Uncle Gautama exorcism (Emilia) [terminé]

Une branche noircit d'un arbre mourant craquait tristement dans les ténèbres de la nuit. Le croassement d'un corbeau, le souffle court d'un jeune prêtre qui essayait de se frayer un chemin dans les rues tortueuses des quartiers nord résonnait entre les murs en ruine des bâtiments. Il le sentait, tout son corps crispé et excité par l'adrénaline lui hurlait de quitter ses lieux dans les plus brefs délais.

Le pauvre prêtre était mal tombé... Alors qu'il venait pour une simple mission de reconnaissance et de prosélytisme qui ce devait être simple et rapide, il avait fini par faire face à la bête sanguinaire dont certaines rumeurs faisaient écho dans les murs de la citée, accroupis dans une ruelle sombre, le visage dissimulé par la nuit et deux billes rouges en guise d'œil. Pris en chasse depuis presque une heure, il l'entendait passer de toit en toit, sur ses talons, son regard vermeille luisant dans les ombres.

Émilia avait passé une mauvaise journée, peu de patient intéressant à se mettre sous la dent et une énième mission à la con qui venait de lui tomber dessus... Elle allait devoir porter assistance à cette méprisante église pour sauver des enfants qui allaient de toute façon mourir dans quelques jours. Agacée, elle avait croisé la route d'un religieux d'une trentaine d'année, le regard perdu et un sourire débile sur le visage. Une proie facile.

À bout de souffle, arrivant dans un cul-de-sac, le frère Mickael s'arrêtait enfin. Reprenant son souffle les mains sur les genoux et de grosses gouttes roulant sur son visage écarlate. Soudain une présence dans son dos, il se relevait d'un bon en brandissant son bâton de prière et tapant droit sur le visage, cherchant à se défendre avant tout autre chose. Reprenant son calme, le visage angélique à la peau pâle d'Émilia ce révélait, le bâton de prêtre dans sa joue rougie par le coup. Ce sentant très mal pour avoir osé poser la main sur une enfant innocente, il commençait à se confondre en excuses.

-Excusez-moi, jeune fille, vous m'avez vraiment fait peur ! Vous ne devriez pas rester ici... Dévisageant la demoiselle de haut en bas, son regard s'arrêtant un instant sur la généreuse poitrine de la jeune femme, il finissait par reprendre. Seule... Venez avec moi, je me dirigeais vers un orphelinat local afin d'aider ses jeunes à revenir dans les rangs de l'Ordre de notre Dieu tout-puissant. Vous aussi, vous pourriez... Eurg... Pou... Pourquoi... ?

Trois longues griffes de cristal traversaient maintenant le cou du pauvre homme en plein milieu de sa carotide. Crachant du sang sur la main cristallisée de la demoiselle, le frère Mickael regardait les yeux vermeil de la jeune fille.


-Laissez ses enfants innocents tranquilles et libres de vos mensonges... Ce quartier est MON territoire et je ne laisserais aucun d'entre vous me le polluer. Les Religieux ont un goût fade de ceux qui se sont perdus dans des fables illusoires.

Le corps du prêtre retombait lourdement au sol, laissant Émilia regarder la zone d'un air circonspect. Si elle mangeait ce pauvre bougre, d'autres religieux risquaient de pointer le bout de leurs nez et, à la longue, ça risquait de devenir compliqué... Surtout que maintenant qu'elle faisait partie des Dark Soul, elle devait éviter de trop attirer l'attention tout en brisant la confiance que pouvait avoir le peuple envers l'Église... C'était cela qui allait l'aider à atteindre son objectif...

Sa main sur son menton, un petit sourire apparu sur les lèvres de la donzelle alors qu'elle se retournait vers le prêtre. Il lui restait encore quelques heures avant le levé du soleil...





. . . . . . .





Habillé d'un haut de lin noir léger, de son tablier d'infirmière et d'un ample pantalon de toile qui cachait une paire de talon rehaussé, la belle à la chevelure d'ivoire venait de pénétrer dans l'orphelinat improvisé. Jetant un coup d'œil rapide, elle put compter une vingtaine d'enfants dont trois qui ne passeraient pas la nuit au vu de la forte odeur qu'ils dégageaient. Ceux-là n'avaient donc aucun intérêt, s'occuper des malades et blessés moyens suffiraient bien à maintenir la bonne réputation du Cabinet.

-Excusez-moi, Monsieur Elim m'envoie aider à soigner les enfants. Que puis-je faire ?

Arrêtant ce qui semblait être une infirmière débordée dans sa course, celle-ci indiqué un groupe d'enfant du doigt avant de repartir au triple galops. Ce dirigeant vers l'endroit désigné, Émilia y trouvait un étrange individu revêtu d'une très étrange tenue le couvrant de la tête au pied. Le pire dans tout ça, c'était la forte odeur d'encens que dégageait l'homme... Passant ses doigts sentant le sang sous ses narines fragiles, la jeune femme forcit un sourire aimable en s'agenouillant près de ce qui semblait être un prêtre bdsm.

-Bonjour. Je me nomme Émilia, je suis une simple infirmière, mais je ferais au mieux pour vous prêtez main forte. Comment pourrais-je me rendre utile ?

Le regard océan de la belle dévisageait le casque de l'homme (ou la femme?) d'un air intrigué et interrogateur.

Émilia regardait l'étrange homme en costume d'un œil à la fois fascinée et méprisant... Le prêtre qui lui faisait face semblait se donnait à 150% pour sauver des enfants qui étaient en bout de course, allant même jusqu'à supposer des capacités de la nouvelle arrivante en allant même jusqu'à lui demander conseils. Toisant celui qui essayait vraiment d'aider les démunies, Émilia réfléchissait aux meilleurs moyens de raccourcir les souffrances de ses pauvres enfants, comme leurs trancher la gorge ou les étouffer avec un oreiller pour moins salir la zone, mais elle ce doutait que ce genre de proposition n'allait pas être très bien reçu de la part de quelqu'un voulant sauver des vies...

Croisant les bras, la Corrompue regardait l'opulence de malade qui les entourait. Le petit prêtre en cuire avait bien choisi son coin au vu du nombre de patients en piètres états qu'il y avait dans ce coin du bâtiment. Qu'importe le temps et l'énergie qu'ils allaient pouvoir dégager aujourd'hui, peu des patients présent passeront la nuit.

-Malheureusement je n'ai aucune expérience dans ce domaine... Je ne suis qu'une humble infirmière formée aux soins de base, je ne pourrais qu'atténuer les souffrances des plus atteints.

Poussant finalement un soupir, la jeune fille se décidait à se mettre au travail, prenant soin de sélectionner les enfants ayant besoin des soins les plus simples en priorité et laissant au monsieur en cuire la joie de s'occuper des cas les plus difficiles.

Les heures passèrent, rythmées par les cris et les pleures des patients... Prenant une pause, Émilia avait sorti sa flûte et avait commencé à étonner la mélodie du renouveau de son village qui avait toujours ce si étrange effet de calmer ceux qui l'entendaient. Mais alors qu'Émilia reposée sa flûte et prenait une gorgée d'eau fraîche après s'être épongé le cou, un cri soudain de l'un des enfants vint prendre la demoiselle par surprise. Trop confiante, ses sens relâchés, elle ne remarquait l'enfant couvert de cloque et de pustule lui sauter dessus qu'au dernier moment et elle ne put l'empêcher de planter ses dents de lait baveuses dans la chaire de son bras.

Étouffant un râle de douleur, Émilia lançait un violent coup de coude dans la petite tête du malade qui reculait de plusieurs mètres, sonné par le choc. Le bras pissant le sang, la Corrompue se relevait nerveusement et posait son pied sur la jugulaire du malade, le bloquant au sol et commençant à l'étouffer par la même occasion. Sous son regard rouge sang, la jeune femme serrait les poings en regardant sa victime peinée à respirer sous son pied.

-Sale petit enf... Oooh tu ne m'as pas loupé là, hein ?

De longues plaies purulentes couraient le long de la peau du petit garçon aux cheveux noirs, de la bave sortait en mousse de ses lèvres et il grognait comme un animal. Rage, lèpre, ... un truc unique à Portalia ? Le bras d'Émilia la lançait tandis que l'hémorragie se calmait doucement. Elle sentait qu'elle ne craignait pas grand-chose d'une quelconque maladie banale, la Corruption qui la rongeait déjà faisant office de système immunitaire bis pour maintenir sa victime en état, mais le bout de viande que l'enfant avait retiré avec ses dents et le sang qui goûtai sur le sol de l'orphelinat restait tout de même impressionnant à voir.

Un bandage entre les dents, Émilia s'attelait à se bander le bras tant bien que mal, maintenant de très mauvaise humeur. À quelques mètres d'elle, le prêtre à la tenue de cuir s'attelait à calmer l'enfant et à le remettre au lit maintenant qu'il avait séparé la victime et l'agresseur avec force, bien qu'il était devenu difficile de savoir qui était qui dans l'histoire...

La belle aux cheveux blancs le regardait faire en grognant des paroles incompréhensibles entre ses dents... Sûrement était-elle en train de se plaindre de la difficulté qu'elle rencontrait avec ses premiers soins qui se révélaient être bien compliqués à faire sur sois-même. Heureusement, la plaie avait déjà commencé à se refermer, encouragée par la Corruption qui n'aimait guère voir ses hôtes en mauvais état.

Une fois le petit malade entre les bras de Morphée, Alexander se rapprochait de l'infirmière et il lui somma de le laisser faire. Tendant le bras, l'air boudeur et les joues rosée, Émilia s'inclinait devant le membre de l'Église en le laissant faire. Ce prêtre avait des gestes doux et précis, malgré la force qu'il avait su déployer plus tôt. Le regardant faire du coin de l'œil, la petite paysanne était surprise de l'application dont faisait preuve l'étrange homme d'Église et les mots d'Hypanatoi et d'Elim lui revenaient en tête... Ils n'avaient peut-être pas tort, se disait-elle, tous les membres du clergé n'était pas aussi pourri qu'elle pouvait le penser...

-Ça va aller, j'en ai vu d'autres... Il y a encore pas mal de malade à soigner ici, je vais être plus vigilante.

Dit-elle d'un ton un froid en aidant Alexander à finir le bandage avant de se relever avec lui. La jeune femme jetait un regard dur autour d'elle, cherchant à effacer toute idée d'attaquer de l'esprit des plus téméraires. Finissant par pousser un soupir en s'étirant les bras, elle finit par se retourner vers son acolyte du jour qui avait fini par piquer sa curiosité, lui adressant un petit sourire.

-Je vais vous aider à gérer les cas plus graves, on ne sera pas trop de deux pour ça.

Était-il un pourri caché, avide et destructeur comme l'image des religieux qu'entretenait Émilia depuis son arrivé ? Ou faisait-il partie d'une classe plus noble ? La Prédatrice voulait savoir. Elle souhaitait une réponse.

Une fois ses émotions passaient, l'étrange homme de foi se décidait à prendre une pause mille fois méritée, allant même jusqu'à retirer son masque de fer alors que la nuit venait d'éclipser la lumière du soleil. Jetant un œil par la fenêtre, les étoiles scintillantes dans la pénombre du nord de la citée forteresse arrachait un sourire à la jeune femme, celle-ci ce sentant plus à l'aise dans les ténèbres de la nuit que sous la chaude lumière solaire.

Finissant quelques soins auprès des enfants les plus calmes, Émilia finit par aller rejoindre son acolyte avec quelques sandwiches bricolé et une chope de bière qu'elle déposait à côté de l'homme au visage pâle et épuisé, s'asseyant en face de lui en prenant soin de dissimuler le contenu de son en-cas du soir, ne laissant apparaître que la partie pain de mie de l'iceberg. L'offrande qu'elle avait préparé pour l'humain était, lui, totalement normal. Composé de quelques rondelles de tomate et de viande de rat local.

-Je vais être honnête avec vous : Je n'aime pas les chiens de l'Église.

Fini finalement par dire la belle après quelques minutes de silence, ponctuant sa phrase d'un coup de croc vorace dans son repas du soir, son œil océan fixant les cernes de son partenaire de circonstance en caressant les cheveux blond d'une enfant qui c'était approché, réclamant un peu d'attention.

-Vous parliez de mon monde d'origine... Disons que ma capacité de récupération est le dernier cadeau de mon frère avant que les religieux de mon monde ne viennent incendier mon village et faire disparaître ses habitants, sous ordre et pour la victoire de "Dieu" ou quelque chose dans le genre.

La voix d'Émilia était monotone, comme si elle parlait de la météo, bien que le sourire triste et nostalgique qu'elle laissait s'écrire sur ses lèvres ne trahisse le pincement qu'elle ressentait dans la poitrine, le câlin que lui offrait l'enfant ne l'aidant pas vraiment à contenir le flot de souvenirs qui s'emmêlait dans son esprit.

-Je me demandais, Messire, faites vous partit de ses chiens fanatiques ? Vous n'avez pas leurs manières, alors je m'interroge... Poursuivit-elle en lançant un regard noir à son interlocuteur.
-Nous on'aime pas trop les mon sieurs de l'église non plus ! Celui qui vient d'habitude, quand grande sœur Elisabeth n'est pas là, me fait peur... Il est méchant, nous cri dessus et nous demande de voler des sous aux autres prêtres qui viennent... Ze préfère vous deux, vouz'êtes gentils...

Enchaîna la fillette alors que le prêtre qu'Émilia avait croisé sur la route, en début de journée, lui revenait en tête... Surtout son regard qu'il avait lorsqu'il l'avait dévoré de ses yeux indécents. Décidément, elle n'avait pas tiré le mauvais numéro sur ce coup-là. Mieux encore, le discours de l'enfant appuyait la mauvaise vision qu'elle avait du clergé. Notre amie rassura l'enfant de son étreinte, mais elle attendait de voir la réaction d'Alexander. Allait-il continuer de chanter les louanges de son Ordre ?

Étonnée, Émilia regarda le prêtre être complétement outré par le comportement de l'Église de son monde. Honnêtement, elle ne s'attendait pas à une telle réaction de sa part, ayant plus l'habitude de voir et t'entendre les personnes des ordres religieux se prendre pour l'incarnation même de leurs divinités plutôt que d'embrasser la simple réalité qu'ils ne sont, en réalité, que des outils pour ses êtres tout-puissant... En partant du principe qu'ils existent vraiment, bien évidemment.

Le regard dur de la belle s'adoucit finalement, accordant un sourire à l'homme en armure alors qu'elle finissait de rassurer la petite fille dans ses bras, lui intimant de retourner avec ses camarades avant de se relever pour étirer ses articulations endolories. Posant l'une de ses mains sur sa hanche, elle brassa l'air devant elle de son autre main en inclinant le visage légèrement sur le côté, prenant un air détaché.

-Je laisse la "grande quête" à ceux qui pense vraiment pouvoir y faire quelque chose. Moi, je me contente de garder les pauvres et les faibles en aussi bonne santé que possible !

Les deux mains entourant maintenant ses hanches, elle toisait l'homme du regard avant de jeter un œil par la fenêtre. La journée touchée doucement à sa fin et ils avaient, mine de rien, fait un meilleur travail qu'elle ne l'imaginait au début.

[color:c735=0099cc]-Je vais devoir y aller... Faites attention sur le retour, Sir, je place en vous mes espoirs de voir un jour un Ordre religieux plus sain et illuminant leurs fidèles d'une véritable lumière...

S'approchant de l'homme, elle lui tendit sa main, lui accordant enfin un sourire amical. C'était bien la première fois qu'elle ressentait de la sympathie pour un membre du clergé. Le petit loup avait peut-être raison, la religion n'était peut-être pas une connerie vouée à être purement maléfique. L'homme semblait sincère en tout cas, elle voulait placer en lui ses espoirs.

-Vous semblez être quelqu'un de bien. Je crois en vous pour reformer l'Ordre de l'intérieur. Si jamais vous avez un petit bobo un jour, je vous soignerais avec plaisir !

Suite à ses paroles, elle alla salué les enfants ainsi que le personnel de l'orphelinat qui la remercia chaleureusement pour l'aide qu'ils avaient apportés. Gêné, la jeune femme rougie devant cette profusion de remerciement avant de prendre finalement congé.

Cette journée c'était révélé plus longue et agréable que prévu au final... Peut-être qu'elle devrait arrêter de prendre ce genre de mission imprévu comme des corvées, car elle pouvait se révéler plus agréable que prévu. Elle commençait à le croire en tout cas.