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description[Mission bronze] "Perdue ou pas ?" feat l'équipage du Black Bear(Terminé) Empty[Mission bronze] "Perdue ou pas ?" feat l'équipage du Black Bear(Terminé)

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Perdue ou pas ?
Avec Er’ril Florès
– Les iles perdues – Mission de rang Bronze.

Cela faisait déjà quelque temps que le Black Bear avait été remis à flot et j’avais passé plusieurs mois à mettre sur pied un petit équipage trié sur le volet. D’abord, il y avait mon second. Bon, lui pour le coup, on ne pouvait pas vraiment dire que je l’avais choisi. C’était plutôt la guilde qui avait décidé de me le coller aux pattes. Par chance, il s’avérait relativement compétent la moitié du temps, passant l’autre moitié à être un parfait abruti. J’aurais rêvé mieux certes, mais un bon capitaine devait savoir composer avec toutes sortes d’équipages. Si les deux plus hautes places du navire étaient donc d’ores et déjà occupées, il avait fallu mettre la main sur toute la main-d’œuvre.  Un officier de quart, un bosco, un gabier d’expérience, un cuisto qui servait aussi de doc et enfin une poignée de matelot. L’effectif était réduit au minimum vital pour fonctionner correctement et chaque homme devait mettre du cœur à l’ouvrage si nous voulions naviguer à une vitesse raisonnable. De temps à autre et dans la magnanimité qui me caractérise, j’usais de mes forces pour rendre plus aisées les manœuvres en faisant souffler le vent dans notre sens de marche.

Si durant les premières semaines les blessures furent monnaies courantes, particulièrement lorsque les matelots apprenaient à apprivoiser le gréement. Je pouvais désormais me reposer calmement le soir venu sans craindre qu’une catastrophe ne vint perturber mon sommeil. J’avais commencé à aménager un petit espace me servant aussi bien de bureau que de chambre dans ma cabine. L’installation avait d’abord été spartiate, mais à mesure de nos "trouvailles" en mer, j’avais fini par mettre la main sur un ameublement plutôt coquet. Cependant, toutes les bonnes avaient une fin et alors que je pensais pouvoir encore profiter pendant quelques mois de ma liberté retrouvée, la guilde s’était rappelée à mes bons souvenirs.

Nous mouillions à Portalia depuis déjà deux nuits, les conditions climatiques ne nous permettant pas de quitter le port. Et à la faveur de la lune, une petite barque s’était approchée à un rythme aussi lent que régulier. J’allais pour leur assener une poignée d’injure quand je reconnus, peint à même la proue de la petite embarcation, le symbole de la guilde. Je vous le donne en mille, les ennuis venaient à moi. Le messager qui peinait à garder son équilibre sur le pont du Black Bear, m’avait remis une courte missive et s’en était retourné aux côtes sans plus d’explications. Si la majorité des hommes d’équipage devaient alors se trouver dans leurs hamacs aux cales ou encore étaient occupés à verser leurs salaires en rhum, les quelques curieux qui peuplaient le pont avaient commencé à s’agglutiner auprès de moi. Tim, le bosco qui devait s’être senti pousser des ailes, était même allé jusqu’à me questionner sur le contenu du message. Refusant tout bonnement d’accorder la moindre importance à cet officier inférieur, j’étais parti la tête haute en direction de ma cabine. La discipline sur le Black Bear était à revoir, quoi de plus normal lorsque votre second, censé faire respecter l’ordre, s’avérait être rien de plus qu’un enfant perdu dans un monde trop adulte pour lui.

Rongeant tant bien que mal mon frein, j’avais terminé par ouvrir la missive allumée à la seule lueur d’une petite lanterne à huile. Immédiatement je reconnu l’insigne du bataillon d’exploration maritime et devinez quoi ? Il voulait qu’on explore. Bon… C’était relativement attendu. Pour être plus précis, la guilde attendait de nous que nous nous aventurâmes jusqu’aux iles perdues pour cartographier les lieux et repérer les quelques richesses que la terre pouvait abriter. Pour preuve de notre bonne exécution des ordres, ceux-ci attendaient que nous rapportions trois matériaux différents trouvés sur l’île. Trois matériaux ? Calmement, je reposai le papier et laissai mon regard se perdre dans la petite fenêtre. Une bonne nuit de sommeil me permettrait peut-être de tirer avantage de cette mésaventure et il était de toute manière bien trop tard pour lever l’ancre. Résolu, je sortais la tête de ma cabine le temps d’aboyer quelques ordres à mes hommes d’équipage.

"Prévenez tout le monde, nous partons demain. Et trouvez-moi Er’ril bon sang ! Je le veux demain à la première heure dans ma cabine !"

Claquant la porte, je sifflotai tout en retournant vers mon lit. Oui, avec un peu de jugeotte, j’étais sûr de pouvoir tourner la situation à mon avantage.

Le lendemain matin je fus réveillé aux aurores par un tambourinement incessant. Me levant alors que le rouge voilait ma vision j’avais ouvert la porte avec fracas pour découvrir le visage bien trop réveillé d’Er’ril. Me rappelant à cet instant les ordres absolument idiots donnés la veille, j’avais donné le change en prétextant avoir passé une nuit horrible, faute de quelques moustiques.

Après mettre copieusement arrosé le visage et avoir pris place sur mon siège, j’avais commencé mon petit exposé.

"Bon. La guilde veut qu’on arpente les iles perdues pour cartographier la zone et recueillir peut-être quelques informations sur la faune locale. Mais tout ça n’est qu’un prétexte pour couvrir leurs intentions bien plus terre à terre. Ils veulent qu’on trouve des ressources exploitables sur l’ile et ils ne demandent pas moins de cinq preuves de nos trouvailles ! Que nous allons devoir leur ramener en main propres, je m’en chargerai bien entendu.
En tout cas, je vais donc avoir besoin de toi. Nous partons d’ici…"
 Le temps de prendre une douche, de déjeuner, de boire un coup, de ma coiffer, de me brosser les dents, de m’habiller, de changer mon cache œil, de préparer mes cartes et faire le plein de vivres… "… quatre heures. D’ici là, retourne en ville et met la main sur un scribe ou un écolier un peu zélé, en vrai je m’en fous, du moment qu’il écrit tout ce qu’on lui dira. On est déjà tout juste assez nombreux pour faire avancer le rafiot, hors de question qu’un de mes hommes perde son temps à retranscrire notre voyage. Ah ! Et puisque tu y es, profites-en pour amener quelques gars avec toi et faire le plein des cales, on ignore pour combien temps nous serons en mer. Alors, des questions ? Non ! Je m’en doutais. Tu peux disposer.

Bon alors… Ou est-ce que j’avais rangé mon peigne déjà ?


CEYLAN
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“Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à
chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux*.”
“Le voyage apprend la tolérance.**”

Cela faisait deux jours que le Black Bear avait jeté l’ancre dans le port de Portalia. Et par conséquent, cela faisait deux jours que je n’avais pas remis les pieds à son bord. Trop occupé comme je l’étais à écumer les tavernes en quête de la meilleure boisson et des plus belles distractions. Je réapprenais la vie à Terre, à dormir le jour et à vivre la nuit aux rythmes des chansons paillardes et des choppes qui se succédaient contre mon palais et entre mes mains. Au point que ma couchette à bord du Black Bear commençait presque à me manquer. Pour autant je ne comptais pas tirer un trait sur une énième soirée de festivité ; d’autant plus que je connaissais une très bonne adresse où découcher ce soir en bonne compagnie.

---

Lorsque je me réveillais le lendemain matin, l’ange gardien qui avait bien voulu me laisser squatter un bout de son matelas pour la nuit semblait avoir disparu depuis la veille au soir. Sur la petite table de nuit de mon côté du lit, je mis la main sur une note à mon attention :

Cher E’,
Tu peux utiliser ma baignoire avant de partir, si tu en ressens le besoin (et crois-moi ce ne serait pas un luxe !). Malheureusement, j’ai bien peur de te rater, les affaires m’appellent ailleurs. Mais n’oublies pas de venir me voir la prochaine fois que tu repasseras dans le coin.
Ps : et rapporte moi un souvenir de ton prochain voyage !

Ce fut tout sourire que je m’exécutais en me préparant un bain. Un simple coup d’œil suffit à me faire comprendre que j’avais encore le temps pour pareille fioriture, avant de devoir retourner à bord du Black Bear. Et je comptais bien en profiter.

Après une quinzaine de minutes de pur prélassement, je finis par sortir de l’eau et me mit en quête de mes habits de la veille. Je renfilais mon pantalon et mes bottes, mais jetais ma chemise en lin par-dessus mon épaule car l’odeur qui s’en dégageait me répugnais trop pour que j’accepte de la renfiler elle aussi. Puis je me mis à chercher un crayon afin de remercier mon bienfaiteur en quelques mots – lui promettant évidemment un cadeau à mon retour à Portalia.
Lorsque ce fut chose faite je quittais la chambre sans demander mon reste et me mis en route pour le port. En chemin je croisais quelques rares visages familiers que je saluais de bon cœur, pour beaucoup des travailleurs en lien direct avec une activité portuaire. Ainsi que quelques marins servant l’équipage auquel j’étais moi-même rattaché. Les sourires complices en disaient long sur l’historique de leur deux dernières soirées ; et quelque part cela me faisait chaud au cœur. Aussi ne cherchais-je pas à les réprimander ni à leur faire doubler l'allure.

Peu de temps après avoir réussi à hisser ma carcasse -endolorie par les excès de ces derniers jours- à bord de mon bateau d’adoption, Tim vint me trouver. Malgré l’aube qui n’avait pas encore pointé le bout de son nez à l’horizon, le bosco de notre équipage semblait vif et bavard – comme à l’accoutumée.

« — Er’ril ! Ouf, que les krakens du grand large en soient témoins, tu es de retour. »

J’haussais un sourcil en me redressant de toute ma hauteur. Il me tardait de rejoindre les draps propres de ma cabine mais connaissant l’énergumène, je savais qu’il était idiot d’espérer pouvoir échapper à ses babillages.

« — Tim ? Que puis-je faire pour toi de si bon matin ? »

Lançais-je sur un ton mi-ironique mi-intéressé.

« — C’est le cap’taine. »

Le Capitaine, forcément. Je remis mes longs cheveux derrière mon épaule avec un geste qui laissait entrevoir mon agacement.  

« — Et bien ?
Il a exigé de te voir "à la première heure dans ma cabine" pour le citer.
Je vois. Merci de m’avoir prévenu, je m’y rends de ce pas. »

Dis-je en pressant son épaule d’une poigne de main fraternelle. Tim hocha la tête avant de disparaître vers les ponts inférieurs. Je me mis donc en route vers la cabine du Capitaine, à l’autre extrémité du Black Bear. Aussitôt arrivé, je me mis à tambouriner contre le battant de la porte en bois pour prévenir @John Cook de ma présence. Sa réponse ne me parvint pas tout de suite aussi continuais-je mon petit jeu sans lui faire grâce de repos. Il allait bien finir par sortir son petit cul du lit avec tout le remue-ménage que je faisais.

Soudain, la porte s’éclipsa sous mon poing pour laisser place à un John encore endormi. Un sourire mutin fleurit sur mes lèvres à sa vue et je ramenais mes bras sur ma poitrine en attendant qu’il daigne m’inviter à entrer. Il babilla des excuses quant à son air hagard et je me retins de lever les yeux au ciel. Balivernes, évidemment. John avait bien trop l’habitude de la vie en mer pour se laisser malmener par quelques moustiques.

« — Nous pourrions faire installer une moustiquaire si cela vous sied… Je peux aller la commander dans un magasin de tissu, en ville. »

Mais John ignora mon intervention et s’éloigna à l’intérieur de sa cabine pour se rafraichir. Je pris soin de m’accouder au cadre de la porte pour ne pas empiéter sa zone d’intimité. Un John encore mal réveillé était un John à ne pas froisser de quelque manière que ce soit.

« — […] Mais tout ça n’est qu’un prétexte pour couvrir leurs intentions bien plus terre à terre. »

A ces mots, un frisson me fit redresser les épaules. Je jetais un œil vers le pont avant d’esquisser un pas en avant pour pouvoir fermer la porte derrière moi. Ce genre de détails n’avaient pas besoin de fuiter jusqu’aux oreilles trainantes du reste de l’équipage. Il valait mieux qu’il en soit ainsi, pour le bon déroulement de l’expédition.

« — En tout cas, je vais donc avoir besoin de toi. Nous partons d’ici… »

Voyant John marquer une pause pour réfléchir, je hochais la tête pour prouver ma docilité et attendis qu’il continu son discours.
Lorsque John fit mine de me congédier je ne me fis pas prier avant de tourner les talons. Je fis un rapide écart vers ma propre cabine, celle dédié au Second de l’équipage que je n’utilisais presque jamais. J’y récupérais une chemise propre après avoir jeté la mienne un peu au hasard sur la couchette, puis je me mis en route vers le pont supérieur. Je n’avais pas encore complètement enfilé ma nouvelle chemise lorsque je fis signe aux membres d’équipages déjà présents aux alentours.

« — Bon ! Sur ordre du Capitaine, nous mettons les voiles dans quatre heures ! J’ai besoin de mains pour mettre en branle le Black Bear, que tous le monde rejoigne son poste et se tienne prêt à lever l’ancre. Alphonse, Lex et Jasper vous venez avec moi. On retourne à Portalia pour prendre de quoi mener à bien la prochaine expédition. Il nous faut de la nourriture, de l’eau et des outils… Pelles, pioches, lanternes ; voyez grand. »

Je marquais une pause en jaugeant l’équipage des yeux pour m’assurer qu’ils aient compris avant d’ajouter à l’intention du bosco :

« — Tim ! Viens par ici tu veux bien ; j’ai un service à te demander. »

Passant un bras autour de ses épaules, je me penchais vers lui dès lors qu’il fut à portée.

« — Si tu pouvais nous dénicher une moustiquaire en ville, je t’en serais très reconnaissant. »

Ce dernier ne chercha même pas à me questionner, trop heureux qu’il était à l’idée de pouvoir rendre service à l’humanité. Avec Al, Lex et Jasper nous nous partageâmes en vitesse une liste de fournitures à trouver avant de nous dispatcher aux quatre coins de Portalia. Juste avant de quitter le pont, je pris soin d’aller m’enquérir des besoins de notre médecin attitré à bord, pour être certains que nous ne manquerions de rien en cas de pépin.

---

Après avoir arpenté la ville en long et en large, je finis par mettre la main sur la chose essentielle pour laquelle mon capitaine m’avait missionné plus tôt dans la matinée.

Trois heures et demie après avoir quitté notre navire, nous étions pour la plupart déjà de retour, ce dont je me félicitais personnellement. Même si notre équipage avait été récemment formé, une bonne synergie nous liaient tous et les quelques troubles-faits qui avaient eu l’honneur d’arpenter un jour le pont du Black Bear, avaient depuis longtemps quitté son bord. Ne restaient plus que des hommes fidèles au navire ; ou alors trop intéressés par la liberté de la vie de marin pour songer à se rebiffer contre la main qui les logeaient et nourrissaient.

Lorsque je remontais à mon tour à bord du Black Bear, ce fut en tirant presque littéralement le futur scribe à ma suite. Ce dernier, à l’accent de la région très prononcé, bien qu'un peu stressé à l’idée de naviguer par-delà les mers, répondait en tout point aux exigences énoncées précédemment par John. En autre, il s'agissait d'un gosse qui savait parfaitement écrire. Trop jeune pour se dégoter un vrai métier et ainsi pouvoir ramener de l’argent auprès des siens. Mais assez vieux pour que sa mère n’ait pas de remords en le laissant s’embrigader à bord d’un rafiot, pour une expédition ayant comme destination les îles perdues. Evidemment je lui avait promis une belle bourse bien garnie en contrepartie, presque la moitié de mon salaire si ce n’était plus. En si peu de temps, je mettais quiconque au défi de trouver mieux.

A mon retour, quelques membres d’équipages me firent signe pour que je vienne m’enquérir des vivres ramenés à bord du Black Bear. Je leur promis de venir tout inspecter avant que l’ancre ne soit levée et, d’un pas conquérant, je me mis en chemin vers la cabine de John en tirant le scribe derrière moi.

Une fois arrivés jusqu’à cette dernière, je recommençais mon petit jeu en tambourinant avec cœur contre la porte jusqu’à ce que le capitaine daigne donner un signe de vie. Lorsque ce fut chose faite et lorsque la porte fut ouverte, ma main s’écrasa sur l’épaule délicate du scribe attitré que je poussais vaillamment vers l’intérieur de la cabine.

« — Voilà notre scribe ! »

Lançais-je alors que ce dernier me passait devant en titubant presque après s’être emmêlé les pieds dans le tapis qui recouvrait le sol de la cabine. Ce ne fut qu’à cet instant précis que je pris conscience de ses longs cheveux qui tombaient en cascade jusque dans le creux de son dos cambré… Effectivement, je comprenais mieux pourquoi la mère avait été si prompte à me laisser l’emmener moyennant la moitié de mon salaire du mois passé.

« — Se pourrait-il que… ? »

Une fille ?

Pourtant, il ne fallait pas être une lumière pour savoir qu’une femme à bord d’un navire était toujours le signe du mauvais œil.

Et merde.

Je me mordis la langue pour ne pas grimacer davantage, en espérant fugacement que John ne remarque rien.

« — Montres lui le carnet dans ta sacoche… (Dis-je à l’attention du scribe). Il écrit très bien et a daigné emporter avec lui tout ce dont il avait besoin pour retranscrire plusieurs mois d’expéditions à bord du Black Bear. Je ne doute pas qu’il fera un très bon scribe ! »

Pour mon plus grand bonheur Tim passa justement dans le couloir à cet instant précis, les bras chargés de la commande pour laquelle je l'avais missionné un peu plus tôt.

« — Oh et ! »

Je récupérais la longue toile des mains du bosco pour les tendre à John.

« — Tim a eu la généreuse attention de vous dégoter une moustiquaire ! Merci Tim, tu peux retourner sur le pont. »

Dis-je en le poussant vers la sortie avant que John ne se rende compte de la réelle identité du scribe et ne se mette à hurler. Je refermais la porte juste derrière lui, de peur de ce qui pourrait advenir à présent.

« — Pour sa défense (commençais-je en me tournant à nouveau vers mon capitaine) elle sera mille fois mieux à bord du Black Bear que dans le trou paumé d’où je l’ai tiré. Elle m’a promis de ne pas faire de vague. Elle sait faire la lessive et le ménage, pour peu qu’on lui fournisse le nécessaire pour… Et elle pourra aider en cuisine, ou à l’infirmerie si besoin. »

En voyant John desserrer les lèvres, les mots franchirent ma bouche sans que j’en prenne réellement conscience.

« — Je suis prêt à lui laisser ma cabine, pour éviter toute esclandre nocturne. »

La vérité, c’était que lorsque je l’avais vu, si malheureuse au sein de son foyer… Ses petits yeux emplis d’espoir face à ma venue… Je n’avais tout bonnement pas eu le cœur de repartir sans lui tendre une main secourable.

* Citation de Marcel Proust.
** Citation de Benjamin Disraeli.
CEYLAN



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Perdue ou pas ? Avec Er’ril Florès

Prenant autant de temps que cela me semblait nécessaire, j’avais suivi scrupuleusement la liste de tâche que je m’étais moi-même assignée quelques minutes plus tôt. Globalement, j’avais donc fait un brin de toilette. Propre comme un sou neuf et les muscles détendus après un bon bain chaud, j’avais rejoint le pont supérieur et avais trouvé l’équipage tout affairé aux préparatifs. Me plaçant un instant derrière la barre, je contemplais les va-et-vient des hommes de bord. Dire que la moitié d’entre eux n’étaient que des bons à rien la première fois qu’ils avaient foulé le pont du Black Bear. J’avais de quoi tirer une certaine fierté de les voir ainsi poursuivre ensemble un objectif commun.

Par acquit de conscience, j’avais néanmoins décidé de jeter un coup d’œil à la soute où j’avais retrouvé Krogmul, Saule et Huzeï. Le premier, un grand orc à la mine patibulaire surveillait de son œil mauvais le travail des deux autres. Me plantant à ses côtés je me joignis à son observation. À l’instant précis ; je devais bien reconnaitre que je ne me sentais pas tout à fait à ma place. Devant moi, une espèce d’arbre vivant aux allures de Saule maintenait de toute la largeur de ses bras, trois gros barils que je devinais rempli d’eau. Se tenant à genoux par-dessus la petite pyramide de fût, un lézard humain usait de ses griffes pour nouer une corde et maintenir l’attelage. Le tout, sous le regard d’un être humanoïde au teint verdâtre qui me dépassait d’une tête au moins. Il était difficile de cantonner l’équipage à la présence de seuls humains. Toutes sortes de races coexistait à Portalia et il était mal vu de faire preuve de fermeture d’esprit. Aussi avais-je du me faire à l’idée de partager mon pont avec toutes sortes de créatures. Niant mon malaise, j’avais simplement hoché la tête en direction de mes hommes. Le travail était bien fait et ils avaient scrupuleusement suivi mes prérogatives concernant l’attelage des vivres.

Je détestais au plus au point trouver une cale en mauvais ordre. Tout devait être rangé et maintenu par des cordages. Par soucis pratiques, les vivres devaient être regroupés en petit lot, facilitant leurs usages. Des habitudes qui me venaient de mon ancienne vie. Dans la cale de mon ancien bateau, chaque objet avait sa place et n’en bougeait jamais. Consentant donc à accorder un bon point aux hommes, je l’en allais retrouver l’air plus respirable du pont supérieur. Quand passant par la cuisine j’avais croisé Quinlar qui s’occupait de remettre de l’ordre dans ses condiments. Sans m’arrêter j’avais poursuivi ma route, laissant l’elfe se lamenter vis-à-vis de son « Manque de sauge ».

Laissant paresseusement mon regard parcourir le pont, je sus à l’analyse de l’ombre de mon mat principal que l’heure approchait. Er’ril ne tarderait pas à revenir et nous partirions dans la foulée pour les îles perdues. Décidant donc qu’il était grand temps de désigner mon cap, j’étais redescendu dans ma cabine et m’installai quelques minutes sur mon bureau. Comme je l’avais prédit, Er’ril ne tarda pas à me rejoindre après avoir pris le temps de tambouriner à nouveau à ma porte.

« Entrez bon sang !»

Lâchais-je avec une pointe d’énervement. Ce maudit second prenait un malin plaisir à flirter avec les limites de l’acceptable. Il devait être conscient que sa place à bord n’était pas de mon ressort et en profitait outrageusement. Toujours était-il que celui-ci ne se trouvait pas seul mais avait ramené avec lui un…

« Voilà notre scribe ! »

En le poussant à l’intérieur, Er’ril du sous-estimer ses forces car le pauvre enfant s’en trouva malmené, titubant et manquant de s’affaler à même le sol, il ou plutôt elle, laissa s’échapper son impressionnante chevelure rousse. Fronçant les sourcils je me contentai de faire voyager mon regard entre les deux intrus. De toute évidence, mon second était surpris et le scribe lui, complétement désorienté. Suivant néanmoins les instructions, la jeune fille vint me tendre un carnet dans lequel figurait quelques poésies romantiques. Sans doute se prédestinait-elle à des études littéraires, mais visiblement la providence en avait décidé autrement. Ou la pauvreté. Sans doute la pauvreté à vrai dire.

Jaugeant du regard le « bonhomme », comme Er’ril semblait vouloir persévérer me faire croire, j’inspectais de mon œil expert divers éléments d’intérêt. Déjà ses lettres, qui étaient parfaitement lisibles et traçaient d’une main sûre. Des mains parfaitement soignées, trop à vrai dire et j’en venais à douter de sa capacité à survivre sur un bateau. La vie à bord, même pour un scribe, sonnerait de pair avec menus travaux. Si la jeune fille s’avérait une capricieuse craignant de se rompre les ongles au moindre mouvement, cela allait vite devenir problématique. Ensuite sa tenue, un ensemble taillé pour le voyage sobre et de relative bonne qualité bien que rapiécée par endroits. En revanche je doutais que la laine soit un choix judicieux de cape, elle aurait vite fait d’absorber l’humidité ambiante et serait bientôt blanche de sel.

Coupé dans mon étude par mon second qui bafouillait quelques enfantillages vis-à-vis d’une moustiquaire, j’avais rendu le petit carnet à la jeune fille mon regard dans le vague, plongé dans mes pensées. Pressant, Er’ril l’avait éconduite et s’était empressé de refermer la porte derrière elle, nous laissant tous deux dans la pièce. Ce ne fut qu’à cet instant que je réalisais les raisons de son comportement étrange. Je ne pouvais que difficilement lui en vouloir, dans bon nombre de cultures, une femme à bord rimait avec malédiction. Mais visiblement mon bon second semblait ignorer qu’il n’en était pas du tout de même dans la mer des voleurs, mon pays originel. Là-bas qu’importait le sexe du moment que le pirate comprenait des aptitudes à naviguer, à se battre et à charger ses cales de trésor.

J’allais donc pour le rassurer tout en émettant quelques réserves quand celui-ci, le regard un peu méfiant, s’était empressé d’offrir sa chambre à la jeune dame. Comme quoi, il était parfois sage de rester silencieux quelques instants. Arquant les sourcils et dévisageant le bonhomme, j’avais finalement pris la parole.

« Très bien, tu dormiras donc dans les cales avec l’équipage. » Petite vengeance mesquine que je ne pus retenir. L’imaginer devant trouver le repos dans un hamac puant au milieu des ronflements et de l’odeur de sueur me faisait d’ores et déjà rire sous cape. Toussant grassement pour reprendre le fil de mes pensées, j’avais donné la suite de mes instructions.

« Étant donné que c’est toi qui as choisi cette personne et pas une autre, je te tiens responsable de son installation. » Après tout, si Er’ril était persuadé qu’une femme à bord représentait un quelconque problème pour moi, autant jouer le jeu et profiter de mon avantage. « Trouve-lui une tenue de marin, peut-être que les changes de Durann pourraient faire l’affaire ou celle de Griff’noir. Tu devrais aussi lui conseiller de tailler ses cheveux ou au moins de les attacher. En l’état, c’est un coup à se retrouver enroulé autour d’un cordage et de passer par-dessus bord. Ensuite tu préviendras les hommes d’équipage, ils ne sont pas idiots, du moins pas à ce point. Ils verront bien vite qu’une femme est à bord. »

Étirant un sourire sarcastique je concluais alors que me relevant, je raccompagnais le pauvre damne hors de ma cabine.

« Après tout, c’est toi qui es chargé de faire respecter l’ordre. Je ne doute pas un instant que tu trouveras les mots justes pour prévenir à toute tentative malvenue. »
Posant le temps d’une demi-seconde ma main sur son épaule, je le poussais gentiment vers la sortie.

« Un dernier coup d’œil à mes cartes et on lève l’ancre. On part dans dix minutes. »

Claquant la porte derrière moi, je m’en retournai à mes occupations de capitaine.

CEYLAN
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John Cook s’était montré insupportable, comme à son habitude. Mais Er’ril avait fait de son mieux pour ne pas y prêter attention. Cela faisait moins d’un an qu’il avait rejoint John à bord du Black Bear mais malgré cela il avait appris à connaître son capitaine. Ce dernier, malgré ses airs d’homme charismatique et quelque peu mesquin, gardait les pieds bien encrés sur terre. Et bien qu’on puisse en douter au premier regard ; John s’en était toujours tiré lorsqu’il avait fallu faire régner l’ordre à bord de son trois-mâts, même durant les épisodes les plus chaotiques, lors des tempêtes ou même les accrochages les plus rudes avec d’autres capitaines de La Guilde.

Sans demander son reste, Er’ril apostropha le scribe lorsque le capitaine s’enferma dans sa cabine pour étudier les cartes une dernière fois avant de lever l’ancre.

« — Viens par-là. Dorénavant, cette pièce sera ta cabine. »

S’exclama le jeune homme en ouvrant la porte de son ancienne cabine. Il se hâta une seconde pour récupérer les quelques affaires qu’il avait abandonné ici et là, aux quatre coins de la pièce, et les fourra dans un sac en toile de jute placé qu’il avait abandonné aux pieds d’une vieille armoire.
« — Fais comme chez toi. »
La demoiselle à l’impressionnante chevelure, le remercia en trébuchant sur certains mots comme par timidité, ce qui arracha un sourire compatissant à Er’ril.

« — Sens toi libre avec moi. Je suis certes le second à bord mais je n’ai encore jamais mordu personne. Personne qui n’ait pas été consentant du moins… Et je ne doute pas qu’une petite touche de féminité durant notre périple saura mettre du baume aux cœurs de nos camarades… Quel est ton prénom au fait ?
Althéa.
Althéa. Et bien, je vais pouvoir me vanter d’avoir entendu ta voix au moins une fois aujourd’hui. Ne suis-je pas chanceux ? »

Er’ril récupéra un édredon et quelques habits, ainsi qu’un livre, un carnet, de quoi gribouiller et quelques autres effets personnels avant de se diriger vers la sortie de la cabine.

« — Enchanté Althéa. Tu verras, on n’est pas si mal installé à bord du Black Bear. Prends tes marques dans ta cabine puis rejoint moi sur le pont un peu plus tard pour que je puisse te faire faire le tour de ton nouveau chez-toi. »

Il dépassait à peine l’entre brasure de la porte lorsque l’une des tirades de John lui revint à l’esprit.

« — Ah ! Je vais tâcher de te trouver d’autres habits. Plus adéquats à la vie en mer… Quant à tes cheveux, John a raison. Il vaudrait mieux pour toi que tu les attache pour éviter un accident. Le doc devrait pouvoir te trouver du fil si tu n’as rien amené avec toi. Je peux aussi te proposer mes services de coiffeur improvisé, mais je ne me porte pas garant du résultat. »

Avec un sourire la jeune femme le remercia. Er’ril le lui rendit avant de s’éclipser prestement.

Comme un automate, Er’ril respecta scrupuleusement la liste de tâches que lui avait confié son capitaine. Il descendit sur le pont inférieur et y déposa ses maigres affaires après s’être dégoté une couchette encore disponible. En chemin il arrêta le médecin du Black Bear pour lui quémander du fil. Puis, il alla quérir Griff’noir pour lui demander une tenue de rechanges pour le scribe. Ce dernier accepta de la lui céder sans faire de scène. Ce qui ne fut pas le cas de Durann, dont le caractère plus revêche était de notoriété publique. Malgré cela, et en tirant deux ou trois chemises de sa collection personnelle, Er’ril réussi à rassembler le nécessaire pour qu’Althéa ne manque pas de changes durant cette expédition dont la durée exacte n’était connue de personne. Pas même du capitaine. Aussi avaient-ils préféré voir grand quant aux vivres emportés aux prémices du voyage.

Fidèle à lui-même, le clone humanoïde se sentait quelque peu responsable de la nouvelle fraichement embarquée. Et à bien y réfléchir, sans doute que son capitaine l’avait chargé de trouver un scribe en tenant compte, justement, du fait qu’Er’ril ne pourrait pas s’empêcher de prendre la situation un peu trop à cœur. Si ce dernier avait bien comprit une chose ces derniers mois ; c’était que John ne laissait rien au hasard. Perspicacité ou ruse… au final, ça ne changeait pas grand-chose tant que les résultats étaient là. Mais malgré cela Er’ril ne pouvait s’empêcher d’en vouloir quelque peu à John, pour lui avoir fichu cette nouvelle prise de tête dans les bras. Florès savait qu’en digne second à bord, il était normal que le capitaine se déleste des tâches les plus enquiquinantes en se reposant sur lui… Mais tout de même.

En soupirant, Er’ril regagna le pont supérieur et demanda aux membres d’équipage de se rassembler pour qu’il puisse leur présenter Althéa. Cela ne dura guère plus longtemps qu’un quart d’heure, durant lequel Er’ril dû rabrouer quelques rires goguenards et laisser planer l’ombre d’une menace de répercutions collectives si jamais les choses tournaient mal. Mais globalement, l’équipage se montra conciliants. A sa surprise, nombreux étaient les hommes à bord à banaliser la présence d’une femme à bord.

« — Vous vivez dans un passé révolu, ou bien dans un mythe sexiste, monsieur Florès. »

Eut même le culot de lui murmurer le Doc après lui avoir tapoter l’épaule d’une main. L’amusement qu’avait lu Er’ril dans les yeux de certains de ses condisciples lui picota les joues. Aussi, peu désireux d’être aperçu rougissant comme une jouvencelle amourachée ; Er’ril grommela quelques ordres avant de rejoindre John au gaillard d'arrière.

« — L’équipage est prêt à lever l’ancre. Espérons que les mers soient clémentes avec nous aujourd’hui. »

Lança Er’ril à son capitaine. Le second avait conscience que la traversée jusqu’aux îles perdues prendrait plusieurs jours.

« — Espérons aussi que les esprits ne s’échauffent pas avant que l’on ait touché terre. »

Maugréa Er’ril en croisant les bras sur son torse. Avec un soupir il regarda la jeune Althéa nouer ses cheveux en une tresse serrée sous le regard satisfait du Doc. Ce dernier devrait pouvoir dégoter quelques tâches quotidiennes à léguer à Althéa, si jamais celle-ci ne s’en sortait pas avec celles normalement assurées par les matelots les plus bas dans l’échelle hiérarchique à bord. Ce qui laisserait à Er’ril une marge de manœuvre en cas de problème. Si elle sait écrire aussi soigneusement que ce qu’elle ma montrée dans ses carnets ; sans doute qu’elle saura très bien recoudre une blessure, songea l’homme tout en étudiant chacun des matelots exécuter les ordres qui leurs avaient été donnés. Avec un soupir, Er’ril informa John qu’il s’occuperai de l’équipe de surveillance :

« — Je monte au gréement pour surveiller l’horizon. Tâchez de ne pas nous envoyer directement contre des rochers, monsieur le capitaine. »

Lança le second à son supérieur non sans dissimuler sa malice. La seconde d’après le voilà déjà qui escaladait les cordages comme si cela lui était inné.
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Perdue ou pas ? Avec Er’ril Florès


Les eaux séparant Portalia et les îles perdues avait été de longue date pacifiée à grand renfort de mercenaires sanguinaires. Il arrivait encore, de temps à autre, de pouvoir croiser quelques créatures mais celles-ci se faisaient de plus en plus rare à mesure des années. Je ne devais d’ailleurs pas y être pour rien, la guilde mettait un point donneur à assurer la sécurité de la cité et de ses abords immédiats. Prendre le contrôle des terres avait été une priorité, mais bien vite c’était posé la question des mers. Comment garder le contrôle d’un territoire qui de fait était incontrôlable ? Sur terre, la guilde pouvait bâtir des murs, des tours, des forteresses. Mais en mer, rien ne pouvait empêcher une créature sous-marine de s’approcher un trop proche des côtes. Une seule solution restait alors, l’extermination. Nous en étions encore bien loin et c’était pour cette raison que je me retrouvais là, penché sur mes cartes et étudiant attentivement notre cap. Nous allions devoir bifurquer par endroit afin d’éviter les zones dites « dangereuses » mais les îles perdues ne se trouvant qu’à quelques encablures nous devrions nous en sortir sans grand péril.

Mémorisant les données, je sortis sur le pont et découvris qu’Er’ril présentait la nouvelle à l’équipage. Althéa donc, un bien jolie prénom pour une pauvresse de la ville. En passant je décochais quelques signes du menton aux hommes, qui me répondirent de même. Deux jours de longue attente au port et enfin nous allions pouvoir regonfler nos voiles, l’impatience me gagnait. Je n’aimais pas rester trop longtemps statique et surtout j’adorais sentir la brise marine collant à ma peau. Bien entendu il m’était arrivé de poser le pied plusieurs semaines pour des réparations ou autre obligations impérieuses, mais j’avais alors généralement prévu mon coup de manière à le trouver l’esprit occupé. Maudite météo qui m’avait retenu contre mon gré, pile au moment où je n’aurais pas dû me trouver à Portalia. Si les vents ne m’avaient pas été défavorable, je serais sans doute encore entrain d’arpenter les mers du continent en quête de trésor !

Planté derrière la barre, je tirais de la petite boite enlacée contre les renforts de la barre, un objet qui allait attirer toute mon attention. Levant l’ustensile je plaçais mon œil dans la petite lunette en visant l’horizon. Un bref coup d’œil à la boussole et je détournais l’objet plein nord. Après un rapide calcul des degrés je rangeai l’objet, satisfait de le savoir en état de marche. J’avais pris cette petite habitude, presque par superstition. Un marin sans sextan, c’était un marin perdu. Alors, je voulais vérifier avant chaque expédition que celui-ci soit parfaitement calibré. Bien, l’heure était venue ! Rasant de mon regard le pont j’entrevis Er’ril qui s’avançai d’un pas résolut vers moi. Visiblement la petite réunion était terminée puisque tous les hommes d’équipages regagnaient leur postes.

« Il était temps. Tout le monde sur le pont, on jette l’ancre ! »

Lâchais-je d’un ton sec que je voulais réprobateur. Mon second avait toujours été une tête de mule, mais jusqu’ici je n’avais encore jamais eu à remettre en doute sa loyauté. Était-ce l’idée d’une femme à bord qui le rendait subitement plus crétin ? Il ne comptait tout de même pas s’accoquiner avec cette gamine ! Elle devait toujours avoir atteint l’âge de raison ! Rangeant dans un coin de ma tête qu’il me faudrait dormir que sur une oreille cette nuit pour m’assurer que ce maudit vaurien ne vint pas à sa cabine, j’écoutai la suite de son discours. Voilà qu’il maugréait dans sa barbe tout en lorgnant sur le scribe ! Celui-ci craignait que les esprits ne vinssent à s’échauffer. Pourtant, le seul échauffé que je voyais sur ce navire, c’était bien lui. Un bref coup d’œil sur son regard et j’y sentis une réelle inquiétude. Qu’allait-il imaginer cet imbécile heureux ?

« Qu’ils essaient donc. Une petite baignade en pleine mer les refroidiront en un clin d’œil ! »

J’avais lâché ma supplique en grognant autant que je souriais.  Mon regard chargé d’une certaine malice et durant un dixième de seconde il se fit même compatissant. Par chance, mon second décida de s’en aller à ses tâches avant que la situation ne pût devenir gênante. Au lieu de quoi il se permit une pique. Nom de nom !

« Si tu es à la vigie c’est à toi de nous faire éviter les rochers abrutis ! »

Le regardant grimper tel un singe le long du mât, je laissai fleurir un léger sourire sur mes lèvres. La traversée promettait d’être intéressante.

__________________________

La mer fut d’huile et les voiles pleines., en revanche un contrecourant traitre venu de l’ouest s’évertuait à nous rabattre inexorablement les côtes, ralentissant notre progression. Quatre jours après notre départ nous pouvions enfin entrevoir la silhouette embrumée des îles perdues. La routine avait bien vite regagné le pont du Black Bear. L’équipage travaillait tantôt joyeusement, tantôt bougonnant mais toujours de concert pour faire avancer le vaisseau. Althéa le jeune scribe à bord, n’avait pas encore trouver réellement ses marques. La plupart du temps, je la voyais errant en quête d’occupation sur le pont principal. À notre départ, elle s’était appliquée à retranscrire le moindre non-évènement, mais visiblement son excès zèle lui était bien vite passé. Toujours son carnet à porter de main, soit directement entre ses paumes, soit lévitant autour d’elle. Car oui, détail d’intérêt que notre cher Er’ril avait omit de nous apprendre. La jeune fille possédait quelques attributs spécifiques. Un héritage familial selon ses dires, étant donné que son père était propriétaire du même pouvoir. Ils pouvaient faire léviter les objets et les manipuler dans l’espace. Elle n’était encore qu’une novice dans son art et ne pouvait guère soulever plus de quelques grammes. Son paternel lui, se servait de ses attributs pour conduire ses charrues à travers champs ou encore pour semer plus efficacement. Quelle perte. Disposer d’un pouvoir potentiellement si puissant et le gaspiller dans une vie de fermier. Qui pouvait savoir quel genre de combattant aurait pu être son père si celui-ci s’en était donné les moyens ? Mais le sort avait visiblement décidé que son pouvoir devait perdurer et Althéa représentait peut-être une chance providentielle de tirer profit de cette puissance.

J’avais profité d’un petit temps de repos alors que la jeune fille rêvassait sur le pont principal pour commencer à faire émerger l’idée dans son esprit. Je ne savais pas encore moi-même si j’étais intéressé à l’idée d’en faire une sorte d’apprentie à bord, mais j’avais la ferme intuition qu’il serait des plus habiles d’en laisser entrevoir l’idée. Au visage autant illuminé qu’inquiet que celle-ci me rendit, j’avais deviné que la situation actuelle la torturait. Rêvait-elle de retrouver son foyer ? Ou au contraire, craignait-elle de devoir y retourner un jour ? En tout cas, elle n’avait de toute évidence aucune appétence particulière pour la marine. Elle n’était pas très habile de ses mains et son pouvoir était encore trop faible pour mouvoir un cordage entier. En revanche, elle avait fait ses preuves auprès du doc en faisant virevolter une aiguille sur une pauvre côtelette de porc. Du coup, ses journées se résumaient à des allés retours entre l’infirmerie, les cuisines et le pont principale. Les deux premiers pour travailler, le troisième pour rêvasser.

À ma connaissance, la petite avait été bien accueillit par les hommes. Mais en tant que capitaine, je savais pertinemment que les querelles s’entretenaient loin de mon regard. Alors que nous continuons à approcher et que la silhouette brumeuse se transformait en forme tangible, j’avais interrogé Er’ril sur la question.

« Dis-moi, que penses-tu du scribe ? »

Une question très ouverte, mais je souhaitais laisser l’esprit de mon second prendre le pas sur mes questionnements personnels. À trop préciser la question, je risquai d’orienter la réponse. M’appuyant sur la bar de tout mon poids, je regardais d’un œil distrait les hommes qui s’agitaient sur le pont, préparant notre accostage.

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Dernière édition par John Cook le Dim 24 Juil - 10:57, édité 1 fois
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« — Qu’ils essaient donc. Une petite baignade en pleine mer les refroidiront en un clin d’œil ! »

L’humeur d’Er’ril oscilla une minute entre irritation et amusement face aux paroles de son capitaine, mais le second se retint bien d’ajouter quoique ce soit à ce sujet. Au lieu de cela, Er’ril annonça à John sa décision de monter au gréement pour surveiller l’horizon ; terminant sa phrase par une petite pique juste afin d’échauffer un peu le sang de John. Par respect pour son supérieur hiérarchique, le second avait attendu le moment propice où personne ne serait en mesure de les écouter pour ce faire. Si Er’ril n’était qu’un débutant dans le milieu de la marine, il avait néanmoins conscience de l’importance de la hiérarchie. Et après les évènements qui lui avaient valus l’obligation de quitter le pont de Lou Wü ; Er’ril faisait tout son possible pour se tenir à l’écart des ennuis. Et notamment des mutineries.

« — Si tu es à la vigie c’est à toi de nous faire éviter les rochers abrutis ! »

Lança John dans son dos, tandis que le second tournait les talons en direction du gréement. Cook lui rendait coup pour coup, ce n’était qu’un retour de bâton pour la pique qu’Er’ril lui avait précédemment envoyée. Aussi ce dernier décida-t-il de ne rien ajouter ; tandis qu’il se hissait avec souplesse jusqu’à son point de surveillance. Une fois tout en haut, Er’ril passa le reste de la traversée à surveiller le large en sifflotant pour éloigner l’ennui.

---

Les journées à bord du Black Bear s’étiraient presque en tout point similaires aux précédentes. La traversée vers les îles perdues s’était faite sans anicroche notoire cette fois. Ce qui avait le mérite d’être reposant ; quoiqu’un peu insipide par moments. Au dernier jour de leur traversée, alors que l’esquisse abruptes des îles se dessinaient de plus en plus sûrement dans le lointain, John Cook jeta une question à son second en prenant ce dernier au dépourvu :

« — Dis-moi, que penses-tu du scribe ? »

Er’ril détourna la tête de l’horizon pour sonder l’œil non camouflé de son supérieur. Ce dernier semblait en tout point sérieux, ce qui déstabilisa quelque peu le second qui n’était pas habitué à écoper d’une remarque acerbe ou d’une taquinerie pour toute ponctuation. Er’ril détourna ses yeux rubis vers le large en tentant d’estimer le nombre de kilomètres qui les séparaient encore des côtes.

« — Elle semble efficace, du peu que nous avons pu en voir jusqu’à présent. Je ne sais pas si, une fois sur la terre ferme, Althéa saura manier une arme aussi bien que sa plume et son carnet… La dernière chose que je souhaite, c’est de devoir protéger un cul supplémentaire en plus du mien… Mais je crains que l’on soit obligés d’y songer sérieusement... D’autant plus que la laisser à bord du Black Bear n’est pas une option ; puisque La Guilde souhaite que notre expédition soit retranscrite dans le moindre détail par écrit… »

Er’ril lâcha un soupir agacé.

« — Nous ferions bien de rester sur nos gardes. Tous autant que nous sommes. »

Ajouta nonchalamment Er’ril pour toute conclusion. Desserrant les bras il questionna son capitaine quant à la marche à suivre en prévision de leur imminant accostage. Puis il s’éloigna pour transmettre les directives au reste de l’équipage.

Très rapidement, l’ancre fut expédiée vers les fonds marins et les canaux furent jetés à la mer. Seuls quelques matelots triés sur le volet par le capitaine, restèrent à bords du trois mats. Er’ril quant à lui attendit que tout fut en règle avant de rejoindre la dernière barque de bois, sa lance sculptée à la main. De la ceinture de son pantalon, Er’ril détacha une longue vue rudimentaire dont il avait fait l’acquisition avec la première paye qu’il avait touché à bord du Lou Wü. Il ausculta le moindre recoin des côtes de l’île qu’ils s’apprêtaient à rejoindre, en quête d’un signe de vie. Il ne fallut pas longtemps avant qu’une mine sombre ne peigne ses traits. Alors, le second jeta un regard lourd de sens vers son capitaine.

« — Nous allons avoir de la compagnie. Des Marabuntas Guerrières si ma mémoire est bonne. »

Il attendit que John lui fasse part de ses directives avant de jeter un œil vers Althéa.

« — Tu vas avoir du pain sur la planche, les ennuis démarrent maintenant. Fais attention à toi, nous ne pourrons pas toujours veiller à ta sécurité. »

Lança-t-il à cette dernière avec la rudesse nécessaire pour être certain que l’information soit bien assimilée. Une fois suffisamment proche des côtes pour se tenir debout les pieds dans le sable, Er’ril sauta prestement de l’embarcation après avoir calée sa lance au fond de celle-ci. Tendant les muscles de ses épaules et déposant une main de fer sur la jonction à laquelle était attachée la corde d’amarrage de la barque ; Er’ril guida cette dernière jusqu’à la terre ferme. Il ne prit conscience de la morsure glaciale de la mer que lorsque ses jambes mouillées quittèrent l’eau et épousèrent la morsure inquisitrice de la brise marine qui fouettait la plage. Le second récupéra son arme au fond de l’embarcation avant de distribuer les ordres dont lui avait fait part John un peu plus tôt.

Eviter le combat ne serait pas une option.
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