Perché au sommet du bâtiment qu'elle se devait de réparer, une barre rouge sanguine entre les lèvres, la Prédatrice scrutait le groupe de jeunes en silence depuis déjà plusieurs dizaines de minutes. Comment pouvait-elle bien s'y prendre pour les dégager de là sans transformer toute cette histoire en bain de sang ? L'option citée était la plus simple et la plus rapide, mais étrangement notre amie sentait que cela serait moyennement apprécié en haut lieu. Aucune de ses petites têtes blondes ne lui était connue, ils étaient juste une bande de civils sans histoire, ni avenir...
Comment ? Cette question tournait dans son esprit sans parvenir à trouver une réponse satisfaisante jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose d'inattendu. Un hurlement, venant de l'un des drogués, attira l'attention de toutes les personnes présentes. Sautant en arrière, la personne en panique dévala sur la place en piétinant les affaires de ses petits camarades jusqu'à finir son nez explosé sur le mur de pierre du moulin. Apparemment, il venait tout droit du petit-bois qui entourait les champs, zone trop irrégulière pour être exploitable.
*Oooh... Tu penses à ce que je pense ?*
Un sourire sadique se dessina sur le visage angélique de la jeune femme alors qu'elle acquiesçait silencieusement les paroles de son double avant de descendre de son perchoir, s'éclipsant alors dans le sous-bois, haut lieu urinoir et de zone classée +18 pour les plus téméraires des fêtards.
Évidemment, il n'y avait rien de bien méchant dans cette zone de la ville. Même les loups avaient fini par aller voir ailleurs, la présence humaine bien trop intense du coin n'étant pas très apprécié des bêtes sauvages. Alors, qu'est-ce qui avait pu faire peur à ce point à l'autre abruti ? Crapahutant au hasard entre les bois, Émilia s'aidait du brouhaha de ses compagnies de beuverie et de leur odeur pour se localiser dans cette nature épargnée par la civilisation. Finalement, au détour d'un buisson aux épines piquantes et irritantes, notre amie sursauta en distinguant, du coin de l'œil, une forme agressive au bras tendus dans sa direction. Instinctivement, elle dégaina son arme en faisant un bond en arrière avant de comprendre...
C'était sûrement cette chose qui avait fait fuir l'homme à l'esprit à des kilomètres au-dessus du niveau de la mer : une simple bûche de bois noircie par les intempéries, mais qui avait tout de même sus garder deux épaisses branches d'un côté et de l'autre lui donnant un aspect effrayant dans la pénombre, ou sous l'effet de stupéfiant.
Sa lame sur son épaule, Émilia regarda l'arbre mort sous toutes ses coutures, donnant un coup de pied dedans afin de constater à quel point ce machin était en fin de course avant de ranger son arme, faisant craquer les articulations de ses doigts.
-Biiien... Il est temps de passer aux travaux pratique !La nuit commençait doucement à pointer le bout de son nez. Les jeunes revenait les bras chargés de victuailles et d'alcool avant de s'allumer leur énième chichon de la journée, mais le groupe s'était partiellement dissipé, ils n'étaient plus que dix. Tapis dans l'ombre des bois, deux yeux luisaient dans la pénombre. Enjayé par la musique et la surabondance de substances, un petit couple se décida à aller profiter des joies de la vie et de la luxure dans le sous-bois, à l'écart des regards indiscrets.
Les hormones étaient à deux doigts de l'explosion, le couple s'embrassant langoureusement en... Oui, je vais faire court. Commençant leurs petites affaires, ils ne remarquèrent pas l'imposante silhouette qui venait de s'approcher, attrapant la femme nue au-dessus en la faisant disparaître dans les buissons dans un cri strident. Le garçon se releva, tous ses sens en alerte et bien dressé, il chercha sa muse d'un regard apeuré en l'appelant à plein poumon d'une voix de fillette tremblante. Venant du dessus, une large main de cristal vint le âper à son tour dans un cri.
La musique se stoppa, le reste du groupe venait d'entendre ses cris suspects et non-habituels de se genre de moment. Armé de leur puissante bouteille vide, un groupe de quatre vaillants aventuriers se décida à pénétrer dans les bois à leur tour et la foret les dévora en quelques minutes. Un silence pesant s'installait, le craquement des bois résonnait contre le mur de pierre du moulin et bientôt deux jeunes partirent en hurlant en direction de la ville. Il ne restait que le fils et son amie agripper à son bras.
Devant eux, une silhouette sortait enfin des buissons. Un large tronc d'arbre mort avec deux trous d'où brillaient un œil rouge et vert s'approchait, l'une des mains de créature était disproportionnait et entièrement en cristal tandis qu'une voix résonnait de son cœur vide, telle une voix d'outre-tombe.
"Les hurlements de mes enfants que vous fumez ont réveillé l'Esprit vengeur de ses bois !! Je vais tout vous offrir en sacrifice... À moins que vous ne dégagiez d'ici et que vous ne fumiez plus jamaiiiiis !!!"La jeune fille s'évanouit et le fils l'abandonna à son triste sort, déguerpissant en quatrièmes vitesse en poussant un cri d'effroi... Pathétique. Faisant disparaître son bras, Émilia se débarrassa de son armure de bois séché en soupirant devant la déchéance de la stupidité humaine... Mais au moins, avec une frousse pareil, ils n'étaient pas près de revenir dans le coin de si tôt. Vérifiant quand même que tout "danger" été écarté, elle s'attela de ramener chez eux les enfants qu'elle venait d'assommer et histoire d'être sûr qu'ils retiennent la leçon, elle glissa dans leur main une des feuilles non fumé durant la journée, taché de son sang. Cette petite mise en scène devrait suffire à les calmer.