est pas comme si elle avait désigné la petite dame comme…une idiote ?

…Bon en fait il n’y a aucune comparaison avec une autre forme de vie qui lui vienne. Car après tout, toute forme de vie existante fait respectablement partie d’un tout. D’un équilibre naturel et fragile. Considérer une forme de vie, même un insecte, comme source de moquerie ou un nuisible reviendrait à l’insulter oui.

Considérer que l’intégralité de l’espèce n’apporte rien à l’équilibre naturel de sa planète. Et c’est bien là quelque chose d’inconsidérable pour Efi et les autres Na’vi, qui vouent un profond respect à la nature et ses nombreuses espèces, aussi bien animales que végétales.

<< Pas…vraiment non. Si les clowns sont gentils comme toi, pourquoi ce serait insultant d’être comparé à eux ? >>

Décidément, John n’a pas tiré le bon numéro s’il espérait avoir des questions faciles. Mais ce n’est sans doute pas ça qui va l’arrêter. Pas même cette étrange troupe bruyante qui débarque. Attirant immédiatement les oreilles de la féline vers eux, qui les observe alors, confuse.

Mais au fond, c’est tout de même plaisant de voir un groupe épanoui. Certains s’envoyant des piques comme de vieux amis pouvant jurer comme des charretiers tout en s’appréciant les uns les autres. Donc au final, ça fait un peu sourire la fille de Pandora, qui se met carrément à taper gaiement des mains pour accompagner la chanson improvisée du visage peint.

Qu’importe au fond qu’elle soit la seule ou non à réagir de la sorte, elle n’y oblige personne, alors tant qu’elle s’amuse c’est bien le principal. Bon, avec de grandes paluches comme les siennes, même à quatre doigts, ça clap assez fort. Et en plus tout est bien qui fini bien apparemment, donc vraiment, ça ne fait de mal à personne.

Efi connaît bien un chant propre à son clan, destiné à lui rappeler ses racines et à la guider tel un phare dans les moments les plus sombres. Mais elle ne trouve ici pas de moment propice pour en parler. Un peu plus intéressée par l’idée partagée par John. Comme quoi l’amour transcende parfois la frontière qui sépare les différentes espèces.

<< Tu veux dire, que ça peut m’arriver aussi ? Que quelqu’un ici peut m’aimer même si on est pas de la même espèce ? Même si on se déteste ? Que je pourrais choisir ? >>

Là d’où elle vient, les guerriers ont un peu la “priorité” pour se choisir un ou une partenaire. Des couples peuvent naturellement se former, mais par exemple, Efi a très vite été promise au guerrière qui prendrait la succession de son père. Un mariage arrangé oui, c’est clairement ce dont il s’agit.

Son père est donc allé jusqu’à décider de cet aspect de sa vie aussi. Bien sûr, c’est une tradition, mais Efi n’aurait pas vraiment eu son mot à dire. Même si au fond, elle ne détestait pas celui dont il était question, mais elle ne cherchait pas vraiment non plus à passer du temps avec lui pour apprendre à l’apprécier davantage.

Globalement, elle était bien trop occupée à lutter pour contrôler sa propre vie pour se pencher sur les questions et mystères de l’amour. Et puis elle est de toute façon encore jeune, elle a largement le temps pour ça. Alors oui, ce serait dommage pour certains qu’elle ne trouve pas quelqu’un de son espèce. Mais on reste encore dans le domaine du respect des autres formes de vie.

Si jamais elle a vraiment le droit de choisir, les gens d’ici n’ont pas l’air spécialement repoussants. Il est clair que si jamais quelqu’un se voit dévoré des yeux avec autant d’intensité que cette assiette, il aura touché le gros lot. Enfin, il ou elle, puisque les couples homosexuels sont plutôt communs et pas tabou chez les Na’vi. Mais Efi ne s’est pas vraiment demandé ce qui l’intéresserait le plus.

Pas plus qu’elle ne s’interroge sur cette nourriture avant de commencer à manger. Après tout, on ne sait pas. Puisqu’elle vient d’un autre monde, il y a peut-être des choses qui sont toxiques pour elle ? Pour l’instant, elle ne se pose pas la question. Elle s’en pose bien une, mais ce n’est pas celle-ci.

Après avoir remercié John, elle observe en effet son plateau, et se demande bien comment elle va pouvoir manger tout ça sans en mettre partout. Déjà que ces disques blancs sur lequel est disposé le plat l’intrigue, un petit coup d'œil aux tables voisines lui permet de voir qu’ils utilisent de petits outils pour manger.

Evidemment, elle sait ce qu’est un couteau et une cuillère, bien que ceux utilisés par son peuple soient bien plus grands, mais pas ce qu’est une fourchette. Et justement, ces couverts sont bien trop petits pour ses grandes mains. Elle tente bien de s’en saisir, mais ils lui filent un peu entre les doigts. Il est alors simple de les faire glisser jusqu’au bord de la table, mais c’est comme demander à un humain de manger avec une paire de cure-dents.

Normalement, les Na’vi se nourrissent avec leurs mains. Mais puisque John rappelle qu’ils sont tous deux loin de leurs familles, ça attriste un peu la jeune fille. Mais elle se demande aussi si John a perdu quelqu’un en arrivant ici. Sauf que si ça lui fait du mal de repenser à sa mère, alors peut-être que lui aussi souffre de sa situation ? Vaut mieux ne pas remuer le couteau dans la plaie à ce stade.

De toute façon, il lui tend une pièce en lui expliquant qu’elle sert de monnaie d’échange ici. Mais puisqu’elle n’a encore aucune notion d’argent, elle pense qu’une seule pièce suffit à obtenir beaucoup de choses. Là encore, la taille de ses doigts n’aidant pas, elle fait glisser la pièce jusqu’au bord de la table pour pouvoir l’observer dans le creux de sa main.

<< Alors…avec une seule de ces choses, on peut avoir tout ce qu’on veut ici ? Mais…comment je vais apprendre à chasser si on a pas besoin de le faire pour manger ? Est-ce qu’au moins les animaux ont droit à une mort honorable et rapide avant de finir ici ? Et…est-ce que c’est mal vu si j’essaie de manger avec mes mains ? >>



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Malgré sa bonne volonté, le clown de jade rencontrait un vrai problème pour se faire comprendre concernant la sauvageonne. John n'était pas assez pédagogue ou malin de justifier correctement le souci de se faire traiter de clown par un parfait inconnu. Son cerveau cogitait fort dans l'unique espoir de trouver la bonne réponse à lui transmettre, sans quoi, le joker aurait l'envie de se cogner la tête contre un mur. Mais il avait au moins la possibilité de répondre aux prochaines questions sans la moindre difficulté, parler d'amour, de nourriture et d'argent, cela semblait être dans ses cordes.

John : «Tu as le droit d'aimer qui tu veux, ma petite... Humain, nain, elfe, enfin bref, tant que tu auras trouvé un bon partenaire avec qui tu peux t'entendre, je pense que ça fera l'affaire.» Il coupa lui-même la nourriture pour sa petite protégée. «Tu peux manger avec tes mains, même si je pense que certains risquent de grimacer en te voyant faire ça, mais je vais te faire le plaisir de te servir moi-même la nourriture, on va éviter les remarques désobligeantes, alors ouvre la bouche ma petite guerrière...» Le clown souriant offrit un petit clin d’œil à la tigresse. «En ce qui concerne la monnaie, une pièce ne sera pas suffisante pour acheter quelque chose,  il te faudra plus de pièces pour acheter de la nourriture ou des vêtements, tout dépend de la qualité et du marchand.» Il donna un joli fragment de viande en récompense. «Pour ce qui est du respect de l'animal qu'on peut manger, je ne peux pas te le dire, mais dans mon monde, il était préférable de le tuer sans souffrance inutile, sans quoi, la viande n'était pas bonne à manger.»

Un nouveau client fit irruption dans la taverne, une sorte de pochard puant l'alcool à cinq mètres. La serveuse elfique avait déjà eu affaire à ce type la dernière fois, un être imprévisible, pouvant à tout moment devenir agressif et ce crétin avait eu le malheur de s'approcher dangereusement de la table du clown. John connaissait parfaitement ce genre de personne, à cause de l'expérience vécue avec son paternel, et il ne voulait absolument pas avoir affaire à ce type. Cependant, le destin n'écouta pas sa modeste prière et se chargea de créer une tension palpable au milieu de la salle. Enclin à chercher la merde, l'humain rond comme une queue de pelle charma à sa manière la princesse bleutée avec son haleine capable d’assommer un cheval de guerre :

L'ivrogne : «Dis donc, ma cocotte... ça te dit de sortir avec un homme, un vrai ? Pas comme ce minable en face toi ?» Son taux d’alcool explosait tellement le plafond qu'il ne se rendait pas compte du problème de taille et de force entre lui et la demoiselle...

John : «Écoute du con, je vais être gentil avec toi et je te demande de partir avant de finir avec mon poing dans la gueule...» Le visage pourtant si souriant du farceur devenait de plus en plus sombre, comme si, une rancune passée remontait à la surface de son cœur, une profonde colère empoisonna désormais son organisme. Il était prêt à protéger la sauvageonne, comme il avait protégé sa mère de son monstre de père dans le passé. «Je vais compter jusqu'à trois... Un... Deux...» Le pochard éclata de rire devant la menace bien réel du clown.

L'ivorgne : «Ferme ta gran... » Paf ! Une droite féroce de la part de John venait d’épouser sa mâchoire et aussitôt, deux dents volèrent dans la pièce, tandis que le pochard tomba net contre le sol, la bouche en sang. Une fois la menace écartée et que tout le monde resta sur le cul par l'action soudaine du barde, ce dernier reprit son siège sans témoigner la moindre empathie au sujet du perdant.

John : «Pardonne moi, Efi... Je ne voulais pas que cet idiot te fasse du mal... Et pour répondre à ta question, même si un clown peut être gentil à tes yeux, tous ne sont pas forcément gentils ou intelligents comme moi... Comme partout, il y a des êtres bons, et mauvais, alors reste toujours sur tes gardes, comme avec ce type...»
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A vrai dire, la pauvre fille était tellement occupée à tenir tête à son paternel qu’elle serait incapable de dire quel genre de personne serait susceptible de l’attirer. En fait, même si elle avait eu le temps ou ne serait-ce que la liberté de se poser la question, il aurait fallu attendre que quelqu’un accomplisse le rituel de passage à l’âge adulte. Ce qui est plutôt réservé aux chasseurs ou aux chasseuses.

Dans tous les cas, son père avait déjà décidé pour elle. Alors maintenant que l’éventail de possibilité s’est sacrément élargi avec ces nouvelles espèces…Autant ne pas s’interroger et laisser les choses venir naturellement. Néanmoins, un franc et large sourire de bonheur illumine son visage rien qu’à l’idée d’avoir enfin un peu de liberté pour…composer elle-même la partition de sa vie dirons nous.

Quant aux difficultés inhérentes à sa taille imposante de Na’vi pour se nourrir avec le matériel local. John, le guerrier du rire et pourfendeur de chagrin, se propose de la servir comme un Colibri donnerait la becquée à son oisillon. Là encore, un instant de complicité qu’elle n’a jamais connu avec quelqu’un d’autre que sa mère.

Alors certes, elle peut y voir une certaine infantilisation, mais étant donné les circonstances, ça ne la dérange pas. Et puis s’il ne faut que ça pour éviter de choquer les gens autour d’elle, ça ne coûte rien de le faire pour cette fois. Au moins le temps qu’elle puisse trouver des couverts à sa taille.

Elle a bien le couteau de sa mère, mais sans fourchette ni cuillère ça risque d’être compliqué pour manger comme eux. Mais elle pourra toujours tenter de trouver un coin de nature où chasser…quand elle aura appris à le faire…Oui donc ce sera sans doute plus rapide de trouver des couverts plus grands.

Alors tant pis, on remet ça avec un sourire amusé sur un visage des plus expressifs, sans oublier ses oreilles et sa queue qui participent également à l’expression de ses émotions quand John l’appelle “ma petite guerrière”. Si seulement son père l’avait traitée comme ça…Oui bon, elle a connu ça pendant seize ans, alors ça s’oublie difficilement.

Mais elle peut toujours penser à autre chose pour l’instant, grâce au clown de service. Mais il fallait bien qu’un ahuri de la bourgade plein comme un cartable se pointe comme si le monde lui appartenait. Si au départ, Efi peut penser qu’il s’agit du même genre de client qui fut honoré par l’envolée lyrique de John…Son visage se décompose quand il vient la voir pour ouvrir sa bouche qui empeste une odeur des plus agressives pour les pauvres narines de la sauvageonne.

Pourquoi voudrait-elle sortir du bâtiment avec quelqu’un comme lui ? Pourquoi demander à sortir alors qu’elle remplit un estomac vide depuis près de vingt-quatre heures ? Au moins elle n’a pas de mal à comprendre que ce type traite John de minable. Alors qu’il ne le connaît sans doute même pas. Même si, étant très liée à la nature, elle respecte chaque forme de vie…Il y en a dont la présence n’est vraiment pas un cadeau. Alors forcément, n’étant pas du genre à avoir sa langue dans sa poche…

<< Il ne sent pas mauvais lui au moins. Vous êtes assez grand pour sortir tout seul. >>

En plus ça veut dire quoi ça cocotte ? Probablement un autre terme méprisant quand on voit l'auto portrait que dresse le personnage. Encore une fois, la bleusaille peut compter sur la défense de l’amuseur. Au moins il donne clairement une chance d’éviter de se prendre un sale coup…Mais le soiffard avec deux grammes de sang dans l’alcool ne la saisit pas.

Après avoir demandé à sortir accompagné, il veut apparemment fermer quelque chose. Mais difficile de parler quand on a la bouche pleine d’une salade de phalanges. Efi est d’ailleurs aussi surprise que le gars par la soudaineté de ce coup de poing. Elle ne s’attendait clairement pas à en voir un, encore moins aussi rapide.

Mais malgré ça, John se rassoit sans accorder plus d’attention à ce gars étalé au sol. Il transmet même un message de prévention. Mais même s’il lui a manqué de respect, Efi ne peut s’empêcher de se soucier de l’importun. Après tout, il est dans un sale état, et personne ne semble faire attention à lui.

<< Oui je comprends mais…est-ce que c’était vraiment nécessaire de le frapper aussi fort ? Il n’a vraiment pas l’air d’aller bien. On devrait au moins l’emmener voir le docteur. >>

<< Non ne vous en faites pas pour ça. On va s’en occuper. Mangez tant que c’est chaud. >>

Mais…ne serait-ce pas l’elfe et le nain de tout à l’heure qui se proposent ? Peut-être pour remercier John Silva pour sa chanson, trop gênés pour l’avouer de vive voix ? En tout cas, Efi aime à le croire. Il faut dire qu’elle est si mignonne avec ses grands yeux en forme d’amande et John qui s’occupe de la nourrir. Ce serait bête de gâcher ce tableau.

Bon…ils le traînent plus au sol qu’ils ne le portent, mais au moins, s’il peut profiter d’un peu de compassion et de soins, tout comme Efi qui était dans le besoin, c’est bien. De son côté, même en étant nourri par ce cher clown, ce n’est pas ça qui l’empêche de poser des questions entre deux morceaux de viande.

<< Mais, si tu as pu m’emmener tout seul chez le docteur et assommer cet homme d’un seul coup de poing, tu dois vraiment être très fort non ? Au moins autant qu’un Na’vi. Tout le monde ici a cette force ? >>


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La gentillesse débordante de la grande fée bleutée émerveilla le clown de jade. Être inquiet de l'état d'un immonde pochard ayant osé la séduire ne lui avait pas retiré sa bonté d'âme. Cette guerrière avait un plus grand sens de la justice que le joker, car avec son vécu passé, John haïssait de manière viscérale tous les individus correspondant au caractère immonde de son géniteur. Ce type pouvait bien mourir devant ses yeux, le supplier de lui venir en aide en se vidant de son sang, le farceur ne bougerait pas d'un pouce, même, il serait capable d’appuyer sur la plaie pour le voir mourir dans d’atroces souffrances. Heureusement que la troupe d'aventuriers se proposa d'amener ce cafard voir le docteur le plus proche, car le comique n'aurait jamais donné de son temps à ce sale type... Par respect envers l'elfe et le nain, John leur adressa tout de même un remerciement sincère, rempli de bonté envers leur dévotion, un respect mutuel venait de naître entre eux et le clown :

John : «Merci de votre aide, je n'oublierai pas votre geste...» Enfin débarrassé de ce guignol, le farceur pouvait reprendre sa conversation avec la sauvageonne. «Hm ? Moi, fort ? Hahahahaha !!!» Possédé par un fou rire légendaire, le comique frappa sa jambe à moult reprises, avant d'essuyer des larmes sur sa joue en aguichant un sourire à faire fondre la banquise. «Ma petite Efi... Je suis loin d'être fort, je suis un clown ordinaire, rien de plus, rien de moins.» De façon théâtrale, il usa de son aura verdoyante, de son pouvoir spécial pour épater la demoiselle, car d'un coup, elle pouvait voir la main du clown se détacher de son corps et tenir le bout de son nez avec délicatesse. «Je te l'ai déjà dit, tu es bien trop lourde pour que je puisse te porter... Des inconnus m'ont aidé à te porter chez le docteur... Et tu as bien vu, je n'ai pas réussi à porter ton arc, alors une grande guerrière comme toi, impossible pour mes petits biscoteaux de clown !» La mimine baladeuse dansait sur l'épaule de la tigresse bleutée, comme envoûté par la bêtise du moment, tombant par la suite sur le plateau de la table en faisant mine de marcher lentement vers son maître. «Ce type n'était pas fort, mais un idiot de bas étage, sans moi, tu aurais pu facilement t'en défaire, mais je suis peut-être assez malin pour vaincre un membre de ta tribu...» Il faisait mine de réfléchir avec une belle tête d'idiot. «Et ce que tu vois avec ma main, c'est un pouvoir que j'ai reçu en arrivant dans ce monde. Toi aussi, tu auras le tien avec sa propre spécialité, il doit être déjà actif, mais tu ne sais pas encore l'utiliser.» Il haussa les épaules en laissant sa main revenir pleinement à son corps. «Efi... Je sais que cela peut paraître assez soudain, mais...» Il cherchait les mots, comme un père un peu à l'ouest voulant transcrire ses émotions à sa fille. «Je n'ai jamais eu la chance d'avoir une vraie famille dans mon monde, alors j'aimerais...» La serveuse elfe écoutait la conversation avec la plus grande attention. «Avoir la chance de t'avoir comme ma fille d’adoptive... Quand je t'ai vu au sol ce matin, j'ai senti mon cœur et mon âme vouloir te protéger de l'obscurité, comme je le faisais avec ma tendre mère...» Des larmes venaient entacher son doux minois. «Bien évidemment, tu as le droit de refuser cette demande égoïste, Efi...»
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Mais…pourquoi se met-il à rire encore ? Est-ce qu’elle aurait dit une bêtise ? Ça change des coups de sang de son paternel quand elle osait sortir seule la nuit. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle comprend la raison d’un tel fou rire. Efi aimerait bien rire elle aussi, mais ce n’est pas très aisé lorsqu’on ne comprend pas la blague.

Bien entendu, une fois qu’il retrouve assez de souffle pour aligner deux mots, le clown s’explique. Mais du coup…l’ado géante se rend encore moins compte de l’écart de force entre humains et Na’vi. Mais ça viendra, tôt ou tard. Il faudra simplement espérer que ce ne soit pas en blessant gravement un pilier de bar d’une simple gifle.

Sur le coup, puisque son regard se perd un peu dans la salle, et qu’elle reste encore plus habituée à la taille des bras de Na’vi qu’à celle des humains, elle ne remarque pas tout de suite que le mouvement de main de John ne colle pas avec la portée de son bras. Forcément, elle voit davantage la main sous son nez qu’autre chose.

Il se passe alors quelques secondes de flottement. Durant lesquelles le clown explique avoir eu besoin de quelques volontaires pour la transporter. D’ailleurs elle aimerait aussi les remercier, mais forcément, ça va être compliqué de les retrouver dans une ville ressemblant à un labyrinthe pour une étrangère comme elle. Mais alors, quand elle capte enfin que la main de John ne peut être sur son épaule si le reste du corps est aussi loin…

<< PUTAIN DE… !!! >>

On peut presque voir son cœur être expulsé de sa poitrine tant elle se relève brusquement sur ses deux jambes. Ce petit tour de passe-passe flanque vraiment la peur de sa vie à la jaune fille…Bon il y a eu le loup-vipère qui l’a prise en chasse une fois. Où elle a dû sauter d’une falaise, presque à l’aveugle pour lui échapper et finir avec une jambe cassée. Donc, peut-être pas LA peur de sa vie, mais une sacrée frayeur c’est sûr.

La salle entière ne manque pas de braquer tous ses regards vers elle avec une réaction aussi bruyante. Il y a même une mère qui tente de cacher les yeux de son gamin, tandis que le père fait de son mieux pour contenir le vomi qui lui remontait soudainement au fond de la gorge à la vue de cette main baladeuse…littéralement.

Cette frayeur à faire pâlir un cachet d’aspirine empêche Efi de garder le fil de la conversation. Alors, elle n’entend pas John parler de ses petits biscoteaux de clown. Elle ne retrouve un semblant de calme que pour entendre que son bienfaiteur serait peut-être assez malin pour se défaire d’un Sarentu.

<< Vu comment mon père pense tout contrôler, sans doute oui… >>

Au moins, voyant que la féline bleutée reste encore très confuse par rapport à sa main, le magicien trahit le secret du prestidigitateur en révélant les ficelles de son tour. Un pouvoir apparemment obtenu après son arrivée…Et bien avec ça, Efi prie très fort Eywa et ses ancêtres pour ne pas se réveiller un jour avec ses pieds partis en vadrouille.

Heureusement, seul John semble être concerné par de tels effets. Mais si elle doit avoir une spécialité, elle espère ne pas avoir quelque chose d’aussi…ugh. Enfin…au moins elle finit par se rasseoir, puis se sert de son couteau, adapté à sa taille lui, pour commencer à piquer et manger quelques morceaux qu’avait coupé le peinturluré.

Quant à savoir ce que pourrait être sa “spécialité” dont elle ignore l’existence…elle s’interroge. Puis saisi sa tresse pour en observer l’extrémité. De petits tentacules rosés cachés au milieu de la pointe de ses cheveux. Ils  s'agitent dans tous les sens, comme s’ils cherchaient quelque chose à attraper.

<< Je ne sais pas trop…La seule chose de radicalement différent comparé à vous autres, ce serait mon kuru. Ça nous sert à faire le lien, tsaheylu, avec d’autres Na’vi, ou bien des animaux de Pandora qui ont la même chose. Le lien nous permet d’unir notre esprit avec un autre.

Par exemple, Sutekh, mon ikran. Avec lui je n’ai qu’à penser pour qu’il sache ce que j’attends de lui. Nous ne formons alors qu’un, nous partageons nos émotions, nos sentiments, mais aussi nos souffrances.

Lorsqu’on vient au monde, notre premier lien se fait avec notre mère, le second est notre première communion avec Eywa. On peut même entendre la voix de nos ancêtres quand on se lie à l’arbre des âmes…C’est peut-être ça mais…si personne n’a de kuru ici, comment je peux m’en servir ? >>


Mais décidément, puisque ce n’est plus un ascenseur émotionnel, mais carrément un vol zéro G qu’encaisse Efi depuis vingt-quatre heures…En lâchant son kuru des yeux, voilà qu’elle s’aperçoit que le clown, alors qu’il riait à pleine gorge il y a une minute, se met à…pleurer ? C’est encore très léger en termes de larme et de sons de chagrin incontrôlés, mais ses yeux deviennent clairement plus humides quand…

…Quand il propose à Efi, qu’il ne connaît pas depuis plus de quelques heures tout au plus, d’être…adoptée. Forcément, avec une empathie comme la sienne, elle ne sait pas trop comment réagir. La voilà donc une nouvelle fois confuse. Il y a bien sûr une réponse à donner, mais elle voudrait bien l’aider à retrouver le sourire comme il l’a fait pour elle.

C’est un peu l’étape à mi-chemin de la panique, à se demander “merde, je fais quoi ? Je fais quoi ? Je fais quoi ?”. Elle ne trouve donc pas de mot à exprimer sur le moment. Alors, elle n’a d’autre choix que de s’en passer pour agir au plus vite. Elle prend donc exemple sur John, en s’approchant de lui, pour s’agenouiller et commencer à ouvrir ses bras.

Elle marque tout de même un temps d’hésitation, ne voulant pas sous-estimer sa force ou la résistance de ces humains aux os bien plus fragiles. Mais puisqu’il faut se lancer, elle enlace très prudamment l’homme ému pour tenter de l’aider, exactement comme il l’a fait avant d’entrer ici.

Si avec un tel rapport de taille on peut s’imaginer voir une adulte consoler un enfant, c’est en fait plus proche de l’inverse. Efi n’étant encore qu’une adolescente. Étonnamment, il n’y a pas besoin ici de kuru ou de faire le lien pour qu’Efi soit autant émue que le petit clown. Elle finit cependant par s’ouvrir, révélant une chose qui, au choix, fera soudainement enrager John, ou le poussera encore plus à la serrer de toutes ses forces dans ses bras.

<< J’imagine que, puisque mon père m’a bannie, m’a dit que je ne suis plus sa fille…je n’ai personne d’autre sur qui compter à part toi…Nulle part où aller…De toute façon, je pense qu’il a été assez clair quand il m’a giflé devant tous les autres…C’était extrêmement humiliant…

Il n’avait jamais levé la main sur moi jusqu’à hier…quand je suis revenu à l’arbre maison avec le chasseur à dos d’Ikran…Toi…tu as plus fait pour moi en quelques heures que lui dans toute sa vie…J’aurai préféré avoir un père comme toi. Donc…je veux bien, oui…Père. >>



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Par chance, la demande inopinée du clown de jade fut acceptée par la douce tigresse bleutée. Heureux d'être devenu un papa de la lumière, John laissa la grande demoiselle venir l'étreindre chaleureusement, pleurant quelques larmes de joie par la même occasion. Malgré le retour négatif de la guerrière concernant son géniteur, le farceur caressa son minois avec une gentillesse écrasante.

Son ancien père était un être stupide, incapable de comprendre que sa fille pouvait prendre son envol loin du nid, un tel potentiel gâché par la cruauté d'un être si mauvais. Le barde voulait montrer un autre chemin à la demoiselle, une route remplie de bonheur et de clarté, un endroit où elle pourra s'épanouir pleinement sans le moindre problème ; et si par malheur un idiot venait s'en prendre à la guerrière, à la faire pleurer ou la rendre triste, la fureur du clown serait à ne surtout pas prendre à la légère...

Un vrai papa-poule venait de voir le jour après tout, et tous les futurs prétendants avaient intérêt à correspondre aux critères chaotiques du saltimbanque. Efi méritait une âme sœur digne de ce nom, sans quoi, le papa du rire allait se montrer très à cheval sur sa protection, car aucun débile ne touchera la peau bleutée de sa fille sans l'avoir tabassé comme le ferait un gendre parfait. Un homme digne se devait de pulvériser la tronche de son beau-père pour assumer la protection de sa dame. Du moins, ceci était la définition même de prendre soin d'une épouse dans la tête déjantée du farceur.

John : «Je suis vraiment chanceux d'avoir une fille aussi grande et forte ! Hahaha !» Un petit ange et un diablotin vinrent finalement apparaître sur chaque côté de ses épaules, décidément, son cerveau malade venait de faire appel à ses protecteurs pour prendre la température de sa folie joyeuse.

Angelo : *Hihi ! Nous avons une fille !!! Une belle princesse !!! n'est-elle pas magnifique, mon frère !!!* Le petit ange à la harpe jouait une douce mélodie sur le moment et dansait sur le ton de l'amusement.

Le petit diable de son côté fumait un énorme cigare, et comme le ferait un bon mafieux, il retira ses lunettes, crachant de ses narines la fumée, avant de prendre la parole sur un ton colérique :

Diavolo : *Le premier connard qui la touche, je le tape, le premier idiot qui la regarde mal, je le fume, et le premier qui ne la fait pas sourire, je lui EXPLOSE LA TRONCHE !!!!* Le diablotin se prit à l'arrière du crâne la harpe de l'être de lumière, agacé de voir le manque de maturité chez son frangin cornu.

Angelo : *Notre fille est assez grande pour choisir le bon partenaire ! Tu n'as pas le droit de faire ton dictateur !* Il se prit une droite monumentale dans la mâchoire par vengeance du diable.

Diavolo : *SILENCE ABRUTI !!! C'est mon devoir de papa qui est en jeu !!!* Ainsi, une baston imaginaire se produisait sous les yeux verdoyants du clown, heureusement que personne ne pouvait voir la scène, sans quoi, tout le monde le prendrait pour un zinzin du dimanche. Mais bon, John mit le combat épique hors champ et se concentra sur sa fille adorée.

John : «Je dois peut-être te donner un surnom maintenant...» Il cogita un court instant. «Ma petite princesse d'amour ? Non... Trop long... Ma petite guerrière d'amour ? Trop long aussi... Bon... J'ai trouvé, je reste sur Efi !» Annonça avec un grand sourire le nigaud en voyant la serveuse elfique presque se vautrer sur le côté du bar.

Brenda : «Tu es vraiment un cas désespéré, John... Je me demande parfois si tu as un cerveau.» Le joker rétorqua tel un gamin ce genre de paroles à la dame aux longues oreilles.

John : «Gnagna ! Je suis Brenda ! Et je suis madame, je sais tout ! Ce n'est pas pour rien que je vis toujours avec ma mère !» L'intégralité de la salle éclata de rire à cause de la bêtise du barde.
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Et ben, en voilà un qui a l’air heureux, ça c’est sûr. Mais pourquoi Efi a-t-elle accepté aussi facilement ? Même s’il s’est montré extrêmement sympathique et réconfortant, elle ne le connaît pas depuis plus d’une heure. Qu’est-ce qui a bien pu motiver cette décision ? D’autant plus qu’il a quand-même étalé un gars qui lui avait juste mal parlé.

Peut-être est-ce ce même instinct qui avait poussé la jeune fille à faire un saut de l’ange à l’aveugle du haut d’une falaise ? Cette connexion, ce lien profond qu’elle semble avoir avec Eywa, plus intense que chez les autres Na’vi qu’elle a connu. Cette voix intérieure qui semblait lui indiquer l’endroit où elle devait plonger pour survivre et échapper au prédateur qui était à ses trousses.

Ou peut-être cherche-t-elle seulement à oublier son père biologique au plus vite ? Qui sait. La spiritualité est très présente chez les Na’vi, et difficilement explicable pour les humains lambdas, ceux qui ne croient en rien. Quoi qu’il en soit, elle a accepté, son choix est fait et elle n’est pas du genre à revenir dessus.

Joh tente bien de célébrer…à sa façon dirons-nous. Notamment en essayant de trouver un surnom à la demoiselle. Mais à en voir les grimaces qu’elle tire à chaque idée énoncée par le clown, rester simplement sur la version écourtée du nom de sa peti…grande fille, est sans doute le meilleur choix.

Des recherches aussi brèves que vaines donc. De quoi attirer les moqueries de la tenancière des lieux. Recevant elle-même…une répartie à toute épreuve de la part du barde. Mais ce qui risque de lui clouer le bec, c’est que quelqu’un ici trouve ça totalement normal de vivre avec ses parents.

Sans compter que ladite mère est peut-être malade et nécessite des soins réguliers. Ou qu’elle serait simplement extrêmement triste de voir partir sa fille, et que celle-ci n’a pas envie de lui briser le cœur.

<< Tu sais, chez les Na’vi, puisqu’on vit en communauté, on passe facilement notre vie avec nos parents. Sauf si on s’accouple avec un membre d’un autre clan et qu’on part vivre avec. Donc je ne vois pas où est le mal. >>

Voilà qui doit bien faire rire la petite Brenda. Et Efi aussi par la même occasion, petite chipie qu’elle est. Il faut croire qu’elle déteins déjà sur son nouveau paternel. Manque plus qu’elle se maquille comme un char de carnaval et elle aura vite pris le pli…

Heureusement, ou malheureusement selon les points de vue, nous n’en sommes pas encore là. Cependant, il y a bien une idée qui lui vient en tête. Assez soudaine comme le laisse suggérer son visage lorsqu’il se tourne vers cette fameuse Brenda.

<< Oh mais j’oubliais. Madame Brenda. Est-ce que vous pensez qu’il serait possible de fabriquer ces petites fourches, un couteau et une cuillère à ma taille ? C’est…un peu difficile pour moi de m’en servir avec de si grandes mains…Désolé.

Oh mais, je vais devoir vous donner des pièces pour ça bien sûr. John, comment on peut en obtenir ? Est-ce qu’il faut que je chante aussi ? Je suis assez douée pour ça. Je connais une petite chanson que m’a apprise ma mère.

Elle aide les membres de notre clan à réchauffer leur coeur dans nos moments de doute. Est-ce que tu veux l’entendre ? Je pourrais t’apprendre à la chanter en Na’vi. >>



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Heureux de sa blague faisant mouche auprès du public, le clown de jade sera rapidement mis au silence par l’ouverture d’esprit de sa nouvelle fille adorée. En effet, la tigresse bleutée touchait un point essentiel de l’ancienne vie du joker, car avant de débarquer ici, John travaillait tous les jours d’arrache-pied dans l’unique but de subvenir aux besoins de sa mère. La santé de sa génitrice prit un sérieux coup à cause du traitement immonde de son mari et suite au départ précipité de ce déchet, elle avait voulu par acquit de conscience aider son fils, son petit ange, mais le prix à payer fut bien trop élevé ; vu qu’un jour, elle s’effondra brusquement sur son lieu de travail.  

Une fois à l’hôpital, le docteur diagnostiqua un sérieux problème cardiaque à la mère du farceur. Si elle ne prenait pas certains médicaments, le risque d’arrêt cardiaque serait croissant de jour en jour, obligeant donc le joker à redoubler d’efforts pour payer les soins. John prit la radicale décision de ne pas avoir de chez lui pour mieux prendre soin de sa mère, l’empêchant par mégarde de prendre attention à sa propre personne et de faire passer la santé de sa génitrice en priorité.

Et sa carrière de clown guitariste n’étant pas des plus lucratives, il passa tristement par un boulot plus dangereux : celui de combattant illégal. Au milieu d’une cage entourée par des acharnés du combat, le joker cassait la mâchoire de certains opposants, avec à la clé un joli pactole permettant de payer les frais médicaux. Parfois, le farceur repartait avec de sacrées blessures contre des combattants aguerris. Côtes fracturées, phalanges et doigts brisés, enfin bref, plusieurs types de blessures pouvant faire frissonner les plus craintifs des mortels, seulement, John ne perdait jamais la rage de vaincre.

Sa volonté d’acier faisait frémir les plus enragés de la cage, car tous craignaient le regard étrange du farceur au milieu d’un combat exaltant. Il était comme voué à se battre jusqu’à la mort avec le sourire, un vrai cinglé adorant la violence d’un affrontement épique. Au sein du monde de la nuit, John était loin d’être pris de haut, tandis que dans sa vie du quotidien, beaucoup d’idiots se moquaient de sa carrière de clown. Il était vu comme un véritable incapable aux yeux de sa ville natale. Un vulgaire comédien déguisé en saltimbanque, un rêveur stupide et naïf ne voyant pas la réalité de sa propre existence : un simple déchet souriant. Revenant soudainement au moment présent, John écouta la conversation amusante de la sauvageonne avec la tenancière, car il voyait déjà la guerrière armée d'un trident en guise de fourchette et une hache pour couper la viande.

John : «Hahaha ! Si tu veux chanter pour gagner de l’argent, tu vas me voler tout mon boulot !» Il se leva en prenant une pose bien stylée. «Mais, je ne peux pas faire pleurer ma fille d’amour, alors soit, Efi… Je vais jouer de mon instrument et tu vas chanter ta fameuse chanson.» Il tourna son regard émeraude en direction de l’elfe à la peau sombre. «Brenda ! tout le monde ! Préparez-vous à écouter la grande guerrière bleutée !!! Ma fille va chanter !!!» La totalité des spectateurs avaient les yeux rivés sur la grande bleue. «La salle est à toi ! Efi !!!!» Il lança la musique à fond les ballons.  
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Décidément, depuis qu’il a “gagné” une fille, John est tout bonnement intenable. A-t-on seulement déjà vu plus gaga comme paternel ? Difficile à imaginer tant il place la barre haute. Peut-être même qu’il s’étonne lui-même de déborder d’énergie à ce point. Tapant sa plus belle Jojo pose après avoir blagué sur la concurrence que lui opposerait Efi en chantant.

Pas sûr cependant qu’elle aille jusqu’à pleurer pour ne pas avoir pu entonner le chant de son clan. Ou bien qu’un instrument à corde soit adapté à un chant habituellement accompagné d’instruments à vent et de quelques percussions. Mais si John ne veut pas lui interdire de chanter, elle ne va pas lui interdire de jouer. De toute façon, les Na’vi respectent bien des choses. La voie de l’expression artistique en fait évidemment partie.

<< D’habitude on utilise des instruments à vent, et un tambour, mais j’imagine que tant que ça peut s’adapter à un rythme lent ça peut aller. >>

Et voilà qu’il en refait des caisses pour annoncer en grandes pompes que la grande bleue va chanter.

<< Mais ce n’est qu’un chant Sarentu, une sorte de berceuse, ou d’hymne, pas un grand événement. Pas besoin de... >>

Le crier sur tous les toits ? Trop tard. Tout le quartier doit être au courant maintenant. Heureusement qu’elle a l’habitude de chanter devant un public. Mais il y a tout de même un peu de gêne qui vient se mêler à son sourire. Ceci dit, ce n’est pas ça qui va l’arrêter. Il lui faut juste quelques secondes de plus pour se lancer et ainsi, chanter, ou plutôt, présenter les Sarentu à l’assemblée.




<< Nous sommes Sarentu…Nous racontons les histoires des gens…Libre, fort, intrépide…Nous parcourons le monde…Nous continuons à prévaloir…Nous survivrons pour toujours…Nous sommes Sarentu…Au service d’Eywa…Nous continuons à prévaloir…Nous survivrons pour toujours... >>
<< Awnga lu Sarentu…Na'vi(yä) ayvurit peng…Layro, txur, txupuluke…Lante ka kifkey…Var awnga yivora'...Nìt'ilukey emrayey…Awnga lu Sarentu…Eywaru si kìt(e)'e…Var awnga yivora'...Nìt'ilukey emrayey… >>


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