La Chasse est ouverte (feat Sake) (Abandonné)

Tiens, mon verre est presque aussi vide que cette taverne n’est pleine.

La Taverne de la Chasse du Dragon est un endroit que je trouve passionnant. Son nom paraît aventureux, mais les gens qu’ils contient chaque soir le sont bien d’avantage.
Déjà deux semaines que j’ai mis les pieds ici, et déjà je reviens dans cet antre de la soif éternelle, avec plaisir en plus. C’est le second lieu que j’aie jamais autant foulé dans cette cité, le premier étant la bibliothèque. Après tout, on ne trouve pas un sort capable de protéger un village entier sous le sabot d’un minotaure, aussi j’ai dû feuilleter de nombreux ouvrages, et jusqu’à aujourd’hui la quête reste entière.
Mais… on ne trouve pas grand-chose non plus sans prendre un peu de bon temps, aussi les ouvrages n’ont pas été mes seuls compagnons de ces derniers jours. Ou plutôt, si les ouvrages ont occupé mes jours, de nombreux êtres guère plus difficile à déchiffrer que le papier ont su distraire mes soirées jusqu’au matin.
Et ici j’ai clairement trouvé mieux que les bouquins.

Certains dans cette taverne sont eux aussi de véritables livres ouverts. À ma première gorgée, j’ai vu cette jeune femme au regard perçant. Ses manières et ses gestes ne laissent que peu de doute : elle est venue avec une amie et cette dernière veut s’amuser. Mais elle, moins. Je vais lui sourire, bien sûr. Et j’en resterai là. Tout au plus son regard se posera sur moi avec la curiosité de mon unicité, et j’y répondrai par l’intérêt que son être éveille chez moi.
En vrai, je pourrais tenter de la charmer, de m’amuser un peu.
Mais le respect est important. Et puis, l’aventure ne me tente pas. Pas le mood, pas l’ambiance pour ce soir. Flirter pour coucher ne m’intéresse pas. J’ai envie d’un autre sport, même si je ne sais pas encore vraiment lequel.

Parmi les autre livres ouverts, il y a ce mec impressionnant. Lui recherche l’oubli et l’amusement, comme moi. Par contre son attitude laisse entendre qu’il ne respectera rien. Il m’a dévoré du regard, et je l’ai considéré. Toutefois sa manière d’envoyer bouler le serveur laisse bien entendre qu’il se considère comme le maître des lieux. Tout lui sera dû, et il recourra au chantage affectif si ce n’est à la violence si je le laisse fricoter.
Et franchement, pas ce soir. Ni même jamais, en fait.
Mais surtout pas ce soir. Rien que la frustration dont il a fait preuve quand j’ai détourné le regard me conforte dans l’idée que j’ai raison.

En revanche, cet autre gars, là, qui dévore cette femme des yeux, me plaît bien. Il est amusant à regarder. Il n’a pas encore compris qu’elle était prête à discuter avec lui. Elle, en revanche, elle a compris. Elle a même compris que j’avais compris, on a échangé un regard d’amusement complice. Mais elle ne fera pas le premier pas.

Prenons les paris. Combien de temps il restera fébrile au comptoir avant que de rassembler le courage nécessaire ? Ça a quelque chose de chou, autant de candeur. Allez, on va dire une demi-heure. S’il attend plus, ce sera l’échec de toute façon.

Oh, et puis zut. Ce soir, on va changer les règles du jeu.

Ton plus joli sourire, Yoka. La chasse est ouverte. On se lève, avec souplesse, et on avance avec douceur, le verre à la main. Mine de rien. Rien ne vaut une arrivée en douceur.

« Vous, là, qui n’osez pas vous décrocher de votre chope... j’ai une proposition, ou plutôt un pari. Je vous laisse trente minutes pour rassembler votre courage et agir. Passé ce délai, je prendrai la liberté de courir la prétentaine, que ce soit auprès de vous ou auprès d’elle. Vous ne saurez le choix que j’ai effectué entre vous deux qu’à ce moment-là. »

Haha, c’est ça, sursaute. Moi je me contente de te sourire. Il faut que tu comprennes que derrière la plaisanterie, la menace est réelle. Par contre, je ne vais pas te dire que je fricoterai avec vous deux en même temps de toute façon, sinon tu vas pas oser. Ou pire, ça pourrait t’intéresser, mais dans ce cas le jeu n’en serait plus aussi ludique.

Haha. Le regard que tu m’as jeté. Vas-y, bafouille tant que tu veux. Je resterai indifférent à tes craintes, tu m’amuses.

« Vingt-neuf minutes maintenant. »

Allez, la dernière gorgée. Cette boisson me fait du bien après cette journée éreintante.
Et si j’en reprenais une autre ?
Oui, on va faire ça.

Boire un truc bon et regarder ce gars paniquer en te contemplant de la tête aux pieds, jetant de temps à autre des regards sur celle dont il convoitait l’attention mais qui semble désormais si loin, à cause de la panique.

C’est décidé. Le jeu de ce soir, ce sera de ne respecter aucune des attentes des gens… Et ça commencera par ce mec qui pensait pouvoir rester trois heures à rassembler un courage qui n’aurait fait que diminuer avec le temps.

Je pose la chope vide sur le comptoir. Il est temps de redemander de quoi rendre cette demi-heure plus amusante que le reste de la soirée.

La chasse est ouverte, et j’envisagerai toutes les proies avec mon sourire le plus gracieux. Qui sera la prochaine ?

Dernière édition par Yoka le Mer 1 Mar - 22:20, édité 1 fois

Passer la journée le nez sur des feuilles de papier à écrire encore et encore des multitudes de note finit en principe par me donner mal à la tête. Mais ce soir, j’ai simplement envie de sortir pour me changer les idées. Surtout que je ne suis pas satisfait de mes écrits actuels. Je n’ai pas d’inspiration à force de tourner en rond dans ma routine habituelle. Il faut que je trouve rapidement de la nouveauté ou sinon ça en sera finit de ma carrière.

Enfilant une veste par-dessus ma chemise que je rentre négligemment dans mon pantalon, je me dirige vers la sortie en réfléchissant au lieu où je pourrais me rendre. Il me faut un endroit où je peux rencontrer une foule de personnes différentes et où je peux les observer discrètement sans qu’on vienne me trouver parce qu’on m’a reconnu.

En principe, l’idéal pour ne pas être reconnu, c’est de ne pas sortir mais là, j’en ai vraiment besoin alors pourquoi ne pas se rendre dans une des tavernes de la ville. La Taverne de la Chasse du Dragon par exemple. Je n’y suis jamais allée donc je ne serais pas vu comme un habitué et peut-être que je pourrais m’installer discrètement dans un coin et observer tout ce petit monde.

Poussant la porte des lieux, j’entre d’un pas sûr de moi avant de m’arrêter pour observer la salle. Il y a pas mal de monde ici et peu de personnes se retournent à mon entrée. C’est parfait. Cherchant rapidement un lieu un peu tranquille mais qui me permette de voir pas mal la salle, je finis par m’installer à une table, me glissant sur l’une des chaises alors qu’un serveur s’approche de moi.

Lui adressant un grand sourire, je ne me gêne pas pour l’observer sous toutes les coutures avant de commander une boisson. Le laissant repartir, mon regard glisse sur son fessier et je ne peux m’empêcher de soupirer. À défaut de trouver de l’inspiration ici, peut-être que je ne repartirai pas seul ce soir…

Le temps que le serveur m’apporte ma boisson, j’en profite pour regarder les différentes personnes présentes dans la salle. Je ne reconnais aucun des individus présents et ça me va très bien. De la diversité, je sais que Portalia en a plus qu’il n’en faut mais j’ai tellement l’habitude de rester dans les mêmes zones que je commence à saturer. Mais ce soir, je prends plaisir de ce renouveau.

La salle n’a pas beaucoup bougé depuis que tu lui as parlé. Le gars qui t’en veux t’a rejeté un regard, on va feindre de ne pas le voir. Il a bien capté que je m’étais approché du candide pour le draguer, vu la gêne de ce dernier. Eh ouais, coco, j’ai décidé que je contournerais toutes les attentes, et te décevoir toi qui pensais que tout t’était acquis est l’un de mes objectifs les plus louables, bien que ce ne soit pas le plus amusant. Il est temps que tu captes qu’à peu près tout le monde dans cette pièce est plus digne de passer sa soirée avec moi que toi.

Vingt-six minutes.

Allez, on encourage le gars d’un sourire doublé d’un clin d’œil, sa belle se marre à l’autre bout de la pièce. Elle a pas entendu ce que tu as dit, mais le simple fait qu’il soit en panique et tout rouge en te jetant des regards craintifs réguliers l’amuse fort. Pour peu, tu lèverais presque ton verre dans la direction de la dame, si cela ne risquait pas d’orienter les actions du couard épris dans le mauvais sens.

En attendant, retourne-toi vers le reste de la salle.

Tiens, un autre gars au sourire charmeur. Du moins, celui qu’il vient de jeter au serveur était alléchant. Et il a bon goût, toutefois le serveur restera pro donc il est difficile de l’aborder ; il dégage cet air de « Je me dois de refuser vos avances, même si l’envie me prenait de passer un temps avec vous ». Et si le serveur a remarqué le sourire et la caresse du regard, il n’a pas eu l’occasion d’observer le coup d'œil concupiscent que lui a jeté l’homme dans son dos, surtout sur les parties plus médianes de son anatomie.

Toutefois, il s’en doute, le coco. Il sait interpréter ces signes.

Mh…
Vas-y, jette un œil à l’amoureux transi. Haha, c’est très drôle. Oh. Il se dégonfle ? Le voilà qui revient.

« Je … ne vais pas y arriver. »

Mon sourire grandit.

« Vous déclarez forfait ? Il vous reste vingt-trois minutes pour l’aborder, vous savez. Vous préférez courir le risque que je vous drague, ou pire encore, que je la drague elle ? Je ne vous ferai pas de seconde offre. »

Il est mignon quand il bafouille. Enfonce le clou, Yako.

« Et si vous vous résignez à devenir le jouet de ma propre volonté, c’est que vous n’êtes pas opposé à mes avances, sans quoi mon annonce vous aurait tellement refroidi que vous seriez déjà à ses pieds. Je prends cela comme un compliment. Mais revenons à notre affaire : vous préférez quoi : aborder cette charmante personne avec une probabilité non nulle de réussite, ou courir le risque que ce soit moi qui vous aborde, avec une chance sur deux que je n’aborde votre dulcinée et que vous ne finissiez la soirée seul ? »

Fais-lui ton meilleur sourire. S’il a capté et ne veut vraiment pas que tu le dragues, il va rebondir comme un ressort. Ah non, il semble juste très gêné.

« Je… »

C’est ça, bafouille, petit gars. J’ai déjà pris le compliment, tu sais. Tu tiens à aborder cette merveilleuse femme, mais tu ne me vois pas comme un intrus. Tu as juste peur de tout perdre. T’es mignon quand tu veux, j’ai bien fait de te choisir toi comme mon premier jouet de la soirée.

Allez, zou. On se lève, et on l’aide à se retourner.

« J’ai compris, joli cœur. Mais vous avez encore vingt-deux minutes. Épatez-moi. Ou plutôt, si vous tenez à m'impressionner, épatez-là, elle. »

On le pousse de force. Haha, on va voir ce qu’il fera de cette poussée du destin. De toute façon, s’il l’aborde et que t’as rien d’autre à faire de ta soirée, tu iras discuter avec eux.

En attendant, je me pose de nouveau. Le gars qui caressait le serveur du regard a encore glissé dans ses observations, ça ne peut pas m’échapper. S’il avait regardé mon propre fessier, il n’aurait rien pu voir d’autre que les trois queues grises qui oscillaient avec amusement. C’est une question qui me traversait l’esprit de temps à autres : les gens n’avaient pas l’habitude des renards, et certains te fétichisaient pour cela. Mais… quelqu’un t’avait-il déjà abordé sans avoir cette envie de t’objectiver ? Enfin, qu’importe, puisque rien n’était voué à durer de toute façon. On ne s’attache pas, on a dit. Surtout pas tant que ce sortilège n’est pas construit, pas plus que l’assassin des tiens, retrouvé et réduit à néant.

Oh, le gars vient de lever les yeux vers toi. On sourit, Yoka. Comme tout le monde, il le mérite. Tu ne sais pas qui c’est, mais il va falloir que tu trouves un autre jeu.

Et c’est décidé, ce sera lui la prochaine proie. Après tout, d’un, il est plutôt mignon. De deux, la boisson qu’il a prise est perceptible d’ici, et il a autant bon goût en matière de boisson que de gens. Et de trois enfin, il te reste encore vingt minutes à tuer.



Mh... C'est sympa, tu vas pouvoir t'amuser, ce soir.

On le regarde faire quelques instants, puis on se lance.

Mais, le temps de se lever, la porte de la taverne s’ouvre de nouveau. On jette un coup d’œil rapide, mais ce qui se passe déjà ici sera forcément plus intéress… Oh non, morde !

« Êtes-vous Yoka Nogi ? », vient de lancer un homme à l’insigne bien visible en me contemplant de loin.

On cache la frustration, mon renard. Le boulot prévaut, même si là, c’est plus que décevant que le travail vienne empiéter sur les situations personnelles. Jette un regard au reste de la salle : le timide vient de te regarder avec surprise, et ta nouvelle proie s’est détournée de toi pour contempler le soldat devant toi. La soirée va sans doute devoir se clore là… zut.

« Tout dépend, lui lançai-je en retour. C’est pour quoi ? »

Le garde s’approche avec flegme. Il ne semble pas plus apprécier que cela l’idée de devoir mettre les pieds ici, mais son regard semble pour autant s’éclairer de la satisfaction de m’avoir enfin trouvé. Franchement, mon chou, si tu veux passer du bon temps avec moi, va falloir attendre ton tour.

Mais il sait ce qu’il veut, le bougre.
« Vous êtes convoqué par l’Ordre. De nombreux points urgents doivent être discutés »

Je ne peux m’empêcher de lever un sourcil. C’est bien la première fois que l’on me la fait, celle-là.
L’Ordre ? En pleine soirée ? Je les pensais plus administratifs que cela.

« Demains aux premières heures, je suppose ? »

Le froncement de sourcils du garde rend caduque sa réponse, on la lit déjà dans son regard.

« Non, dès ce soir. »

Alors celle-là. Le document qu’il te tend est officiel, en plus. Il doit y avoir un problème grave dans les hautes sphères. Et pourquoi on viendrait me chercher moi ? Je ne suis personne pour eux, à peine un pion.

Je ne peux m’empêcher de lancer une grimace. Tss… moi qui espérais me détendre, c’est raté.

« Très bien. J’arrive. Laissez-moi une minute. »

On sort un petit papier de la besace. Au moins cela.
On griffonne ton adresse, puis on va le tendre au joli cœur timide, avec le sourire et le clin d’œil.

« À l’occasion, n’hésitez pas à passer me dire comment s’est conclue cette soirée. Profitez-bien du répit. »

Puis, pour la proie qui t’auras échappé : « Le devoir m’appelle, mais votre beauté m’appelle plus encore. Si l’occasion vous tente de venir vous divertir, vous saurez où me joindre. »

Et voilà.
On file, non sans un dernier regard aguicheur à toutes celles et ceux qui le méritent. On doit rejoindre le soldat, et tenter de plaisanter un peu malgré la fatigue.

« Voilà, je suis désormais tout à vous. Faute de pouvoir tenir ce propos à d’autres dans cette taverne, j’espère au moins que cela vous fera plaisir de passer du temps en ma compagnie. »

Par contre, si celui qui a rédigé ce document, ce…  « Vlad », a fait convoquer tout le monde pour rien, ça va jaser.