- . . . . . Eh beh quelle journée. Et voila que je recommençais à parler à voix haute. Faut dire que j’ai pas vraiment grand-chose à faire ici. Enfin ça dépend des jours mais en règle générale, la clientèle est assez calme. Me retenant de rire, je pose lourdement mes bras sur une de ces boîtes auxquelles on accorde tant de valeur et que je suis censée vendre plutôt que de m’en servir comme matelas. Ma tête repose à présent sur mes avants bras, je ferme les yeux et repense à ma vie.

Ben la pilule est dure à avaler mais concrètement … c’est ça ma vie maintenant. J’essaye de revoir des visages familiers, les gens que j’aimais. Et même s’il y en a pas des tonnes non plus, c’est de plus en plus dur de me rappeler de tous leurs traits. Je repense à mon père, un grand homme directif, parfois froid mais qui prenait très au sérieux mon avenir et mon éducation. Je repense à ma mère, une toute petite femme, douce et aimante avec qui j’adorais critiquer nos visiteurs. « Critiquer n’est pas le mot, très chère. Nous faisons un constat objectif de leurs goûts atroces et de leurs manières déplorables » elle m’aurait dit avec un clin d’œil. Je repense à Charly, mon valet attitré qui était bête comme une porte de placard et aussi maladroit que stressé. J’avais l’impression que le simple fait de lui adresser la parole lui déclenchait une crise de panique et qu’il aurait préféré sauter du toit de ma demeure plutôt que de devoir me répondre de peur de m’énerver. Et j’avais beau avoir fait renvoyer mes quatre précédents valets, il n’avait rien à craindre Charly. J’aurais peut-être dû lui dire, maintenant que j’y pense. T’façon, c’est un peu trop tard pour les regrets.
Je revois mon sublime manoir, aux jardins fleuris à toutes les périodes de l’années, aux grandes allées en gravier blanc, à ses façades couvertes de rosiers grimpants, à ces odeurs de pâtisserie qui émanaient des cuisines le matin et en début d’après-midi. Je me revois même toiser tous ces domestiques, qui s’affèrent ça et là, à cuisiner, à répondre à tous mes besoins, à couper une feuille d’un buisson qui dépassait, à récurer chaque centimètre carré comme si leur vie en dépendait.

J’ouvre difficilement les yeux, relève la tête et observe la pièce dans laquelle je me trouve. Ca pue, c’est sombre, et y a personne. Les carreaux de la devanture sont crasseux, les fleurs ont l’odeur de la poussière et le reste des marchandises en ont la couleur. Franchement, faudrait vraiment faire le ménage et donner une seconde vie à cette échoppe qui tombe chaque jour un peu plus dans la désuétude. Si seulement il y avait quelqu’un pour le faire… Mais ici, pas de domestique, pas de larbin et pas de Charly. Donc personne le fera.

Je replace ma tête dans mes bras et malgré mes efforts pour revoir, encore une fois, l’endroit où j’habitais, la seule pensée sur laquelle j’arrive à me concentrer à présent c’est le jour où je suis arrivée ici. Je portais une sublime tenue bleue, toujours une de mes préférées d’ailleurs. Un short blanc, une magnifique veste en tissu d’extrêmement bonne facture aux multiples dégradés de bleus, des gants d’une propreté incroyable, de multiples bijoux et bien évidemment un chapeau. C’est un peu ma marque de signature les chapeaux. Et je sais que c’est pas donné à tout le monde de savoir et de pouvoir en porter, en témoigne ma tantine Hilda qui tenait plus de la buse que d’une personne de haut rang lorsqu’elle s’en enfonçait un sur le crâne jusqu’à ses grandes oreilles. M’enfin bref, ma tenue et mon ombrelle-épée pour laquelle j’avais dû faire le plus gros caprice de ma vie et qu’au final je n’utilise pratiquement que pour me cacher du soleil, mes compétences au combat étant plus que limitées. J’ai appris quelques passes d’armes avant de tout laisser tomber parce que c’était pas vraiment ma tasse de thé. L’ombrelle me convenait très bien.

Breeef. J’suis arrivée ici d’une manière un peu étrange. Enfin carrément étrange et j’ai du mal à me souvenir des détails. Tout ce que je sais, c’est que je cherchais Charly qui s’était réfugié je ne sais où quand tout à coup, le sol s’est ouvert sous mes pieds et je me suis retrouvée à Portalia. Ca va faire quelques mois maintenant et j’ai beau être incroyablement détendue aujourd’hui, j’en menais pas large. Après m’être pincée et claquée une bonne dizaine de fois pour être sûre que je ne rêvais pas, avoir incendié, au beau milieu de la rue, mes domestiques qui visiblement n’avaient pas eu le cran et la dévotion nécessaires pour me suivre, et envoyé bouler tous les péons qui semblaient rire de moi.. Non en fait, après avoir envoyé bouler tous les péons ET en particulier ceux qui semblaient rire de moi, un type est accouru. Il avait une bien piètre allure et l’odeur qui allait avec. Il commença à m’expliquer qu’il appartenait à la guilde, me présenter ma situation tout en essayant de réguler la crise de colère hors norme dans laquelle j’étais entrée.

Après les très longues heures dont j’ai eu besoin pour me calmer, j’en suis arrivée à une conclusion que j’ai eu beaucoup de mal à avaler : Je devais pour la première fois de ma vie me débrouiller seule. Je n’avais plus de possessions, plus de famille, plus de domestiques sur qui rejeter la faute. J’ai erré à la recherche d’une solution à ma situation jusqu’à arriver à un constat simple : Il fallait que je travaille, gagne de l’argent et survive. Après avoir vomi intérieurement une bonne dizaine de fois à cette idée, puisque l’on ne m’avait jamais prédit un tel avenir, j’ai réfléchi. Et dans un monde comme dans un autre, où les commerces ont l’air de fleurir, il y a trois valeurs sûres : L’alcool, la mort et la stupidité des gens.
J’ai donc, en désespoir de cause, frappé à la porte de plusieurs établissements dont le seul qui a accepté de m’aider est un vieux croque-mort, qui m’héberge dans son arrière-boutique et me verse un salaire de misère contre un travail aussi passionnant que stimulant, le temps que j’économise et que je puisse acquérir un bien immobilier digne de ce nom.

Je vends des fleurs, des tombes et des cercueils. Tu parles d’une vie. Moi qui étais si douce, si pure, si rayonnante, je me suis fait catapultée dans ce monde de brutes puant et misérable, plein de magie et de gens répugnants.

Il y a quelques semaines, je me suis inscrite en tant qu’aventurière. Non pas que je pense être d’une grande utilité au combat mais il paraît que tout le monde a des compétences spéciales. Moi aussi j’en ai. Et même si ce n’est rien d’autre que de diriger les autres et d’établir un plan d’action, au moins je pourrais partir en mission, accumuler plus d’argent et pourquoi pas, trouver un moyen de retrouver ma maison.

Un coup sec sur le cercueil sur lequel je commençais tout juste à m’assoupir me sort de mes pensées. Je me relève brusquement, sentant la marque que des boutons de manchette ont fait sur ma joue. Un vieillard, chauve, peu de dents me toise et me tend un chiffon en pointant les carreaux du doigt. C’est Monsieur Reinolds, mon patron et visiblement, en l’absence de Charly, c’est vraiment à moi de me taper toute la sale besogne… Je soupire en prenant à contre-cœur le torchon gras et malodorant.. Vivement que je parte en mission.

Moi je mérite pas d’être là. Vraiment. J’étais pure, distinguée, respectée et éloquente. Mes parents seraient morts de honte s’ils voyaient le trou dans lequel je vis.

Malheureusement, j’ai commencé à prendre l’habitude de m’exprimer comme les gens que je côtoie. Non pas que j’y prends un plaisir particulier mais allez tenir une conversation un peu soutenue avec un pauvret qui vient acheter un cercueil pour son chat.. (Oui on en vend aussi …) J’attends des autres qu’ils s’adressent à moi avec toute la déférence que je mérite. En mon for intérieur, je m’emploie à penser comme ces simplets. Un vocabulaire basique, des formulations grammaticalement incorrectes pour garder un pied dans cette nouvelle réalité.

J’aimerais bien trouver ma place en mission avec d’autres aventuriers. Probablement en tant que soutien. Protéger les autres, ça me paraît plus dans mes cordes que de me battre en première ligne. Tant qu’on reconnaît ma valeur, ça me va.

Je veux trouver un moyen de rentrer chez moi.

J’adore dormir et je hais les insectes.

J’ai hâte de vous faire le plaisir de me rencontrer.

On casse tous les murs alors ! Bonjour o/ Moi c’est Cerezia, 27 ans. J’ai une certaine expérience du monde du RP sans pour autant qu’elle soit ééénoorme. J’aime bien faire des personnages débiles et les embourber dans des situations toutes aussi stupides. C’est mon nindo.

Cordélia est une perle. Une perle qui n'a pas hésité à pousser son précédent domestique dans une ruche pour que les abeilles le ciblent plutôt qu'elle. Mais malgré tout, je ne pense pas qu'elle se comportera de la même manière en mission. Elle est mature maintenant et a bien conscience de la valeur de chaque être humain ...... bref ..

J’aime beaucoup votre forum et la trame me plaît vraiment beaucoup ! J’ai sacrifié ma nuit pour cette présentation. Aussi, avec la fatigue (oui ce sera mon excuse),il se peut qu’il y ait des incohérences ou des choses à modifier. N’hésitez po !

J’adore dormir et je hais les insectes.

Au plaisir de vous rencontrer ~