Marguerite du Psychagité
Pèlerin - Eglise
Bronze
0 Pts
- Date d'inscription :
- 16/04/2023
- Gils :
- 8324
- Disponibilité Rp :
- Disponible
- Messages :
- 118
- Métier :
- Archiviste au Collège des Interdits
- Couleur d'Essence :
- Incolore
- Style d'Arme :
- Aucune
- Rang :
- Sans Rang
- Puissance d'Essence :
- 2919
descriptionVisite Guidée particulièrement détaillée [PV Loreley] (Terminé)Mer 26 Avr - 21:49
more_horiz
Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres, et pour cause : J’avais ouvert les yeux à 7:03 au lieu de 7:00. C’était trois minutes, 180 secondes de perdues, c'est-à-dire cent quatre-vingt millions de micro secondes de retard. Autant vous dire que la journée devrait être chargée pour rattraper tout ça.
Tragiquement, il me serait tout à fait impossible de trier cent quatre-vingt millions de lignes en plus à la fin de la journée pour combler mon retard, donc ces micro secondes ne pourraient jamais être rattrapées. Je pourrai toutefois trier cent quatre-vingt feuilles, et ainsi rattraper les secondes perdues. Additionnellement, je trierai trois casiers de plus, pour rattraper les minutes.
J'espérais que tout cela serait suffisant pour me faire pardonner pour les microsecondes : après tout, une micro seconde vaut moins qu’une seconde, et moins encore qu’une minute, je m'autorisais donc à ne pas me sentir trop coupable.
Cette situation embarrassante avait au moins un espoir : puisqu’on me laissait dormir dans les archives (je reprenais évidemment ma forme originelle pour dormir, et j’avais pu meubler un tiroir du bureau à mon gré), je n’avais pas de trajet à faire de mon lit jusqu’au archives. Il ne me restait donc qu’à reprendre forme humaine (évidemment, en dehors du tiroir), puis à m'habiller, et je pouvais d'ores et déjà commencer mon travail.
Alors que je m’étais peut-être naïvement convaincu qu’il me serait possible de facilement compenser mon retard, cette journée revint une nouvelle fois à la charge avec un cognement à la porte alors que je commençais à peine à prendre le rythme, 3 heures, 27 minutes et 10 secondes plus tard.
Il faut savoir que j’ai très rarement de la visite, aux archives ; c’est même pour ça que je les apprécie. Avant que je n’y sois posté, on n’y venait encore moins ; il y a des signes qui ne trompent pas, vous savez, comme le grincement essoufflé de la porte dans ses gonds rouillés, ou les 6,7 millimètres de poussière qui recouvraient chaque surface à mon arrivée.
Pourtant, pour une raison que j’ignore, maintenant que j’étais là, on s’était mis à venir plus souvent, comme pour m’y trouver. Je ne suis pas vraiment sûr de comprendre pourquoi, je fais pourtant de mon mieux pour n’attirer personne, mais j’ai appris très désagréablement que quand on travaille quelque part, on a des “comptes” à “rendre” à des supérieurs, et on reçoit des “consignes”, ou encore que des personnes viennent pour prendre des documents que vous êtes engagés pour ranger (à quoi bon donc les ranger, si on vient pour les faire sortir, me demandez-vous ? Je suis bien incapable de vous répondre, mais on a pas apprécié à la première fois que j’ai refusé de les donner, alors j’ai du me résigner. Ça me chagrine un peu d’avoir des trous ici et là, mais je me console : ils m’ont dit que tout le monde devait rendre les documents retirés tôt ou tard. Ce qui là encore pose la question : pourquoi diable les sortir, si c’est pour les remettre de toute façon ?)
Bref, une fois de plus, je constate à mon grand regret que même au sein de la Cathédrale de l’Ordre, on s’est bien habitué au Chaos. Cependant je ne dis rien, malgré ces quelques désagréments, j’aime mon travail, et je ne veux surtout pas retourner à vivre oisivement d’amour et d’eau fraîche comme le reste de mes congénères.
Je disais donc qu’on frappa à la porte. Je ne répondit évidemment pas, pour ne pas leur donner une raison d’entrer, mais malheureusement, la personne derrière ne comprit pas ce signal fort et ouvrit quand même la porte.
Allons bon, Jerolin. Le Cardinal en chef de la Cathédrale, et ce que les bipèdes appelaient mon “supérieur” (Je devais concéder qu’il était plus grand que moi, certes, mais tel était le cas de la plupart des Portaliens).
- Je n’ai pas touché aux décorations de la cérémonie, me défendis-je immédiatement, gardant le nez dans le document que j’avais dans les mains (une comptine pour enfants qui parlait de rois et de dieux et d’autres trucs inintéressants)
La dernière fois que j’avais essayé d’aider, il y a de ça trois jours (ça faisait beaucoup de trois. Je n’aimais pas le trois. Était-ce pour ça que cette journée était si mauvaise ?), ça n’avait pas plu. Donc non, je n’avais rien fait cette fois.
- Quelles décorations ? Demanda le Cardinal, l’air confus.
- Je sais pas. Mais je n’y ai pas touché, répétais-je, un peu agacé. Si vous en trouvez d’autres de trop bien rangées, alors ce sont celles d’il y a trois jours. Moi, je n’y ai pas touché depuis.
Jerolin poussa un profond soupir :
- Je ne viens pas pour ça, Marguerite. J’ai besoin de quelqu’un là-haut.
- Là-haut ?
Mon regard se posa sur le plafond, très bas dans les archives. En levant le bras, je pouvais y mettre la main à plat.
- La Grande Papesse, bénie soit-elle, déplore le manque d’attractivité de et d'adhésion à l’Ordre au sein des nouveaux arrivants. Nous avons décidé de les accueillir, pour leur donner une bonne impression, qu’ils comprennent l’importance de notre mission.
Je baissais la tête, fixant un coin de la pièce comme pour y trouver un indice : je n’avais sincèrement aucune idée d’où il voulait en venir. Pourtant il continuait :
- Je ne te cache pas qu’en temps normal, ce n’est pas à toi que je demanderais une telle tâche, dit-il avec une drôle d’intonation sur le ‘toi’. Mais il s’avère qu’une grande partie du personnel est actuellement occupée à remettre tous nos articles de cérémonie en place après que tout ait malencontreusement été déplacé, et que tu es le seul qui soit disponible.
- Je range, lui rappelais-je, agitant le paquet de feuilles dans ma main. J’ai pris du retard, ce matin, et là je suis en train d’en prendre encore plus.
Je jetais un œil à l'horloge au dessus de la porte, face à mon bureau. 3 minutes et 37 secondes depuis que le Cardinal m’avait dérangé, et pourtant il n’avait pas l’air de s’en vouloir beaucoup.
- Ce n’est pas grave si tu perds une journée. J’ai besoin que tu ailles à la rencontre d’une jeune fille, qui attend là-haut. Elle a dit qu’elle voulait visiter la Cathédrale.
- Moi ?
J’étais abasourdi.
- Tu connais les lieux, non ? Tu vis ici depuis un mois, tu sais quelles parties sont interdites au public, et lesquelles sont autorisées. Du moins je crois…, se reprit-il avec une moue mal rassurée. C’est seulement pour aujourd’hui.
- Non.
Jerolin soupira encore, et ajouta :
- Je te promets que tu ne seras pas dérangé pendant une semaine.
- D’accord.
Je reposais les papiers que je tenais, le cœur un peu serré de devoir les laisser là, mal rangés, pendant quelque temps. Peut-être étaient-ils tristes ? Leur temps était finalement venu, après si longtemps, de trouver leur place, et voilà qu’ils étaient reposés dans ce vieux carton miteux. Ça briserait le cœur de n’importe qui.
Mais je me consolais : il s’agissait d’aider quelqu’un à trouver sa place. Vu comme ça, peut-être que ça pouvait être une tâche pour moi après tout, raisonnais-je en montant les escaliers qui descendaient aux archives, émergeant dans une petite chambre qui donnait sur la nef Est. Il y avait bien des âmes perdues, à Portalia, et d’habitude, je n’y pouvais rien pour les guider. Peut-être que cette fois on m’écouterait.
Le Cardinal m’indiquait une personne à l’entrée de la cathédrale, tout au sud. Marchant vers elle, je me remémore tout ce que je savais, le plan du bâtiment, l’âge des vitraux, la dernière rénovation en date de la façade Nord, la septième moulure en partant du coin gauche du plafond qui était abîmée, la colonne qui…
Et une fois devant elle, je me rendis compte que j’avais oublié comment parler aux gens.
- Bonjour. C'est quoi ta fleur ? Lâchais-je finalement, faute de mieux, fixant son épaule droite. Je n’aimais pas regarder les gens dans les yeux. Il me fallut quatre secondes pour me calmer avant de me rendre compte.
- Attends, non. Ton nom, je veux dire.
Dernière édition par Marguerite du Psychagité le Sam 7 Oct - 21:18, édité 2 fois
Tragiquement, il me serait tout à fait impossible de trier cent quatre-vingt millions de lignes en plus à la fin de la journée pour combler mon retard, donc ces micro secondes ne pourraient jamais être rattrapées. Je pourrai toutefois trier cent quatre-vingt feuilles, et ainsi rattraper les secondes perdues. Additionnellement, je trierai trois casiers de plus, pour rattraper les minutes.
J'espérais que tout cela serait suffisant pour me faire pardonner pour les microsecondes : après tout, une micro seconde vaut moins qu’une seconde, et moins encore qu’une minute, je m'autorisais donc à ne pas me sentir trop coupable.
Cette situation embarrassante avait au moins un espoir : puisqu’on me laissait dormir dans les archives (je reprenais évidemment ma forme originelle pour dormir, et j’avais pu meubler un tiroir du bureau à mon gré), je n’avais pas de trajet à faire de mon lit jusqu’au archives. Il ne me restait donc qu’à reprendre forme humaine (évidemment, en dehors du tiroir), puis à m'habiller, et je pouvais d'ores et déjà commencer mon travail.
Alors que je m’étais peut-être naïvement convaincu qu’il me serait possible de facilement compenser mon retard, cette journée revint une nouvelle fois à la charge avec un cognement à la porte alors que je commençais à peine à prendre le rythme, 3 heures, 27 minutes et 10 secondes plus tard.
Il faut savoir que j’ai très rarement de la visite, aux archives ; c’est même pour ça que je les apprécie. Avant que je n’y sois posté, on n’y venait encore moins ; il y a des signes qui ne trompent pas, vous savez, comme le grincement essoufflé de la porte dans ses gonds rouillés, ou les 6,7 millimètres de poussière qui recouvraient chaque surface à mon arrivée.
Pourtant, pour une raison que j’ignore, maintenant que j’étais là, on s’était mis à venir plus souvent, comme pour m’y trouver. Je ne suis pas vraiment sûr de comprendre pourquoi, je fais pourtant de mon mieux pour n’attirer personne, mais j’ai appris très désagréablement que quand on travaille quelque part, on a des “comptes” à “rendre” à des supérieurs, et on reçoit des “consignes”, ou encore que des personnes viennent pour prendre des documents que vous êtes engagés pour ranger (à quoi bon donc les ranger, si on vient pour les faire sortir, me demandez-vous ? Je suis bien incapable de vous répondre, mais on a pas apprécié à la première fois que j’ai refusé de les donner, alors j’ai du me résigner. Ça me chagrine un peu d’avoir des trous ici et là, mais je me console : ils m’ont dit que tout le monde devait rendre les documents retirés tôt ou tard. Ce qui là encore pose la question : pourquoi diable les sortir, si c’est pour les remettre de toute façon ?)
Bref, une fois de plus, je constate à mon grand regret que même au sein de la Cathédrale de l’Ordre, on s’est bien habitué au Chaos. Cependant je ne dis rien, malgré ces quelques désagréments, j’aime mon travail, et je ne veux surtout pas retourner à vivre oisivement d’amour et d’eau fraîche comme le reste de mes congénères.
Je disais donc qu’on frappa à la porte. Je ne répondit évidemment pas, pour ne pas leur donner une raison d’entrer, mais malheureusement, la personne derrière ne comprit pas ce signal fort et ouvrit quand même la porte.
Allons bon, Jerolin. Le Cardinal en chef de la Cathédrale, et ce que les bipèdes appelaient mon “supérieur” (Je devais concéder qu’il était plus grand que moi, certes, mais tel était le cas de la plupart des Portaliens).
- Je n’ai pas touché aux décorations de la cérémonie, me défendis-je immédiatement, gardant le nez dans le document que j’avais dans les mains (une comptine pour enfants qui parlait de rois et de dieux et d’autres trucs inintéressants)
La dernière fois que j’avais essayé d’aider, il y a de ça trois jours (ça faisait beaucoup de trois. Je n’aimais pas le trois. Était-ce pour ça que cette journée était si mauvaise ?), ça n’avait pas plu. Donc non, je n’avais rien fait cette fois.
- Quelles décorations ? Demanda le Cardinal, l’air confus.
- Je sais pas. Mais je n’y ai pas touché, répétais-je, un peu agacé. Si vous en trouvez d’autres de trop bien rangées, alors ce sont celles d’il y a trois jours. Moi, je n’y ai pas touché depuis.
Jerolin poussa un profond soupir :
- Je ne viens pas pour ça, Marguerite. J’ai besoin de quelqu’un là-haut.
- Là-haut ?
Mon regard se posa sur le plafond, très bas dans les archives. En levant le bras, je pouvais y mettre la main à plat.
- La Grande Papesse, bénie soit-elle, déplore le manque d’attractivité de et d'adhésion à l’Ordre au sein des nouveaux arrivants. Nous avons décidé de les accueillir, pour leur donner une bonne impression, qu’ils comprennent l’importance de notre mission.
Je baissais la tête, fixant un coin de la pièce comme pour y trouver un indice : je n’avais sincèrement aucune idée d’où il voulait en venir. Pourtant il continuait :
- Je ne te cache pas qu’en temps normal, ce n’est pas à toi que je demanderais une telle tâche, dit-il avec une drôle d’intonation sur le ‘toi’. Mais il s’avère qu’une grande partie du personnel est actuellement occupée à remettre tous nos articles de cérémonie en place après que tout ait malencontreusement été déplacé, et que tu es le seul qui soit disponible.
- Je range, lui rappelais-je, agitant le paquet de feuilles dans ma main. J’ai pris du retard, ce matin, et là je suis en train d’en prendre encore plus.
Je jetais un œil à l'horloge au dessus de la porte, face à mon bureau. 3 minutes et 37 secondes depuis que le Cardinal m’avait dérangé, et pourtant il n’avait pas l’air de s’en vouloir beaucoup.
- Ce n’est pas grave si tu perds une journée. J’ai besoin que tu ailles à la rencontre d’une jeune fille, qui attend là-haut. Elle a dit qu’elle voulait visiter la Cathédrale.
- Moi ?
J’étais abasourdi.
- Tu connais les lieux, non ? Tu vis ici depuis un mois, tu sais quelles parties sont interdites au public, et lesquelles sont autorisées. Du moins je crois…, se reprit-il avec une moue mal rassurée. C’est seulement pour aujourd’hui.
- Non.
Jerolin soupira encore, et ajouta :
- Je te promets que tu ne seras pas dérangé pendant une semaine.
- D’accord.
Je reposais les papiers que je tenais, le cœur un peu serré de devoir les laisser là, mal rangés, pendant quelque temps. Peut-être étaient-ils tristes ? Leur temps était finalement venu, après si longtemps, de trouver leur place, et voilà qu’ils étaient reposés dans ce vieux carton miteux. Ça briserait le cœur de n’importe qui.
Mais je me consolais : il s’agissait d’aider quelqu’un à trouver sa place. Vu comme ça, peut-être que ça pouvait être une tâche pour moi après tout, raisonnais-je en montant les escaliers qui descendaient aux archives, émergeant dans une petite chambre qui donnait sur la nef Est. Il y avait bien des âmes perdues, à Portalia, et d’habitude, je n’y pouvais rien pour les guider. Peut-être que cette fois on m’écouterait.
Le Cardinal m’indiquait une personne à l’entrée de la cathédrale, tout au sud. Marchant vers elle, je me remémore tout ce que je savais, le plan du bâtiment, l’âge des vitraux, la dernière rénovation en date de la façade Nord, la septième moulure en partant du coin gauche du plafond qui était abîmée, la colonne qui…
Et une fois devant elle, je me rendis compte que j’avais oublié comment parler aux gens.
- Bonjour. C'est quoi ta fleur ? Lâchais-je finalement, faute de mieux, fixant son épaule droite. Je n’aimais pas regarder les gens dans les yeux. Il me fallut quatre secondes pour me calmer avant de me rendre compte.
- Attends, non. Ton nom, je veux dire.
Dernière édition par Marguerite du Psychagité le Sam 7 Oct - 21:18, édité 2 fois
000Mots
Mer 26 Avr - 21:49