Oui, tel est mon nom complet. Mais je me contenterai de Lyn, t’inquiète. Par où commencer ? Je ne suis pas la meilleure pour raconter les histoires, d’habitude, j’ai plutôt tendance à foncer dans le tas. J’imagine qu’on doit bien repasser par l’enfance…

L’enfance…
J’ai grandi dans le Royaume du Loup, l’un des éminents Royaumes du Nord de Gandéron. Mon père, Vorovic Oaken, était l’un des plus hauts conseillers de ma Reine, Vall II… Ma tante, en réalité, puisque c’est la sœur de ma mère, Alya Pommel. Je n’ai manqué de rien : ni de l’amour de ma mère, ni de la richesse de ma famille au sang royal, ni de l’éducation de mon père. A mes seize années, Vorovic m’a introduite au conseil pour que j’y trouve ma place. Alors, Val II m’en a trouvé une : celle de la fiancée de Börsen Aaris, Fils du Requin. Le Royaume du Loup et celui du Requin cherchaient à consolider leurs liens, et le Roi ayant une descendance nombreuse, ce lien, ce devait être moi. Mais je ne l’ai pas vu de cet œil, puisque, jeune, frivole et écervelée, j’ai préféré mon égoïsme à ma patrie, et me suis liée en cachette avec l’homme dont j’étais tombée amoureuse : feu Juvilien Fjäldersen, Haut-Conseiller de Son Eminence la Iarlessa du Lièvre Lydia la Grande. Mon mariage eût lieu à mes dix-neuf ans, mais bien évidemment, sots que nous étions, il ne put rester secret très longtemps. Mon fiancé, le Prince Aaris, fou de rage, provoqua Juvilien en duel, approuvé par ma tante, la Reine Val II ainsi que mon père. Par l’Honneur de Noctyssia, nous ne pouvons nous soustraire à un duel ainsi prononcé. Juvilien n’avait aucune chance : il mourut pendant le combat. Je n’eus cependant pas le temps de pleurer sa perte que ma tante provoqua ma sentence : puisque j’avais trahi la Couronne, je devais être bannie à jamais du Royaume du Loup, et de l’ensemble des Terres du Nord. Ainsi en avait-il été décidé.

L’errance
Ma première préoccupation fut de trouver un moyen de contourner les lois pour contacter ma mère, Alya. Alors, je m’entraînai au chamanisme, et me liai d’esprits, avec le but ultime de trouver une manière de créer un lien mental avec elle. Je n’y parvins jamais. Pourtant, dans ma quête, au bout de cinq années d’errance, je trouvai ceux qui changèrent ma vie : Nogi Yako, Kurt Wolff, et surtout, ma très chère Setsuna Shinkaï. Avec eux, je me nommai Aventurière et défis nombre d’ennemis, et même, oui, nous pouvons le dire, de démons.

L’ascension
Alors, je redorai mon blason : conduits sur les traces d’un aquamancien démoniaque, je me retrouvai sur les Terres dont j’étais bannie. Je pus revoir ma très chère mère, rendue folle par mon bannissement, que Noctyssia lui soit clémente. Mais surtout, avec l’aide de mes amis, nous parvînmes à défaire un coup d’État fomenté par mon cher paternel, ce scélérat de traître à la Couronne de ma tante. Oh, j’avais bien sûr trahi ma reine avant lui, mais lorsque moi je l’avais fait pour l’Amour, lui avait été corrompu par la concupiscence et l’orgueil. Je réussis néanmoins à alléger sa peine : plutôt que d’être exécuté tel qu’il aurait dû l’être, je me pris en pitié pour cet homme, et demandai grâce à ma Reine, pour qu’elle se contente de le bannir. Bien mal m’en prit puisqu’il tenta plus tard de trouver le Pouvoir à nouveau, et je dus le défaire une seconde fois. Forte de notre victoire, ma Reine eût la clémence de me réhabiliter et de me nommer seconde Thane, alliée de sa Compagne, en plus de me donner la tête du Clan Oaken, dont mon père était autrefois leader.

Mes nouvelles occupations ne m’empêchèrent cependant pas de continuer mes pérégrinations auprès de mes amis, notamment au Shongunat de Kyon, dont était originaire Setsuna. Ah, Setsuna… Première Lame de son Royaume, elle a illuminé les tristes dernières années de ma vie d’un feu qu’elle même ne peut éteindre, malgré sa maîtrise de la pyromancie. Alors que je pensais Juvilien être l’homme de ma vie, je me rendis compte de la différence entre mon amourette de jeunesse et l’Amour que je ressentais pour cette fougueuse Yokai. Alors, lorsqu’en plein combat, elle me demanda ma main, je ne pus que lui répondre oui…

Ma vie a été mouvementée, mais à présent, je sais où est ma place : auprès de ma Reine et de Setsuna.

Ah oui, et pourquoi je suis là ? Mmh… Mon hypothèse la plus probable serait que mon esprit du Temps ait refusé de m’écouter et m’ait à nouveau envoyée en dehors de ma Réalité, de l’Espace et du Temps. Ce ne serait pas la première fois. D’habitude je me contente de ne pas avoir conscience de moi-même, mais les voix des Esprits sont parfois, même pour moi, impénétrables…