Marguerite du Psychagité
Pèlerin - Eglise
Bronze
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- Archiviste au Collège des Interdits
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- Sans Rang
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descriptionVoir la forêt au travers de ses feuilles [PV Drasyll] (Abandonné)Mar 31 Oct - 20:45
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Aujourd'hui, j'étais dans tous mes états. La journée avait pourtant commencé comme à l'ordinaire; je m'étais réveillé à 7h, je m'étais mis à travailler comme d'habitude à 7h07. Pour l'instant, j'avais compté 37 documents rédigés à l'encre de calamar suspendu, 22 à l'encre rouge de sang de vipère, 14 à l'encre de chêne du bosquet de Solgid, 3 à l’encre bleue des neiges éternelles et 13 autres encres diverses et variées. Il restait ensuite 52 documents écrits sans encre, mais gravés ou brûlés. Bref, rien qui ne sorte de la courbe de chiffres habituels.
Et pourtant je trépignais. Je n'arrivais même pas à me concentrer sur ce que je faisais, réalisais-je alors que je retournais la feuille une troisième fois entre mes doigts pour estimer son grammage précis, entre 115 et 120 : rien de compliqué tout de même !
J'avais la tête pleine. Ce dernier mois avait été… compliqué. Rempli. Avant, j’avais juste à me préoccuper de papier et d’encre, de bois, de peaux et de fossiles, de gravures et de métaux ou de pierres, et à l’époque, ça me suffisait bien. Les objets, c’était mort, ça ne bougeait pas, ça ne changeait pas, ça ne pensait rien de toi et ça ne pouvait rien te faire. Avant, ma vie c’était juste moi avec des objets, les analyser, les comprendre et les ranger. Je me contentais d’éviter tout le reste, tout ce qui était encore vivant, grouillant, imprévisible, avec sa propre volonté et ses propres idées. Et ça m’allait bien !
Mais depuis, un caillou s’était glissé dans la machine. Enfin, plus qu’un caillou, six cailloux, au moins, et j’aime pas ne pas donner de chiffre précis. Moi qui pensait que ce boulot allait me permettre de rester tranquille et d’éviter les gens encore plus, j’avais fini par rencontrer plus de monde en un mois hors de ma famille qu’en 23 ans. Et les gens, ça prend plus de place dans la tête que les choses. Trop de place, grimaçai-je en plaçant finalement ma feuille entre la pile de grammages 117 et 119.
Comment est-ce qu’on range des gens ? Tu ne peux pas les ranger physiquement, parce qu’ils bougent, bien sûr, alors tu essaies au moins de les ranger mentalement, dans ta tête. Mais là encore, c’est dur parce qu’ils ne te montrent pas tout, et là aussi, ils changent avec le temps. Même la façon dont tu te sens en pensant à eux change, parfois au sein même d’une seule rencontre, comme avec le renard. C’est pour ça que je ne sais même pas estimer combien me dérangent vraiment ! Aah, ce serait tellement plus facile si les gens avaient un grammage ! Mais dans ce cas-là, il faudrait les toucher pour pouvoir les ranger, et cette idée ne me plaisait pas vraiment non plus.
Donc non, les gens, il n’y a aucun moyen de les ranger, et du coup ils flottent dans ta tête et tu n’as plus de place pour penser à autre chose. Même les archives me paraissent… petites, maintenant. J’ai l’impression d’être à l’étroit, même sous ma vraie forme, ce qui n’a aucun sens, parce que je peux tendre les bras et les ailes dans toutes les directions sans rien toucher ! Pourtant, sens ou pas, le mystérieux sentiment s'impose : j'ai envie de sortir. Enfin, je n'ai pas envie de sortir, j'ai surtout envie de voir ce qu'il va se passer si je sors. Est-ce que je vais rencontrer quelqu'un d'autre ? Qui ne me trouve pas bizarre, qui fait des cadeaux, ou qui aime quand je parle de maths ? Peut-être quelqu'un qui aime les encres et les papiers ?!
Et puis, d’ailleurs… Piou avait dit qu'aller en dehors de la ville était sans danger, non… ? Non, Piou était juste un oiseau, je pouvais pas le croire comme ça… même si c'était un oiseau qui aimait m'écouter parler de maths. Ça devait bien compter pour quelque chose. Peut-être que je pouvais lui faire confiance alors… ?
Qu'est-ce que je raconte moi ? Aller dehors ?! Genre… jusqu'au bosquet ? Voir à quoi il ressemble ? J'ai rien à faire là bas. J'ai tenu 23 ans, 11 mois et 3 semaines sans avoir besoin de voir à quoi il ressemblait ! … mais je suis curieux.
Oh puis zut, c'est ridicule ! Vous savez quoi, j'ai besoin d'une pause. Faire un tour à la surface. M'aérer l'esprit. C’est bientôt l’heure de sortir ma fleur, d’ailleurs, donc je l’attrappe au passage. Je quitte donc les Archives, n'oubliant pas d'accrocher le petit écriteau que Jérolin m'a donné pour prévenir quand je quitte mon post, qu'il ne s'inquiète pas trop comme pour la fois où j'ai fini à la clinique. J’attrappe aussi le chapeau et les lunettes qu’Ashandra m’a donné, maintenant je n’ai presque plus de problème à rester dehors.
L'Eglise n'est, comme d'habitude, pas très bondée. Elle n'est pas vide non plus, mais il y a de la place pour marcher sans être embêté. C'est donc ce que je commence à faire, faisant semblant d’être très occupé, quand quelques mots d’une conversation attire mon attention près de l'entrée.
J'aurais juré avoir entendu le nom des Archives.
Au diable les apparences, je me rapproche furtivement de la scène. Une voix que je connais pas demande à les consulter pour des recherches sur la faune et la flore… du Bosquet de Solgid ?! Non, non, je n’irais pas, j’ai dit… Mais quand même, c’est une drôle de coïncidence. Ai-je des documents sur le bosquet de Solgid, d’ailleurs ? Je crois que oui. Des trucs sur des champignons qui ne poussent qu’à des endroits très précis, on s’est demandé si c’était lié aux créatures du Chaos, et donc aux rois du Chaos… Avec un bestiaire de toutes les créatures du chaos, bien sûr, et de la fréquence à laquelle elles communiquent. Je dois avoir quelques cartes, aussi… y’a bien quelques nevrosés qui ont essayé de cartographier la zone.
Enfin, je n’ai pas besoin de répondre de toute façon, parce que ce n’est pas à moi qu’il parle, mais à un templier qui garde les portes de la Cathédrale. Normalement, tout le monde a le droit de rentrer, mais on dirait que le gars n’est pas là pour faire du tourisme ou faire ses prières. On dirait que c’est vraiment les Archives qui l’intéressent, mais le garde dit qu’il faut une authorisation spéciale d’un membre de l’Eglise pour y accéder, et ce gars ne doit pas en faire partie. C’est tant mieux, parce que je n’ai pas envie d’y retourner tout de suite, en plus il vient de me remettre le bosquet en tête. Je me demande s’il compte s’y rendre. Je me demande s’il en sait beaucoup, sur le bosquet.
Hmm…
Le temps que l’idée me monte au cerveau et la scène a pris fin. Le gars est parti, et le garde m’a vu en se retournant. Je ne sais pas quoi répondre, je balbutie, je fais de grands mouvements, et je décide finalement de sortir à mon tour sans lui donner d’explication. Bon. Il est où, ce gars-là qui cherchait mes Archives ?
Heureusement, grâce à mes lunettes le soleil ne m’éblouit pas autant que d’habitude, alors je le retrouve rapidement et le saisis par la manche.
- Tu veux un truc aux Archives ?
Je lui balance comme ça, sans beaucoup d’émotions.
Et pourtant je trépignais. Je n'arrivais même pas à me concentrer sur ce que je faisais, réalisais-je alors que je retournais la feuille une troisième fois entre mes doigts pour estimer son grammage précis, entre 115 et 120 : rien de compliqué tout de même !
J'avais la tête pleine. Ce dernier mois avait été… compliqué. Rempli. Avant, j’avais juste à me préoccuper de papier et d’encre, de bois, de peaux et de fossiles, de gravures et de métaux ou de pierres, et à l’époque, ça me suffisait bien. Les objets, c’était mort, ça ne bougeait pas, ça ne changeait pas, ça ne pensait rien de toi et ça ne pouvait rien te faire. Avant, ma vie c’était juste moi avec des objets, les analyser, les comprendre et les ranger. Je me contentais d’éviter tout le reste, tout ce qui était encore vivant, grouillant, imprévisible, avec sa propre volonté et ses propres idées. Et ça m’allait bien !
Mais depuis, un caillou s’était glissé dans la machine. Enfin, plus qu’un caillou, six cailloux, au moins, et j’aime pas ne pas donner de chiffre précis. Moi qui pensait que ce boulot allait me permettre de rester tranquille et d’éviter les gens encore plus, j’avais fini par rencontrer plus de monde en un mois hors de ma famille qu’en 23 ans. Et les gens, ça prend plus de place dans la tête que les choses. Trop de place, grimaçai-je en plaçant finalement ma feuille entre la pile de grammages 117 et 119.
Comment est-ce qu’on range des gens ? Tu ne peux pas les ranger physiquement, parce qu’ils bougent, bien sûr, alors tu essaies au moins de les ranger mentalement, dans ta tête. Mais là encore, c’est dur parce qu’ils ne te montrent pas tout, et là aussi, ils changent avec le temps. Même la façon dont tu te sens en pensant à eux change, parfois au sein même d’une seule rencontre, comme avec le renard. C’est pour ça que je ne sais même pas estimer combien me dérangent vraiment ! Aah, ce serait tellement plus facile si les gens avaient un grammage ! Mais dans ce cas-là, il faudrait les toucher pour pouvoir les ranger, et cette idée ne me plaisait pas vraiment non plus.
Donc non, les gens, il n’y a aucun moyen de les ranger, et du coup ils flottent dans ta tête et tu n’as plus de place pour penser à autre chose. Même les archives me paraissent… petites, maintenant. J’ai l’impression d’être à l’étroit, même sous ma vraie forme, ce qui n’a aucun sens, parce que je peux tendre les bras et les ailes dans toutes les directions sans rien toucher ! Pourtant, sens ou pas, le mystérieux sentiment s'impose : j'ai envie de sortir. Enfin, je n'ai pas envie de sortir, j'ai surtout envie de voir ce qu'il va se passer si je sors. Est-ce que je vais rencontrer quelqu'un d'autre ? Qui ne me trouve pas bizarre, qui fait des cadeaux, ou qui aime quand je parle de maths ? Peut-être quelqu'un qui aime les encres et les papiers ?!
Et puis, d’ailleurs… Piou avait dit qu'aller en dehors de la ville était sans danger, non… ? Non, Piou était juste un oiseau, je pouvais pas le croire comme ça… même si c'était un oiseau qui aimait m'écouter parler de maths. Ça devait bien compter pour quelque chose. Peut-être que je pouvais lui faire confiance alors… ?
Qu'est-ce que je raconte moi ? Aller dehors ?! Genre… jusqu'au bosquet ? Voir à quoi il ressemble ? J'ai rien à faire là bas. J'ai tenu 23 ans, 11 mois et 3 semaines sans avoir besoin de voir à quoi il ressemblait ! … mais je suis curieux.
Oh puis zut, c'est ridicule ! Vous savez quoi, j'ai besoin d'une pause. Faire un tour à la surface. M'aérer l'esprit. C’est bientôt l’heure de sortir ma fleur, d’ailleurs, donc je l’attrappe au passage. Je quitte donc les Archives, n'oubliant pas d'accrocher le petit écriteau que Jérolin m'a donné pour prévenir quand je quitte mon post, qu'il ne s'inquiète pas trop comme pour la fois où j'ai fini à la clinique. J’attrappe aussi le chapeau et les lunettes qu’Ashandra m’a donné, maintenant je n’ai presque plus de problème à rester dehors.
L'Eglise n'est, comme d'habitude, pas très bondée. Elle n'est pas vide non plus, mais il y a de la place pour marcher sans être embêté. C'est donc ce que je commence à faire, faisant semblant d’être très occupé, quand quelques mots d’une conversation attire mon attention près de l'entrée.
J'aurais juré avoir entendu le nom des Archives.
Au diable les apparences, je me rapproche furtivement de la scène. Une voix que je connais pas demande à les consulter pour des recherches sur la faune et la flore… du Bosquet de Solgid ?! Non, non, je n’irais pas, j’ai dit… Mais quand même, c’est une drôle de coïncidence. Ai-je des documents sur le bosquet de Solgid, d’ailleurs ? Je crois que oui. Des trucs sur des champignons qui ne poussent qu’à des endroits très précis, on s’est demandé si c’était lié aux créatures du Chaos, et donc aux rois du Chaos… Avec un bestiaire de toutes les créatures du chaos, bien sûr, et de la fréquence à laquelle elles communiquent. Je dois avoir quelques cartes, aussi… y’a bien quelques nevrosés qui ont essayé de cartographier la zone.
Enfin, je n’ai pas besoin de répondre de toute façon, parce que ce n’est pas à moi qu’il parle, mais à un templier qui garde les portes de la Cathédrale. Normalement, tout le monde a le droit de rentrer, mais on dirait que le gars n’est pas là pour faire du tourisme ou faire ses prières. On dirait que c’est vraiment les Archives qui l’intéressent, mais le garde dit qu’il faut une authorisation spéciale d’un membre de l’Eglise pour y accéder, et ce gars ne doit pas en faire partie. C’est tant mieux, parce que je n’ai pas envie d’y retourner tout de suite, en plus il vient de me remettre le bosquet en tête. Je me demande s’il compte s’y rendre. Je me demande s’il en sait beaucoup, sur le bosquet.
Hmm…
Le temps que l’idée me monte au cerveau et la scène a pris fin. Le gars est parti, et le garde m’a vu en se retournant. Je ne sais pas quoi répondre, je balbutie, je fais de grands mouvements, et je décide finalement de sortir à mon tour sans lui donner d’explication. Bon. Il est où, ce gars-là qui cherchait mes Archives ?
Heureusement, grâce à mes lunettes le soleil ne m’éblouit pas autant que d’habitude, alors je le retrouve rapidement et le saisis par la manche.
- Tu veux un truc aux Archives ?
Je lui balance comme ça, sans beaucoup d’émotions.
Dernière édition par Marguerite du Psychagité le Dim 27 Oct - 20:06, édité 1 fois
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Mar 31 Oct - 20:45