Curiosités draconiques & potentielles révélations |pv Albion

Rencontrer de nouvelles personnes, c’est toujours intéressant. Surtout que la fois dont je parle, c’étaient des personnes aux attributs physiques très similaires aux miens. Des cornes, des écailles… Mais rien de plus. Visiblement, nous venons en plus de mondes très différents. Si je ne suis pas née ici. Dans tous les cas, cela m’a rendue plus que curieuse sur les êtres qui sont passés ou sont présents à Portalia. Alors, je prévois d’aller faire un tour à la bibliothèque pour me renseigner sur eux. Peut-être que j’apprendrai des trucs intéressants, peut-être pas. En attendant, mes matinées sont toujours réservées aux patients de la clinique, où je ne compte ni les habitués ni le nombre de personnes que je peux croiser. Mais, étant bien plus à l’aise, je m’en sors beaucoup mieux qu’à mes débuts, autant du côté social que de ma réserve d’essence qui me permet d’aider un peu plus de monde. Enfin, parfois, je fais en sorte de garder ce que j’ai pour l’attribuer à d’autres cas, ceux-ci étant vraiment minimes…. Enfin, non, mes capacités ne me permettent à ce jour que de traiter des cas de faibles blessures,

Bref. Une fois le travail terminé et la fatigue qui commence à s’accumuler, c’est normalement l’heure de mon entrainement. Pas aujourd’hui. Non, là, il va être l’heure de partir à la pêche aux informations. Alors, après avoir embarqué un bout de pain pour le trajet, j’ai quitté mes collègues et les patients en attente pour parcourir le quartier nord et surtout sortir de celui-ci. Direction la guilde ! Je sais qu’ils y possèdent un grand nombre de documents, alors avec un peu de chance je vais trouver celui que je recherche. Connaissant le chemin par cœur maintenant à force de faire des allers-retours, je m’y retrouve « assez rapidement ». Tout est relatif, d’autant plus que le trajet entre les deux quartiers reste assez long.

Une fois à l’intérieur, je décide de me rendre directement vers le sous-sol. De souvenir, c’est à cet endroit que sont regroupés toutes les informations intéressantes. Le tout c’est de trouver ce que l’on cherche dans cet endroit. C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Entre la compréhension du classement, les documents qui commencent à être vieux et sont difficilement lisibles… Bref, y a de quoi se perdre. Et là, c’est plutôt ma notion du temps qui a totalement disparu mais aussi celle de l’espace alentour. A tel point que je ne remarque même pas la présence d’une autre personne, avant de lui être rentré dedans en tentant de reculer pour observer les documents tout en hauteur qui ont l’air d’être intéressants à mes yeux.

– Ah, oups, pardon, je…

Mes yeux s’écarquillent devant son physique malgré la faible lumière. Obligée de lever la tête de par sa grande taille, je reste statique quelques longues secondes avant de finir ma phrase.

– ne vous avais pas vu. Vous êtes quoi ?

Je continue de fixer l’étranger les yeux légèrement écarquillés, la curiosité du document trouvé ayant été dépassée par l’être devant moi.

Mes yeux semblent ne pas vouloir le quitter, en tout cas, jusqu’au moment où il me fait une remarque sur ma manière de l’aborder. A cet instant, je recule d’un bas et baisse le regard, mes deux mains regroupées tenant un peu une partie de mon haut alors que mes joues ont légèrement rosi. Un peu comme un enfant pris sur le fait qui vient de se faire gronder ou qui s’est fait prendre en plein milieu d’une bêtise. D’ailleurs, ça faisait longtemps que je n’avais pas réagi ainsi. Etrange.

– Oh, désolée, je…

Mes yeux retrouvent leur place et viennent à nouveau l’observer sans pour autant le fixer intensément comme c’était le cas juste avant. Mon regard passe de ses cornes et commence à descendre avant de revenir rapidement à une plus grande hauteur. Ce serait gênant d’aller chercher à l’observer sous toutes ses coutures.

– Enchantée, je suis Saphira. Aventurière aussi. Je ne voulais pas être impolie, mais, c’est rare de rencontrer des personnes qui ont des attributs un peu semblables aux miens, ça m’a… intriguée. Enfin, vous êtes quand même la troisième personne en si peu de temps.

Je ne sortais peut-être pas assez pour en croiser, il y a quelques mois de cela, il faut dire… Mais bon, peut être que le destin a envie que je découvre d’où je viens, finalement ?

– Désolée si je vous ai dérangé, en tout cas… Mais, euh…

Mon regard est plus hésitant, il a d’ailleurs du mal à se fixer pendant quelques secondes avant de finalement se stopper, résolue à finir cette phrase.

– Si vous avez du temps, vous pouvez me parler de l’endroit d’où vous venez ? Enfin, si vous ne venez pas d’ici, si vous en avez envie, euh, euh… Vous avez aussi une queue comme moi ? Enfin, euh, vous avez aussi des espèces aquatiques chez vous ?

Gênée, curieuse… Beaucoup de sentiments s’entremêlent mais je n’ai pour autant pas envie de fuir. Loin de là. D’ailleurs, pour appuyer mes propos, mes deux mains sont venues attraper l’appendice écailleux qui était caché derrière moi. S’il peut ressembler en tout point à la queue d’un dragon, les écailles sont ici bien plus lisses, plus brillantes, et au bout se trouve la nageoire d’un poisson, révélant assez rapidement l’élément qui est le mien. Si j’ai bien rencontré quelques êtres qui me sont similaires, il me manque encore les connaissances autour des êtres aquatiques que nous sommes…

Heureuse de ses premiers mots prononcés en réponse à mes questions, je reste plutôt tranquille et me contente de l’écouter pour le moment. De l’observer. Ses faits, ses gestes. Si je suis très expressive, ce n’est pas vraiment son cas. Calme, il me fait penser à un lac que la simple goutte d’eau que je suis a du mal à secouer. Ce qui n’est pas vraiment un mal, ça compense mon côté actif qui pourrait déborder et faire des dégâts en ces lieux…

La surprise suit mes expressions alors que je découvre que les cornes ne sont pas la seule chose qu’il possède. Sans pour autant oser toucher, même s’il m’a invitée à le faire, je me suis rapprochée pour observer les écailles. Celles-ci ont l’air plus rugueuses, plus solides que les miennes. Un peu plus usées, aussi… Mon regard s’est un peu redressé vers lui, questionnant son âge de manière muette sans vraiment oser poser la question. Comme il continue, je m’éloigne un petit peu de nouveau, maintenant moins gênée pour écouter ses explications. Trop fort. C’est un dragon. Ou c’était ?

Sa question est inattendue. Moi ? Confirmer que je suis un dragon ? Mes yeux s’écarquillent petit à petit alors que la question s’insinue lentement dans mon esprit, tout le reste disparaissant. Je ne me suis jamais posé cette question. Je me trouve bien trop faible pour faire partir de ce noble peuple, tel qu’il a été décrit dans les livres à portée des enfants.

– Moi, un dragon ? Je, je… ne me suis jamais posé la question. Je ne pense pas que ce soit possible. Cela se verrait, non ? Je n’ai que des cornes et une queue, rien de plus, je ne suis pas puissante ni forte non plus. Je…

Mon regard vient se perdre à nouveau sur mes pieds pendant quelques instants, alors que ma réponse a dû lui donner pas mal d’indices sur ma situation. Enfin, sur une partie de celle-ci. S’il ne les avait pas déjà…

– Vous croyez… Que c’est possible ? Je n’ai pas d’autres souvenirs que ce monde, je n’ai jamais connu mes parents, je ne peux pas faire disparaître mes cornes ou ma queue… A l’origine, je cherchais surtout à savoir à quel peuple je me rattache et s’il est possible que je croise des congénères ici. Et en apprendre plus sur le monde d’où je viens aussi. Si j’ai des chances de revoir mes parents. S’ils sont ici. Si je suis apparue seule.

Cette envie qu’ont les enfants qui grandissent de savoir d’où ils viennent… De comprendre un peu plus leur nature. Pour apprendre à utiliser et contrôler mes pouvoirs, j’ai réussi à trouver des personnes qui les comprennent et m'aident. Mais là, ça n’a rien à voir. Pour certains, mes questionnements viennent peut-être un peu tard, mais c’est probablement l’âge où les interrogations sont les plus présentes. Enfin, c’est surtout celui où la curiosité a pris le dessus sur ma timidité. Sans compter sur les rencontres faites ces derniers temps qui n’ont fait qu’attiser celle-ci.